Pêra est la fille des comédiens Manuel Péra et Dinorah Marzullo. Une de ses sœurs est comédienne également, ainsi que trois de ses enfants, l'acteur Ricardo Mello Graça, et les actrices Esperança Motta et Nina Morena[2].
Elle débute à 4 ans comme figurante dans Médée, un montage réalisé par une comédienne, Henriette Michonneau, une française arrivée au Brésil en 1941 avec Louis Jouvet pour une tournée et qui y resta[3]. Marília Pêra poursuit, de 14 à 21 ans, comme danseuse et se produit dans des comédies musicales, notamment dans Minha querida lady de Lerner et Loewe en 1962[4], puis au théâtre. À la fin des années 1960, elle joue également dans la pièce de Chico Buarque, Roda Viva, qui devient un symbole de la résistance à la dictature militaire. En , en réaction aux représentations, un groupe d'extrême-droite, le Comando de Caça aos Comunistas (Chasse aux communistes) envahit le théâtre Galpão de São Paulo où la pièce est à l'affiche, attaquant les artistes et détruisant la scène. Marília Pêra est prise à partie, déshabillée et chassée dans la rue[5],[6].
En 1982, elle devient la première Sud-Américaine jamais honorée en Amérique du Nord en recueillant le prix de la meilleure actrice, de la National Society of Film Critics, pour son rôle dans Pixote, la loi du plus faible[7]. Ce film consacré à l'enfance abandonnée dans son pays, est habité d'une terreur sourde, et pose un regard sans complaisance sur une réalité sociale. Elle y joue le rôle d'une prostituée, Sueli, et intervient dans quelques-unes des scènes qui ont marqué les spectateurs, tel ce moment troublant où elle donne le sein à Pixote, le délinquant, l'enfant perdu des rues, âgé d'une dizaine d'années[8],[9]. Le film est diffusé dans 60 pays. Il est vu par huit millions de spectateurs, donnant à Marilia Pêra une notoriété internationale[10] et lui apportant la reconnaissance de critiques cinématographiques américains aussi influents que Pauline Kael[11].
Elle devient l'une des actrices brésiliennes les plus sollicitées et les plus récompensées, alliant «le piquant de Liza Minnelli et une belle force dramatique»[3]. Elle est ainsi amenée en 1984 à jouer le rôle principal d'un film américain de Paul Morrissey, Mixed Blood. En 1987, son interprétation dans le film de Wilson Barros, Anjos da Noite, lui vaut d'être récompensée au festival du film de Gramado[12], où elle a déjà été honorée en 1983 pour son rôle dans Bar Esperança d'Hugo Carvana. Elle apparaît dans de nombreux films et dans plus de 30 telenovelas[13].
En 1989, elle soutient publiquement le candidat à la présidence du Brésil, Fernando Collor de Mello, opposé à Lula, dans la première élection présidentielle démocratique organisée au Brésil depuis 29 ans. Ce soutien au candidat conservateur, contre le candidat de la gauche, lui vaut des critiques, et surprend une partie du public, après son engagement dans les années 1960 contre les militaires[14]. Mais dans ce choix, elle reste conforme à la ligne qu'elle s'est fixée : être libre[13]. La politique culturelle de ce Fernando Collor de Mello se révèlera très peu favorable au cinéma brésilien. Elle meurt le à Rio de Janeiro d'un cancer du poumon[15].
Rédaction Le Monde, « De Rio à Sao-Paulo.Des Brésiliens fous de théâtre », Le Monde, (lire en ligne).
(pt) Viviane Cohen, « Política, tô fora », Terra, (lire en ligne).
Laurent Desbois, La renaissance du cinéma brésilien : De l'Atlantide à la Cité de Dieu : (Second volume) La complainte du phœnix (1970 - 2000), Paris, Éditions L'Harmattan, , 254 p. (ISBN978-2-296-11798-3, lire en ligne), p. 60, 69, 81, 109, 128, 133, 200, 208.