Marin Alsop

Marin Alsop
Marin Alsop (à droite).
Fonctions
Chef d'orchestre en chef (d)
Ravinia Festival (en)
depuis
Chef d'orchestre en chef (d)
Orchestre symphonique de la radio de Vienne
depuis le
Directrice musicale
Orchestre symphonique de l'État de São Paulo
-
Chef d'orchestre en chef (d)
Orchestre symphonique de l'État de São Paulo
-
Directrice musicale
Orchestre symphonique de Baltimore
-
Chef d'orchestre en chef (d)
Orchestre symphonique de Bournemouth
-
Cheffe d'orchestre
Orchestre symphonique de Saint Louis
-
Directrice musicale
Orchestre symphonique du Colorado
-
Directrice musicale
Cabrillo Festival of Contemporary Music (en)
-
Directrice musicale
Eugene Symphony (en)
-
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
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Leonard Bernstein, Gustav Meier (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions

Marin Alsop, née le à Manhattan, est une cheffe d'orchestre américaine.

Née à Manhattan à New York, elle étudie à l'université Yale puis à la Juilliard School. Elle étudie ensuite auprès de Leonard Bernstein, Seiji Ozawa et Gustav Meier. Elle succède à Philippe Entremont à la direction musicale de l'Orchestre symphonique du Colorado de 1993 à 2005. De 2002 à 2008, elle dirige l'orchestre symphonique de Bournemouth, et de 2007 à 2021 l'Orchestre symphonique de Baltimore, succédant à Iouri Temirkanov. À partir de septembre 2019, elle prend ses fonctions, pour une période reconductible de trois ans, à la tête de l'orchestre symphonique de la radio de Vienne, devenant la première directrice musicale à occuper ce poste depuis sa création en 1945.

Elle est désignée artiste de l'année 2003 par le magazine musical Gramophone et reçoit le prix de chef d'orchestre de la Royal Philharmonic Society au cours de la même saison. Le , elle devient le premier chef d'orchestre à recevoir le Prix MacArthur.

Son répertoire s'étend de Brahms à Tōru Takemitsu, Philip Glass et John Adams, en passant par Tchaïkovski, Béla Bartók, Samuel Barber ou Leonard Bernstein.

Biographie

Enfance et adolescence

Des découvertes et des éveils jalonnent l'enfance et d’adolescence de la future cheffe. Elle dit « être née dans le métier »[réf. nécessaire] : ses parents musiciens – père anciennement premier violon de l’orchestre du New York City Ballet, mère violoncelliste dans le même ensemble – ne pouvaient pas imaginer une autre vie pour leur fille. Elle raconte une sorte de blague : « Un jour ils étaient à table pour le petit déjeuner, et ils se sont dits — nous devrions former un trio. Faisons un pianiste ![1],[2] »

À deux ans, elle commence l’étude du piano mais déclare que « ce n’était pas [s]on instrument » ; à l’âge de cinq ans ses parents lui permettent de l’abandonner[1] et lui donnent alors un violon. Elle est d’abord assez récalcitrante, puis ses parents lui promettent de l’envoyer en colonie de vacances si elle s’entraine sérieusement.

La famille Alsop vit alors dans un sous-sol au 71e rue de Manhattan et l’idée d’aller voir un peu de verdure encourage la jeune Marin. Elle a la surprise de découvrir qu’il s’agit d’une colonie de vacances... musicale, où elle s’entrainera chaque jour au violon. « Mais j’y ai pris goût, et j’ai commencé à m’entrainer pour de bon » dit-elle. À part un petit peu de guitare à une autre période, elle ne quittera plus le violon[1].

À sept ans, elle est reçue dans le programme « pre-college » de la Juilliard School of Music, où elle jouera dans le même orchestre de jeunes que Yo-Yo Ma. À neuf ans, elle est convoquée chez le directeur des études qui la réprimande pour vouloir « diriger l’orchestre depuis le fond des deuxièmes violons. »[réf. nécessaire] Ceci parce qu’elle bouge, sourit, s’amuse en jouant.

La suite de son histoire varie selon les entretiens et les articles. Il est sûr que peu de temps après son père l’amène voir un concert dirigé par Léonard Bernstein, un de ses fameux « Young People’s Concerts » dans lesquels le chef explique une œuvre aux jeunes auditeurs. Elle remarque que cet homme bouge, sourit et s’amuse lui aussi sans que personne n'y trouve à redire. Elle note aussi la force de sa personnalité : « Lorsqu’il se tournait vers nous pour parler de l’œuvre, je croyais qu’il me parlait directement. » Au cours de ce même concert, elle dit à son père : « C’est ça que je veux faire[3] ! »

Encore une fois, les versions de la biographie varient mais, lorsque la petite Marin annonce à son professeur de violon qu’elle veut devenir cheffe d’orchestre, celui-ci répond : « Impossible, tu es une fille. » Soit pour répondre à ce commentaire décourageant, soit simplement pour répondre à l’envie de sa fille, Lamar Alsop pose devant elle un matin une boîte en bois. Marin l’ouvre et trouve dedans un jeu de baguettes faites à la main par ce père doué autant en menuiserie qu’en musique. Elle possède toujours cette boîte. De plus, après une courte période pendant laquelle elle s’est fournie en baguettes chez un professionnel, elle utilise toujours celles faites par son père[2],[4].

Elle a bientôt l’occasion d’utiliser à nouveau à la fois ses dons en menuiserie et pour la musique dans la résidence secondaire achetée dans la partie rurale de l’État de New York. Elle se souvient qu’ils vivent là avec une petite cuisine et une seule salle de bains mais aussi avec une salle de concert capable de recevoir 300 spectateurs et dans laquelle les Alsop et leurs amis donnent régulièrement des concerts : « C’était la meilleure formation en musique que j’aurais pu avoir [2]. »

L’événement qui a appris à Marin Alsop le vrai pouvoir expressif de la musique est raconté selon différentes versions mais l'élément déclencheur est toujours le même, le sextette en si bémol de Johannes Brahms. Elle a 11, 12 ou 14 ans lors de cette découverte[5],[6] ; elle acquiert aussitôt l’enregistrement qu’elle dit avoir écouté jusqu’à l’user : « on voyait pratiquement à travers »[7].

Elle raconte qu’elle se sentait seule alors qu'elle ne voulait pas être différente des autres enfants et que le fait d’être violoniste lui donnait le sentiment d’être à part. Marin Alsop reste toujours discrète sur sa vie privée (elle n'en parle lors d'interviews que depuis qu’elle a un fils) mais elle fait parfois des gestes discrets de soutien à la communauté homosexuelle[8].

1972-1979 : Yale, Juillard

En 1971, elle prend son premier « job » : violoniste de rue, devant la cathédrale de New York[9]!

À 15 ans, elle entame ses études supérieures à Yale, mais sans déclarer une discipline. Elle penche pour les mathématiques. C’est à cette époque qu'elle aborde son premier morceau contemporain : les Contrasts de Bartok pour clarinette, violon et piano. Il ne lui plaît pas : « oh, je ne tolère pas cette musique contemporaine ! ».

À l’âge de 17 ans, pour gagner de l’argent, elle commence à jouer dans des ensembles menés par des compositeurs : Philip Glass et Steve Reich. C’est ainsi que se développe son goût pour le contemporain qui la mène à fonder un orchestre consacré au nouveau répertoire et à soutenir différents compositeurs vivants tout le long de sa carrière[10],[11],[3],[12],[13].

En 1976, elle commence à diriger, en invitant des amis chez elle pour de la pizza, de la bière ... et quelques partitions.

Elle retourne à New York pour continuer ses études au Juilliard School, d’où elle sort avec une licence (1977) et une maîtrise (1978) en violon. Mais sans aucune vraie formation en direction d’orchestre. Elle essaiera plusieurs fois d’entrer dans le programme de direction de Juilliard, en vain. Tout ce qu’elle peut faire c’est de prendre des leçons privées avec Carl Bamberger) (1979). Entretemps, elle travaille où elle peut comme violoniste, y compris dans l’orchestre de ses parents, dans le New York Philharmonic, New York Chamber Symphony, American Composers Orchestra et, semble-t-il, comme premier violon de l'American Symphony. Elle joue aussi dans des comédies musicales, des musiques de pub et des bandes de films[14],[15],[16],[17].

1981 : String Fever

À une certaine époque, découragée peut-être par l’impossibilité d’avancer dans sa carrière de chef, Marin décide de se convertir en violoniste rock. Elle avoue pourtant ne rien avoir su sur le style rock pour le violon[18]. De même sur le jazz, ce qui ne l’empêche de fonder un ensemble de 14 joueuses de cordes (et une percussionniste) pour jouer des partitions de jazz. Le compositeur qui compose pour elles leur premier morceau se plie de rire lorsqu’il l’entend : « on jouait comme si c’était du Mozart ». Elles œuvrent ensuite pour acquérir un style plus approprié et avec l’aide de différents compositeurs elles développent un répertoire et une réputation. L’ensemble joue sur des disques de Billy Joel. Malheureusement, elle a toujours du mal à garder des musiciennes dans l’ensemble et finit par renoncer. Le dernier compte-rendu du New York Times est daté du [19],[20],[15],[21].

1984 : Concordia

Après avoir fait 10 000 $ d’économies et trouvé un mécène, Monsieur Taki, elle s'impatiente de commencer à diriger, fonde l’orchestre Concordia, qui compte 35 musiciens au début. Il se présente comme un orchestre qui mélange la musique classique et le jazz.

Le premier compte-rendu d’un concert qu’elle dirige est publié en 1985. Elle en résume le contenu ainsi : « On devrait croire que c’est une personne de talent, mais on ne le croit pas. » Elle dit avoir passé deux jours au lit ensuite[5],[22].

Pendant les années 1980 l’ensemble reçoit des critiques diverses, allant de la déception à l’approbation. Il montre aussi déjà les prédilections de Marin, pour lesquelles elle se fait vite féliciter : combinaison d’œuvres classiques et contemporaines, accent sur la musique américaine, concerts d’œuvres oubliées ou inconnues, solistes ou collaborations insolites, présentation de partitions de film (et même de dessin animé !), encouragement de nouveaux compositeurs (et même un concours de composition en 1993). De plus, cette expérience lui apprend aussi à chercher des financements, à vendre son ensemble, à établir et traiter avec un conseil d’administration, même à mettre le bon prix aux places[23],[24],[25],[26],[27],[28],[29],[11].

L’orchestre comptera 50 musiciens en 1990. Malgré sa grande affection pour cet ensemble – « je veux rester toujours en contact avec un groupe qui m’a enrichie » – elle le quitte au tournant du siècle ; il n’y survit pas. Le dernier compte-rendu apparaît dans le New York Times en [30],[31],[32],[33].

En même temps elle étudie la direction d’orchestre avec Harold Farberman (1985).

1987 : audition ratée

Pendant ce temps, elle cesse d’essayer d’entrer dans le programme de direction d’orchestre de Juillard et vise un autre programme, celui de l’école d’été du Boston Symphony Orchestra, connu mondialement sous le nom de Tanglewood, d’après le lieu où se trouve l’école. Elle a l’occasion d’auditionner pour le directeur du programme, son idole Bernstein, pendant que celui-ci travaille avec l’orchestre de Juillard en Schleswig-Holstein. Elle parle peu de cette audition car elle n’a pas été acceptée : « Il est arrivé en retard et de très mauvaise humeur. » Mais la présence en Allemagne de Bernstein et de l’orchestre suscite l’intérêt des médias qui tournent une émission de télévision. On voit dans cette émission un moment de cette audition, disponible actuellement sur le site du Baltimore Symphony Orchestra. Il est clair, en le regardant, qu'elle ne rate pas son audition : c’est Bernstein qui la rate. Il ne regarde pas la jeune chef, et il l’interrompt au tout début de son morceau d’audition, la deuxième symphonie de Beethoven, pour lui en dicter l’interprétation : « Pourquoi est-ce que vous laissez un silence après ce point d’orgue ? » On le voit même diriger derrière elle. Il est évident que Bernstein, imbu de lui-même, joue pour la caméra et ignore tout autre élément de la situation. Y compris les capacités de cette jeune chef [Interprétation personnelle ?][34],[35],[36].

1988-1989 : Tanglewood, Stokowski, postes

Bernstein accueille Marin à Tanglewood en été 1988, à sa cinquième tentative. Elle reçoit le Leonard Bernstein Fellowship, poste prestigieux à Tanglewood et une honorifique qu’elle recevra à nouveau pour l’été 1989, ainsi que le prix Koussevitsky (décerné pour la première fois depuis dix ans). Elle a peur d’avoir une crise cardiaque avant d’y arriver, tant elle est excitée, et perd le sommeil en y pensant. Une fois là, elle essaie de passer autant de temps que possible avec Bernstein, jusqu’à l’écouter chantonner des chansons des Beatles pendant toute une nuit[34],[37],[38],[11].

Elle a aussi la grande chance de diriger une œuvre entière pendant cette saison d’été. C’est la 3e symphonie de Roy Harris, et elle croit encore une fois qu’elle va avoir une crise cardiaque en découvrant qu’elle partage le programme avec Bernstein. Mais c’est elle qui devient « la vedette de la saison » avec ce concert[34],[5],[39],[3].

N’empêche que les rapports avec ce grand maître ne sont pas toujours faciles. Un jour il lui dit à propos de son travail de chef : « Je ne comprends pas. Lorsque je ferme les yeux, j’oublie que vous êtes une femme. » Elle dit avoir répondu : « Eh bien, si ça vous rend plus à l’aise, pourquoi ne pas garder les yeux fermés ? ». Elle avoue que Bernstein « était à la fois en avance sur son temps et avec son temps ; il n’était pas à l’aise avec l’idée d’une femme devant un orchestre. »[40],[4]

Entretemps, d’autres occasions pour se faire valoir se présentent. En 1988 elle devient chef assistante au Richmond Symphony. Au , elle participe au prestigieux concours Stokowski soutenu par l’American Symphony Orchestra. Elle est finaliste mais ne décroche pas le prix. Pourtant, le critique du New York Times trouve sa direction supérieure, déclarant que : « les premières mesures de sa symphonie Pathétique étaient celles de la soirée qui ont le plus fait pour nous faire oublier pendant un moment qu’il s’agissait d’un concours: là, il y avait de la musique. » Les musiciens, dans leur sondage, la préfèrent aussi au gagnant. Elle sera membre du jury pour ce concours en 1994[41],[42].

En , elle débute avec le New World Symphony à Miami, et en juin elle dirige l’orchestre du New York City Ballet dans le concerto pour violon de Samuel Barber, avec son père comme soliste (et sur la chorégraphie de Peter Martins)[43],[44].

En , le Long Island Philharmonic annonce sa nomination comme directrice musicale de l’orchestre à partir de la saison 1990-1991. Elle renouvelle le contrat pour deux années en 1992. C’est vraisemblablement avec cet orchestre qu’elle commence à parler au public au début du concert à propos des œuvres du programme[37],[45].

1990-1999 : activité débordante

Pendant cette période, elle « passe de quatre concerts par an à peu près cinquante », et doit gérer ces orchestres et les voyages[45].

Entre et , elle accepte la direction du Eugene Symphony Orchestra dans l’Oregon, tout en gardant Long Island, Concordia, et Richmond. Une carrière très vite très chargée[46] !

Le , elle dirige la première fois son premier grand orchestre : le New York Philharmonic, à un festival d’été à la ville de Valhalla. À la même époque, elle aurait dirigé aussi le National Symphony, le Los Angeles Philharmonic et le Philadelphia Orchestra, et elle sera la première femme à diriger le Boston Symphony Orchestra[47],[48],[15],[49].

Malgré une activité débordante, elle trouve le temps de développer ce qui deviendra ensuite une autre mission : l’éducation.

En décembre, elle visite une école primaire qui ne peut plus se payer un professeur de musique pour jouer et diriger d’autres musiciens et les élèves. Il s’agit d’un programme mensuel. Elle fait cette activité dans le cadre de son travail avec Concordia mais l’étend aussi au Long Island Philharmonic[15],[50].

En , elle enregistre son premier CD, avec Concordia. Ensuite, elle démarre comme directrice musicale du festival d’été de Santa Cruz, le Cabrillo Festival of Contemporary Music, en été 1992. Ce festival gagne chaque année des récompenses pour ses programmes innovateurs[51].

Finalement, c’est le Colorado Symphony que Marin entreprend de diriger.Elle devient en même temps sa première directrice musicale. L’annonce est faite en et elle démarre en septembre. En cette même année, elle dirige son premier concert en Europe, au festival de Schleswig-Holstein[52],[53].

Ainsi, lorsqu’elle écrit un essai pour l’association national des chefs d’orchestre, faisant alors partie de leur livret sur le processus de sélection des directeurs musicaux d’orchestre, une liste impressionnante de titres suit son nom[54].

Différentes difficultés se présentent pendant cette époque. Elle refuse d’utiliser un système d’amplification mis en place à la salle où le Eugene Symphony se présente[55]. En 1992-1993, des négociations difficiles avec les musiciens du Long Island Symphony, principalement sur leur droit de participer au choix de nouveaux membres de l’orchestre, la pousse à menacer de démissionner. Elle dirige sa dernière saison de concerts avec cet ensemble en 1994-1995 et ses derniers concerts en [56],[57],[58],[59].

Mais des moments d’apothéose arrivent aussi. C’est en 1993 qu'elle réalise une idée sur laquelle elle travaille depuis quelque temps, monter une version gospel du Messie de Haendel. Too Hot to Handel voit sa création mondiale à New York et devient un concert incontournable à la saison de Noël, donné à Denver, à New York et à Baltimore[49].

Et en 1994, l'Orchestre symphonique de Saint-Louis la nomme au poste de chef créatif[60].

Pendant la deuxième moitié de la décennie, elle dirige souvent le Atlanta Symphony pendant que celui-ci cherche un directeur. En 1995, elle dirige le National Orchestral Institute Philharmonic à College Park et le St. Louis Symphony à Saint-Louis[61],[62].

En 1998, elle dirige le City of London Symphony à Bruxelles, le Hollywood Bowl Symphony à Los Angeles, le Philadelphia Orchestra à Philadelphie, le Texas Festival Orchestra, l’orchestre du ballet de Hambourg à New York[63],[64],[65].

En 1999, elle commence à se faire une réputation en Europe[66]. Elle dirige l’Orchestra of the Age of Enlightenment à Londres, ainsi que des concerts du New York Philharmonic pour le centenaire d’Aaron Copland à New York (c’est la première fois qu’elle dirige cet orchestre pendant la saison régulière)[67],[68],[69],[70],[32].

2000-2010 : apothéose

Au tournant du siècle, sa carrière s’ouvre sur le plan international[71].

En 2000, elle est nommée chef invitée principale au City of London Sinfonia et Royal Scottish National Orchestra, deux postes qu’elle occupe jusqu’en 2003[72].

En 2001, elle dirige le Vlaams Radio Orchestra à Bruxelles, le National Symphony à Washington (un programme sur « la femme dans la salle de concert »), le London Symphony Orchestra à Daytona Beach, le Minnesota Orchestra à Minneapolis. Elle retourne à Eugene pour présenter un de ses concerts au thème féminin[73],[74],[21],[75].

Elle quitte le Colorado Symphony mais continue de lui donner six semaines par saison en 2002-2003 et 2003-2004. Elle termine son mandat de directrice officiellement en [12],[76].

En , elle fait son premier concert au festival Ravinia, présenté par le Chicago Symphony Orchestra[4],[77] et en septembre, après avoir dirigé quelques concerts en tant que chef invitée, elle est invitée à commencer son séjour dans le sud-ouest de l'Angleterre à la tête de l’orchestre « qui voyage le plus de tous les orchestres » (dans sa région), le Bournemouth Symphony Orchestra. C’est cet orchestre qui fait d’elle une vedette. Elle passe six ans à le diriger ; dès le deuxième concert elle reçoit les éloges des critiques et « elle a les musiciens dans sa poche »». Déjà aux Proms [Quoi ?] de 2003, le critique remarque l’ensemble « alerte et plein de répondant ». Elle continue aussi à innover. Elle crée un festival basé sur la musique de Bartok et enregistre plusieurs de ses œuvres avec cet orchestre. Lorsqu’elle quitte l’ensemble en 2008 le critique du Telegraph parle de l’ épine dorsale qu’elle lui aura donnée. Pendant ce séjour elle dirige aussi l’Orchestra of Birmingham City[12],[78],[60],[79],[80],[81].

En 2003, elle retourne encore une fois à Eugene, dirige le City of London Sinfonia à Londres, le Minnesota Orchestra à Minneapolis, amène son orchestre de Bournemouth aux fameux « Proms » de Londres. Elle reçoit la récompense « Artiste de l’année » de la revue Gramophone et aussi la récompense de meilleur chef d’orchestre de la Royal Philharmonic Society. Cette dernière loue « la discipline impressionnante, l’humanité, la sensibilité qui lui permettent de communiquer des idées fraîches et stimulantes avec conviction ». Elle participe au jury de Masterprize, un concours international de composition[82],[83].

Son fils Auden, naît en septembre, porté par sa partenaire. Cette grande aventure la surprend : « on se dit que, une fois que l’enfant naît, les choses peuvent revenir au normal. C’est là que l’on découvre que rien ne sera plus normal ». Désormais des réflexions sur la vie de famille et sur le développement de son fils entrent dans ces entretiens, jusqu’alors concentrés uniquement sur sa vie professionnelle[84],[85],[86],[87],[88],[83],[89].

En 2004, elle dirige d’une main de maître une version concert de Candide de Bernstein, et la production reçoit des nominations aux Tony (récompenses pour le théâtre américain). C’est le New York Philharmonic qu’elle dirige. Elle dirige aussi le National Youth Orchestra à Birmingham, le London Symphony Orchestra à Londres, et aussi les orchestres d’Atlanta, Los Angeles, Cincinnati, Minneapolis, St. Louis[90],[91],[92],[93].

2005 : un grand tournant

En quête d’un nouvel orchestre américain, elle décroche le poste de directrice musicale du Baltimore Symphony Orchestra. Lorsque l’annonce est faite aux musiciens, ils réagissent par un silence total ! Le lendemain, l’information apparaît dans les journaux : les musiciens auraient voté contre elle à 90 % ! Elle hésite à accepter le poste : « je n’ai pas besoin de cette sorte de problème. » Mais en réfléchissant elle se ravise : « qu’est-ce qui arrivera la prochaine fois qu’un orchestre offre un poste à une femme ? Quel message à envoyer : les choses deviennent difficiles et je me sauve. » Elle décide plutôt de parler directement aux musiciens. Elle arrive devant l’orchestre sans avertissement, parle franchement de leurs problèmes et des solutions qu’elle compte apporter et leur offre un temps de réflexion. Elle n’a même pas le temps de quitter la salle ; les musiciens la rappellent tout de suite[94],[2],[14].

Les détails de cet incident sont toujours brouillés dans l’esprit de beaucoup de mélomanes. Ce fameux vote de 90 %, c’était contre, non pas Marin, mais le conseil d’administration qui ne communiquait pas assez avec les musiciens. Elle s’est trouvée piégée au milieu d’un conflit de longue date entre les musiciens et la gestion. C’était un membre du conseil qui « arrangeait à sa sauce » le scrutin, préférant l’attribuer à Marin plutôt qu’au conseil. Même aujourd’hui on peut lire dans les commentaires en ligne une réflexion sur « cette chef qui ne doit pas valoir grand-chose puisque 90 % de l’orchestre avait voté contre elle ». Et ceci malgré une conférence de presse qui a tenté de rectifier cette mauvaise impression, tenue le [95],[96],[97].

Comme pour compenser ce moment de conflit, elle est nommée artiste de l’année pour les Classical BRIT Awards et reçoit une bourse MacArthur (500 000 $), une récompense qui permet à des artistes et des scientifiques de poursuivre des projets ambitieux. Elle utilise la sienne pour fonder une bourse d’études en direction d’orchestre pour de jeunes femmes, le Taki Concordia Fellowship avec laquelle elle forme d’éclatantes jeunes chefs[98].

En 2006, elle débute avec les orchestres du Tonhalle et du Concertgebouw, ainsi qu’avec le National Opera à Washington. Elle participe au sommet économique de Davos et inaugure des discussions sur la musique, Marin on Music à la radio nationale publique américaine.

Marin devient en cette année la première femme nommée à un orchestre américain majeur : il y a aux États-Unis 17 orchestres qui composent le premier échelon (établi par des éléments tels que le budget et la longueur de la saison). Le BSO en fait partie.

« Commençant ce mariage par un divorce », elle se met tout de suite, et elle continue encore, de bien mener l’orchestre – autant pour le budget (sorti de son déficit dès 2008) que pour la cohésion et le son – et d’innover et trouver des programmes stimulants et enrichissants. De nombreuses œuvres voient leur création pendant la saison. L’orchestre enregistre à nouveau, notamment les dernières symphonies de Dvořák et un CD dynamique de Gershwin utilisant des harmonisations moins connues et avec le concours de Jean-Yves Thibaudet. Dès 2008 elle inaugure, en utilisant les dernières sommes de sa bourse MacArthur, « Orchkids », un programme pour initier les enfants de Baltimore à la musique classique et aux instruments. Aujourd’hui 60 000 jeunes s’entraînent après l’école grâce à ce programme[14],[99].

En 2007, elle reçoit aussi la récompense European Woman of Achievement.

Depuis 2007

En 2008, elle reçoit la récompense Theodore Thomas de l’Association Américain des Chefs d’Orchestre et elle est nommée à l’Académie des Arts et Sciences. Et enfin, elle débute en tant que chef d’orchestre au prestigieux Carnegie Hall à New York, à la tête de son Baltimore Symphony, devenu un groupe de grands amis[100],[101].

En 2010, sa partenaire de vingt ans, corniste Kristin Jurkscheit et leur fils Auden déménagent au Maryland pour souder davantage la famille. Ceci montre également l’engagement que Marin ressent envers l’orchestre et la communauté de Baltimore, auprès desquels elle travaillera jusqu’en 2015, au moins. Un engagement qui chevauchera bientôt avec son poste de chef principal de l’Orchestre symphonique de São Paulo, au Brésil (à partir de 2012). Elle est nommée aussi artiste en résidence à Southbank, la demeure du London Philharmonic pendant la saison 2011-2012. Elle fêtera avec grande joie son vingtième festival de Cabrillo en , et le cinquantième festival en 2012[102],[103].

En , et en , elle dirige l'Orchestre national de Belgique pour les six soirées de la finale du Concours musical international Reine-Élisabeth-de-Belgique.

À partir de septembre 2019, elle prend ses fonctions, pour une période reconductible de trois ans, à la tête de l'orchestre symphonique de la radio de Vienne, devenant la première directrice musicale à occuper ce poste depuis sa création en 1945[104].

En 2023, elle est nommée directrice artistique et cheffe de l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise à compter de la saison 2023-2024, pour une durée de trois ans[105].

Vie privée

Marin Alsop est en couple avec la corniste Kristin Jurkscheit[106].

Activités

  • Orchkids : projet pour former les élèves des écoles primaires à la musique instrumentale après la journée d’école. 60 000 élèves y participent, et le programme reçoit des félicitations au niveau national[107]. Elle a elle-même donné 100 000 $ pour l’établissement du programme Orchkids et 50 000 $, deux années de suite, pour aider son orchestre à survivre à la crise économique.
  • Académie et répétitions pour musiciens « rouillés ».
  • Solistes insolites : Shodekeh, percussionniste vocal ; Savion Glover, danseur à claquettes ; Trey Anastasio, chanteur et guitariste du groupe Phish.
  • Causeries avant ou après les concerts ; série de concerts-leçons, Off the Cuff.
  • Projets innovants : « LIFE », concert multimédia, partition de Philip Glass, images de Frans Lanting ; Icarus at the Edge of Time, concert multimédia, partition de Philip Glass, récit de Brian Greene, film de Al + Al ; chaque été un festival de musique systématiquement récompensé pour ses programmes, Cabrillo Festival of Contemporary Music à Santa Cruz, en Californie.
  • Jeunes talents : artistes tels que Colin Curry, Lukas Vondraček et Sergio Tiempo ; concours Reine Elisabeth à Bruxelles où elle a travaillé avec 12 jeunes pianistes, dirigeant l’Orchestre national de Belgique pour la finale en .
  • Mentor : son propre programme de formation de chefs d’orchestre, « Taki Concordia Fellowship ».
Lauréates : Mei-Ann Chen, directrice musicale du Memphis Symphony ; Jeri Lynne Johnson, directrice musicale du Black Pearl Chamber Orchestra de Philadelphie ; Laura Jackson, directrice musicale du Reno Philharmonic ; Carolyn Kuan, future directice musicale du Hartford Symphony (CT).

Caractéristiques

Alsop n'est pas une cheffe d'opéra. On notera malgré cela la direction de Nixon in China de John Adams et de Sophie’s Choice de Nicholas Maw, même si elle dirige en général peu de productions d’opéra et, le plus souvent, en version de concert (Mass de Bernstein à Baltimore, et à Londres,  ; La Flûte enchantée à Baltimore en ).

Notes et références

  1. a b et c Entretien télévisé avec Charlie Rose, 15 janvier 2008.
  2. a b c et d Entretien pour la télévision hollandais sur l’émission De Artistenfoyer, avril 2010.
  3. a b et c Webumentary André Watts Plays Brahms.
  4. a b et c « Conductor Marin Alsop is happiest when she isn’t noticed », Chicago Tribune, 9 juillet 2002.
  5. a b et c « Portrait of the Artist », The Guardian 14 juin 2010.
  6. « First Loves: Conductor Marin Alsop - Bowled Over By Brahms », National Public Radio, septembre 2010.
  7. Webumentary, « Tchaikovsky’s Fifth ».
  8. « The Games Begin ; Things to Do With a Gay Flavor », The New York Times, 17 juin 1994.
  9. «Charlie Rose Greenroom with Marin Alsop », http://www.charlierose.com/view/clip/10302
  10. « Classical Archives Interviews Marin Alsop », 20 août 2009
  11. a b et c « Female conductor presses against music’s glass ceiling », Dallas Morning News 25 février 2005
  12. a b et c « jewishcolorado.org » 2003
  13. « Entretien, « weekend Edition Saturday », National Public Radio, 14 septembre 2007
  14. a b et c « The X factor : Marin Alsop », Independent News 10 juillet 2006
  15. a b c et d « About New York ; Still Learning From the Music And the Master », New York Times 19 décembre 1990
  16. « An adagio for strings, and for the ages », New York Times 7 mars 2010
  17. « Cabrillo Festival’s MarinAlsop », Mercury News 6 août 2009
  18. Discussion avec le public, Litchfield (R-U), juillet 2008.
  19. « Jazz: String Fever Plays », New York Times 7 mai 1982
  20. « New York by Day: There’s More Than One String to a Fiddle », New York Times 24 août 1983
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Voir aussi

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