Dès son adolescence, Marc Questin se lance en littérature. À ses seize ans, en 1969, il autoédite une première plaquette : À William. Elle est suivie, l'année suivante, d'une seconde intitulée William's Cocktail, précédé de : inéditionnellement, œuvres oubliées volontairement ou non. En 1974, à vingt-et-un ans, il publie encore deux plaquettes : L'Ange noir en arc-en-ciel et Les Kalices de Bali. Manifeste tantrique[2]. Cette dernière est préfacée par le journaliste Alain Pacadis et compte, selon Jacques Coly, « parmi les classiques de la contre-culture hexagonale »[3]. La notice biographique y précise que Marc Questin préparait alors « une Thèse Nouvelle sur l'Archéologie et une Étude sur DALI : "Raison Pure/Révolte Dure" (Pierre Blanche de l'Artisanat) ».
En 1978, il participe, aux côtés notamment de Michel Bulteau, au tout premier numéro de la revue Bunker, fondée par José Galdo[4]. Il collabore par la suite au second titre du collectif, Blockhaus, et édite plusieurs nouvelles plaquettes sous son égide : Armageddon (1979), Hiéroglyphiques Incantations (1980), La Traversée du labyrinthe (1980), Norvegicus Polaroïd (1981) et La Nuit des nymphes (Passage au noir) (1982)[5]. Robert Sabatier, se penchant sur ces textes dans le cadre de son Histoire de la poésie française, note le goût de Questin pour l'inventaire, le narratif et l'immaturité, qu'il associe à celle de Witold Gombrowicz[6]. À la même époque, Questin contribue également à la revue Sphinx, sous-titrée « Cahiers trimestriels d'alternatives artistiques & culturelles ».
En 1979, il collabore avec le peintre cubain Ramón Alejandro pour un ouvrage intitulé L'Astre des nerfs, qui paraît au Castor astral. Deux ans plus tard, toujours au Castor astral (en coédition avec L'Atelier de l'Agneau), il participe à l'Anthologie 80, dirigée par Jean-Louis Roux et sous-titrée « Bilan et perspectives de la poésie franco-belge-québécoise : auteurs nés après 1930 ». Par la suite, il contribue encore à deux anthologies d'importance : L'Aventure en poésie dirigée par Jean-Pierre Begot (Gallimard, 1984) et l' Anthologie de la poésie mystique contemporaine dirigée Jean-Luc Maxence (Presses de la Renaissance, 1999). Entre 1981 et 1984, Questin collabore à trois des huit numéros de la revue Foldaan, animée par le poète Jacques Josse[7].
En 1997, Marc Questin cosigne, avec Charles Dreyfus, Henri-Jean Enu, Florence Roqueplo et Xavier de la Salle, la Résolution constitutive de la 11e internationale surmoderniste, texte manifeste publié dans la revue Inter : art actuel. Le collectif y dénonce la domination culturelle de l'Occident, présentée comme une « prédation » menant à l'absence d'invention artistique, remplacée par la « répétition de reproductions formelles venues d'ailleurs ». Au terme de sa tribune, il exprime le souhait d'une « dégénérescence accélérée de l'Occident » qu'il estime par ailleurs « indispensable à la naissance de la Culture »[8]. Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, Questin pratique la peinture (notamment la gouache) selon une démarche conforme aux principes surmodernistes[9].
À partir des années 1990, il change son prénom en Marc-Louis. Il signe sous ce nom ses quatre recueils de poésie : Le Renard de corail (préfacé par l'écrivain Michel Camus et édité par Jean-Luc Maxence aux éditions Le Nouvel Athanor, en 1999), La Vision d'Osiris (préfacé par Thomas Roussot et édité chez Publibook, en 2007), Les Diamants d'Aphrodite (préfacé par le poète Jean Hautepierre, illustré par Jean-Louis Ricaud et publié chez l'éditrice Rafael de Surtis, en 2008) et Le Crépuscule des Otaries (également préfacé par Jean Hautepierre, illustré par Prisca Poiraudeau et paru en 2015 aux éditions Unicité). En 2012, il publie également aux éditions Unicité un premier recueil de nouvelles baroques et décadentes, préfacé par Pierre Brulhet.
Après avoir publié de nombreux recueils aux éditions Unicité, il décide de s'éditer via sa propre structure, les éditions Éleusis : Le Miroir d'Obsidienne y parait en , avec une préface de Fabienne Leloup et une postface d'Oriane Plateau.
Parallèlement à cette activité littéraire, il est aussi l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages consacrés aux arts occultes et à la spiritualité, publiés notamment aux éditions Trajectoire. Il en signe plusieurs en qualité de pratiquant, notamment du néodruidisme dont il fut un officiant[10]. Il intervient également en tant que spécialiste dans un documentaire consacré à la magie du Chaos[11].
Outre des éditions Éleusis, Marc-Louis Questin est le directeur de la revue gothique et fantastique La Salamandre. Journaliste, il notamment contribué aux revues Nouvelles Clés, Contrelittérature, Oxygène, Murmures d'Hirem[12], Le Monde inconnu, L'Autre Monde, Dragons & Microchips[13], Chemin de Traverse et Diableries[14]. Il est également peintre et comédien[15], de même que l'animateur du Cercle Dionysos (1997-2000) et du Cénacle du Cygne.
La Citadelle des vierges noires, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2012 ;
Le Crépuscule des Otaries, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2015.
Chevauchant le vide, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2018 ;
La Constellation du Cygne, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2020 ;
La Mandragore d'Héliopolis, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2022 ;
La Nostalgie des libellules, RAZ éditions, 2023 ;
La Fulgurance des équinoxes, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2024.
Ouvrages collectifs
Jean-Louis Roux (dir.), Anthologie 80 : bilan et perspectives de la poésie franco-belge-québécoise : auteurs nés après 1930, Paris-Herstal, coéd. Castor astral-L'Atelier de l'Agneau, 1981 ;
« L'Écriture amoureuse », postface à Florence Charrier, Dévore-moi jusqu'à l'orage, Saint-Chéron, éd. Unicité, 2024 (ISBN978-2-38638-056-3).
Carrière de comédien
Marc-Louis Questin a joué dans plusieurs courts-métrages indépendants. Il a notamment incarné le Marquis de Sade dans le film Le Retour de Sade de Manon des Gryeux[16]. Questin a aussi tourné sous la direction de Nikko Dogz (dans Blackwood Hotel), Patrice Galmard (dans X37a5 et Anna), Thomas Jirsa (dans L'Écrivain et Shade of the Trigger) et Athalia Altmann (dans Great Filthy Snuff Apocalypse)[17]. En 2017, il apparaît en qualité de figurant dans le clip Le Rap du Diesel de la rappeuse Julie Chaux.
Depuis 2018, il collabore périodiquement à des lectures de tragédies en vers de Jean Hautepierre au Théâtre du Nord-Ouest. En , il prête ainsi sa voix à une lecture du diptyque composé du Prince de Carcosa et du Roi en jaune[19], en , il lit les rôles de De Thou et du Cardinal de Richelieu dans Louis XIII ou La Conspiration de Cinq-Mars et, en , il participe à la lecture de Jean Sobieski ou La Bataille de Vienne.
Questin, formé au Butō par Marlène Jöbstl, pratique également la danse. En , il livre notamment un hommage dansé à la chanteuse Nico.
Collaborations à des projets musicaux
En 2005, Marc-Louis Questin a collaboré avec le groupe post-punk Electric Press Kit. Ensemble, ils ont sorti un album intitulé Hommage à Georg Trakl, sur lequel Questin lit des textes du poète austro-hongrois[20].
Par la suite, il a aussi posé sa voix sur quatre albums du groupe de musique martial industrial Barbarossa Umtrunk : 72 Candles in Cairo (album en hommage à Aleister Crowley, réalisé en collaboration avec le groupe Kazeria, en 2009)[21], Distant Shores of Hvetramannaland (album sous-titré « A Tribute to Miguel Serrano », réalisé en collaboration avec le groupe Dronerune, en 2011)[22], La Clairière des eaux mortes (album en hommage à l'écrivain Raoul de Warren, réalisé en collaboration avec le groupe Pale Roses, en 2013)[23] et Mushaf Ar-Rash (album en hommage au peuple yézidi, réalisé en 2018). Dans ce dernier, il intervient sur un titre intitulé Emerald Crown Of The Pilgrim Angel[24].
Il est également crédité comme choriste pour la chanson Opus Vitae, de l'album éponyme (2013) du groupe de musique gothique parisien The Cemetary Girlz[25].
↑Cette plaquette, épuisée au format papier, est disponible au format numérique sur le blog de bibliophilie Au Carrefour étrange.
↑Jacques Coly, Poètes électriques. L'insurrection, Ozoir-la-Ferrière, éd. Les Deux-Siciles, 2015, p. 140 : « Marc Questin (né en 1953) est l’auteur de William’s Cocktail (1970), L’Ange noir en arc-en-ciel (1974) et Les Kalices de Bali, une plaquette confidentielle d’une trentaine de pages (avec une préface du "reporter de l’underground" Alain Pacadis), publiée en autoédition en 1974, dont les textes, très largement inspirés des poètes électriques, qui font amplement référence à la drogue, au rock et à ses figures légendaires (Syd Barrett, Lou Reed, Syd Vicious, Captain Beefheart), comptera parmi les classiques de la contre-culture hexagonale. »
↑La revue est épuisée, mais les textes de ses premiers numéros sont disponibles à la lecture en ligne sur son site internet.
↑Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, t. VI : « La Poésie du XXe siècle », vol. 3 : « Métamorphoses et Modernité », Paris, éd. Albin Michel, 1988, p. 650-651 : « Il inventorie ce qu'il aime, polars et westerns, kitsch et bistrots, drogues et discussions hallucinées, avec le goût du narratif et celui "gombrowiczien de l'Immaturité". De ses blocs de prose compacte, il trace un portrait de lui-même et de son entourage social. »
↑Charles Dreyfus, Henri Enu, Florence Roqueplo, Marc Questin & Xavier de la Salle, « Résolution constitutive de la 11e internationale surmoderniste » in Inter : art actuel, n° 68, 1997, p. 30 (télécharger l'article au format PDF).
↑Henri Enu, Contre culture-Surmodernisme, Bordeaux, éd. Galerie des Grands Maîtres, 2021, p. 108-110.
↑Marc Questin, La Connaissance sacrée des druides, Paris, coéd. Fernand Sorlot-Fernand Lanore, 1995, p. 49 : « Je fus intronisé Maître de Cérémonies du Temple Druidique Supraïste par le druide Mercurios. À la même époque, le druide et chevalier André Gallard me nomma Grand Prieur de l'Ordre Souverain du Temple Celtique. »
↑Il publie un article intitulé « La Double Vie de Lewis Carroll » dans le numéro 13, au sommaire duquel un entretien lui est également consacré, intitulé « Marc-Louis Questin, le dernier des druides » ; il collabore également au numéro 14 et au numéro 15.
↑Il publie une nouvelle intitulée « Supérieurs inconnus » dans le numéro 19, des articles intitulés « Le Vampirisme initiatique » et « Le Trésor du Golem » dans le numéro 20 et un article intitulé « Les Musiciens de l'infini » dans le numéro 22
↑Biographie de Marc-Louis Questin dans Anthologie de la poésie gothique, dir. par Marc-Louis Questin, Paris-Saint-Chéron, coéd. Éleusis-Unicité, 2014, p. 349.
↑Interview du Baron Von S., du groupe Barbarossa Umtrunk, dans le webzine Et l'Hiver dansait autour d'un Feu, août 2013 : « Nous sommes lui et moi des amis de longue date et l’idée de travailler avec Marc-Louis [Questin] m’est venue spontanément lors de l’enregistrement de 72 Candles in Cairo, mon split-CD avec Kazeria consacré à Aleister Crowley et paru chez SkullLine en 2009. »