Pour Marc Hecker : « Le fait d’habiter pendant quelques années en Israël et de côtoyer des Palestiniens a permis à Michèle Sibony d’effectuer ce qu’elle appelle un « détricotage » idéologique et a déclenché chez elle la volonté de s’engager en faveur de la cause palestinienne. »[7].
« L’antisémitisme, écrit Michèle Sibony, commence toujours par distinguer — exclure — les [J]uifs du corps social en leur conférant des travers ou des vertus particuliers […]. Dans ce modèle d’affrontement, il semblerait que les [J]uifs soient placés — instrumentalisés, avec la participation de certains d’entre eux, mais pas tous, loin de là — en première ligne et servent de bélier, avant de pouvoir servir de bouc émissaire[12]. »
« Cette émotion à deux vitesses devant les actes racistes, la solidarité systématique exprimée à la communauté juive, alors que rien de tel ne se produit devant les attentats racistes visant la population arabe, la présentation du conflit israélo-palestinien qui fait toujours l’impasse sur le rapport de domination d’un État contre un peuple occupé et colonisé, ont fini, associées à la crise sociale qui frappe les quartiers populaires où vivent une grande partie de ces descendants d’indigènes, par développer chez une partie d’entre eux rancœur et révolte. Ce sentiment en a rendu certains réceptifs aux thèses antisémites d’un Dieudonné, puis aux thèses du complot développées par des Soral et pire encore parfois[13]. »
Sur la situation politique française
En 2015, elle s'investit dans la construction d'un « antiracisme politique et décolonial » et intervient pour l’UJFP au meeting contre l’islamophobie du à la bourse du travail de Saint-Denis[14].
En , elle signe avec une vingtaine d'intellectuels une tribune de soutien à la militante des Indigènes de la RépubliqueHouria Bouteldja[15] dans le journal Le Monde, un texte décrit par le journaliste Jack Dion du magazine Marianne comme étant « ahurissant d’allégeance à une dame qui a exposé son racisme au vu et au su de tous »[16]. Michèle Sibony et les autres cosignataires de la tribune y affirmaient que les auteurs d'attaques contre Houria Bouteldja « n'avaient pas lu son livre Les Blancs, les Juifs et nous [éditions La Fabrique, 2016], et s'étaient arrêtés à son titre sans le comprendre ou à quelques extraits cités à contre-emploi[17] ».
↑La participation de Michèle Sibony à l'un de ces voyages en Palestine est raconté par Youssef Boussoumah dans Stéphanie Latte Abdallah, Cédric Parizot, Israelis and Palestinians in the Shadows of the Wall: Spaces of Separation and Occupation, Routledge, mars 2016, p. 208.