Marisa Paredes, née le à Madrid et morte le [1] dans la même ville, est une actrice incontournable du cinéma espagnol, muse notamment de Pedro Almodóvar qui a contribué à rendre célèbre dans le monde entier.
Biographie
Jeunesse et formation
María Paredes (de son nom complet María Luisa Paredes Bartolomé) est marquée par son enfance vécue dans la période du franquisme, synonyme de rationnements et de restrictions. Faute d'argent, elle doit arrêter l'école à onze ans pour travailler dans un atelier de couture[2], puis son père l'inscrit dans une école de dactylographie. À 16 ans, elle débute le théâtre, et est engagée pour faire une tournée. Elle dira : « Le théâtre m’a sauvée, c’était la liberté ! »[3]. Enfant, elle avait un jour demandé à sa mère, concierge dans un édifice bourgeois de Madric : « Pourquoi sommes-nous pauvres ? » « Être pauvre, ça s’hérite, ma fille. De la même manière que la richesse s’hérite, la pauvreté aussi. » Des paroles qui resteront « gravées dans [sa] tête »[2].
Carrière
Actrice de théâtre et de cinéma dès les années 1960, Marisa Paredes (son nom de scène) se révèle au grand public dans la fleur de l'âge dans Tras el Cristal d’Agustí Villaronga en 1986[4].
Entre 1983 et 2011 elle tournera six fois pour Pedro Almodóvar, dont elle devient la « réplique féminine »[4] : elle incarne notamment Becky del Páramo dans Talons aiguilles en 1991 (film qui marque un tournant décisif de sa carrière en faisant d'elle une actrice convoitée dans le monde entier[4]), Leo Macías dans La Fleur de mon secret et Huma Rojo dans Tout sur ma mère, trois rôles de femmes à la carrière éblouissante (chanteuse, écrivaine et comédienne) mais qui n'arrivent pas à gérer leurs relations intimes, se montrant capricieuses et parfois dures avec leurs proches, fortes en façade mais échouant dans leurs relations amoureuses.
Très impliquée dans la cause féministe en Espagne, Marisa Paredes s'est aussi engagée dans le mouvement pacifiste. En 2003, elle mobilise tous les artistes contre l'invasion américaine de l'Irak alors qu’elle présidait l’Académie du cinéma espagnol. En 2024, elle participe à un grand rassemblement à Madrid pour exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban[2].
À l’été 2023, elle soutient la liste Sumar pour les élections générales espagnoles[2].
↑Mathieu Macheret et Sandrine Morel, « La mort de Marisa Paredes, égérie du cinéma indépendant espagnol », Le Monde, no 24872, , p. 23 (lire en ligne)
Lionel Souquet, « La performance deleuzienne dans Tacones lejanos (1992) de Pedro Almodóvar », Mónica Zapata et Sophie Large (éd.), Lectures du genre nº 15 : Performance et liberté - Babies, pets and poodles, 2021, pp. 47-85, https://lecturesdugenrefr.files.wordpress.com/2021/12/souquet-almodovar.pdf
Presse
« Hommage. Mort de Marisa Paredes : “la voix la plus grave et la plus pure” du cinéma espagnol s’éteint », Courrier international, (lire en ligne, consulté le ).