La ville est divisée en deux grands quartiers : le quartier d'En-bas, où vivent la majorité des habitants et où se situe la mosquée centrale, et le quartier d'En-haut. Ces quartiers sont eux-mêmes divisés en 36 sous-quartiers[1].
Histoire
La ville de Mbéni est fondée au XVe siècle par le sultan Inyehele (dont le nom signifie littéralement « enfant des vagues »), à la place d'une ancienne forêt. C'est lui qui en édifie la première mosquée, près de laquelle il est enterré. Cette dernière, qui porte son nom, sera détruite en 1986 lors des travaux d'agrandissement de la mosquée centrale[2].
Surnommée « Mbéni minara » (la « ville aux minarets ») par les Grands-Comoriens depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, elle fut longtemps considérée comme l'un des plus importants centres islamiques des Comores[2].
En 1975, des habitants de la ville s'opposent au nouveau régime révolutionnaire et dressent des barricades aux frontières d'Hamahamet. Ali Soilih, alors chargé de la défense du nouveau gouvernement, se rend sur place avec un contingent de militaires le 2 septembre 1975. Une fusillade a alors lieu, faisant 5 morts et plusieurs blessés graves parmi les habitants. Cinq jours plus tard, Ali Soilih, accompagnés de mercenaires étrangers et de soldats comoriens, impose un blocus à la ville, empêchant les habitants de s'approvisionner en nourriture en plein ramadan[3].
Population et société
La population de la ville était estimée à 7 893 habitants en 2013[4].
Les trois premières lignées (Hinya Mnamwando, Mitsongomani et Hinya-Hitse) sont à la tête du pouvoir coutumier (mila na ntsi). Elles possédaient dans le passé plusieurs villages inféodés (itreya) qui fournissaient de la main-d’œuvre, voire des esclaves, au sultan[5].
Le clan Mdambwani est quant à lui composé de théologiens et de lettrés, et a pour cette raison le monopole du sermon du vendredi[5].
Politique
Le droit coutumier est très présent dans la vie sociopolitique de Mbéni. Plusieurs places publiques servent ainsi d'espaces d'expression et de pouvoir[6] :
La place Mgamidji, créée au XVe siècle par lnyehele (sultan et fondateur de la ville). C'est le principal lieu d'assemblée et de pouvoir de la cité. Les hommes s'y retrouvent pour débattre de religion et de politique. Les femmes en sont exclues. Les « enfants de la cité » (wanamdji) peuvent y participer, mais n'ont pas le droit à la parole.
La place Itsaleni est l'endroit où se réunissent les « hommes accomplis » (wandru wadzima). Ils y discutent surtout de politique extérieure. C'est là que les délégations étrangères sont reçues par les « sages » (wazee).
Les places Bwana Hadji et Ivogo sont les lieux de décision des quartiers d'En-haut et d'En-bas respectivement. Seuls les « enfants de la cité » (wanamdji) peuvent y siéger.
La place Banu Israël (« place des enfants d'Israël »), qui date des années 1950-1960, fut créée par les nobles de la ville, en particulier le clan Mitsongomani. Les membres doivent tous êtres nobles (issus des grandes lignées) pour pouvoir y participer. Les affaires quotidiennes de la ville y sont abordées.
Religion
L'islam est la religion dominante à Mbéni, qui est surnommée la « ville aux minarets » (« Mbéni minara »). Elle abrite ainsi 26 mosquées, et plusieurs écoles coraniques qui accueillent des élèves venant de toute la Grande Comore[7].