Maison Bleue (Dives-sur-Mer)

Maison Bleue (Dives-sur-Mer)
Vue générale de l'intérieur de la Maison Bleue avec au centre Notre-Dame-de-Lourdes et la grotte
Présentation
Destination initiale
maison d'habitation
Style
Art brut
Architecte
Euclides Ferrera da Costa
Construction
de 1957 à 1977
Propriétaire
propriété de la commune
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune
Coordonnées
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La Maison Bleue est un édifice d'art brut situé à Dives-sur-Mer, en France[1]. Œuvre d’Euclides Ferrera da Costa, réalisée de 1957 à 1977, la maison dont le jardin est entièrement gagné par des petits monuments et des mosaïques élaborées à partir de matériaux de récupération est cédée à la commune à la fin des années 1980 puis inscrite au titre des monuments historiques au début des années 1990.

Par la qualité de l'œuvre elle est un « témoignage exceptionnel de l'Art brut en Normandie », mais fragile et nécessitant des travaux de conservation.

Localisation

Le monument est situé dans le département français du Calvados, à Dives-sur-Mer, au no 13 de la rue des Frères-Bisson, non loin du site de l'ancienne usine Tréfimétaux.

Historique

Biographie d’Euclides da Costa

La maison est l'œuvre d'un maçon analphabète d'origine portugaise, Euclides Ferrera da Costa, réalisée de 1957 à 1977. Né au Portugal, à Vilarinho (village rattaché à Vila do Conde[2].), à 30 km de Porto[3] le [3], Euclides Ferrera da Costa émigre en France à l'aide d'un passeport régulier en 1924[4]. Il retrouve en France son beau-frère[5].

Après avoir vécu à Saint-Nazaire, le couple s'installe à Dives et « ne retourne jamais au Portugal »[5]. Il acquiert la nationalité française en 1947[5].

Maison d'habitation modeste

Il achète le terrain de 300 m2 en 1950, le long de la voie ferrée et non loin de l'usine Tréfimétaux[5]. L'habitation de trois pièces est très modeste, sans eau courante[5].

Euclides da Costa reçoit une pension d'invalidité à compter de 1954 du fait d'une tuberculose. Il commence son œuvre trois ans après[5].

Il meurt le [6]. Il commence son œuvre du fait d'une impossibilité de travailler[7].

Etapes de la création

Le premier élément du complexe est un petit monument dédié à la chienne Laïka[8], passagère du Spoutnik, en 1957[1] et da Costa est choqué par « la mort solitaire d'un animal dans l'infini, pour les besoins de la science »[5]. Ce premier élément, « point de départ de vingt ans de création »[5], est achevé en 1958[9].

Le Petit Moulin et la Tour Eiffel sont créés en 1961[10].

Le Grand Moulin date du début des années 1970[11].

Les différents éléments sont créés « en une vingtaine d'années »[12],[8]. Les créations de da Costa acquièrent avec les années une expérience, « un grand savoir-faire », avec davantage de structure et un « effet de rythme », avec un jeu habile de lumière par l'usage des couleurs et de fragments de miroirs[5].

À la fin de sa vie da Costa réalisa de petits objets cédés à ses proches ou vendus[13]. Da Costa meurt en 1984, « amer de n'avoir pas bénéficié d'une reconnaissance pour son œuvre »[5].

Préservation et conservation difficile

Extérieur de la maison bleue en 2017

La maison est acquise par la ville de Dives-sur-Mer le [14],[15] peu avant la mort de l'épouse du créateur. La ville fait le choix de la sauvegarde de l'édifice en dépit d'un contexte économique complexe du fait de la fermeture définitive de l'usine[5].

La maison est inscrite comme monument historique depuis le [1].

La fragilité de l'œuvre n'est pas sans poser des problèmes pour sa pérennisation. Dès 2005, une structure métallique est installée afin de la protéger des eaux de pluie. En 2011 une opération de restauration du monument à la chienne Laïka et au Sacré-Cœur est réalisée, prise en charge par l'association La Maison Bleue, la Fondation du patrimoine, un mécénat et des collectivités locales[7]. D'autres éléments restent fragiles, en particulier celui consacré à Notre Dame de la Délivrande[15].

En 2019 le site de la maison bleue est retenu dans le cadre de mission Bern pour le loto du patrimoine.

Architecture

Présentation générale

Plan de la Maison Bleue.

La maison et son jardin se situent sur une parcelle de 300 m2[15],[16].

L'artiste a utilisé pour son projet des matériaux de récupération divers, verre, vaisselle, faïence intégrés sur une base de ciment[1]. Il s'agit d'une mosaïque à ciel ouvert[15].

La couleur bleue domine dans les créations[16].

Da Costa a livré l'extérieur de la maison à sa liberté créatrice, contrairement à d'autres créateurs qui ont investi leurs intérieurs, Raymond Isidore à Chartres dans la maison Picassiette ou Robert Vasseur à Louviers dans la maison à vaisselle cassée[12]. Un portique comporte des éléments de mosaïque, « transition entre l'intérieur et l'extérieur »[5].

Outre l'édifice dédié à Laïka, le complexe comprend une douzaine[5] ou une quinzaine d'éléments[1] représentés de façon miniature[15]. De nombreux éléments ont une inspiration religieuse, l'auteur voulant sacraliser son petit terrain[17], avec des prières et des ex-votos[18] ; parmi ces éléments religieux a été représenté le Sacré-Cœur, dans lesquels quatre personnes peuvent se tenir[5], la basilique Sainte-Rita de Cascia et la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux[8]. Les petits édifices religieux comportaient des statues religieuses naïves[18]. Après un certain nombre de vols, les statues ont été remplacées par des photographies à taille réelle pour que l'effet visuel voulu soit préservé. Avec le manque de place da Costa décide de décorer les murs de clôture de sa maison, dont le « mur aux cerfs »[5].

Une allée en motifs géométriques est présente afin d'aller dans les chapelles[5].

Le décor est animalier, avec des représentations de papillons, de cerfs et d'oiseaux[1]. La sensibilité artistique de Costa est basée sur un « univers à la fois religieux, naïf et imaginaire »[7].

En dépit de ses qualités et de l'émotion qui s'en dégage, l'œuvre est fragile[15].

Da Costa a transposé dans son domicile divais la nostalgie de son pays natal[19] en particulier l'influence des azulejos qui permettent de créer des perspectives et d'amener de la couleur[20].

Composition

Édifices religieux

La représentation de Notre-Dame-de-Lourdes mesure 3 m de haut et 2 m de long. L'édifice comporte quatre fenêtres et un clocher. Une grotte complète cette représentation du lieu saint[9].

Édifices profanes

Le monument à Laïka mesure 3 m de haut environ et ressemble aux premiers niveaux de la Tour Eiffel, il comporte dans sa partie supérieure un Spoutnik. Du fait de la dégradation il a été repris par Da Costa lui-même afin de consolider la structure[9].

Éléments de décor

Images externes
Représentation d'un cerf
Vue générale
Autre vue

Notes et références

  1. a b c d e et f « Maison Bleue (Dives-sur-Mer) », notice no PA00111835, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Lechopier 2004, p. 22.
  3. a et b Lechopier 2004, p. 11.
  4. Lechopier 2004, p. 21.
  5. a b c d e f g h i j k l m n o et p Desprès 2013, p. 35.
  6. Lechopier 2004, p. 17.
  7. a b et c La Maison Bleue sur le site de la commune
  8. a b et c Dutour et Hauguemar 1991, p. 115.
  9. a b et c Lechopier 2004, p. 84.
  10. Lechopier 2004, p. 85.
  11. Lechopier 2004, p. 86.
  12. a et b Lechopier 2004, p. 28.
  13. Lechopier 2004, p. 87.
  14. Lechopier 2004, p. 116.
  15. a b c d e et f La Maison Bleue sur le site de la Fondation du patrimoine
  16. a et b Lechopier 2004, p. 27.
  17. Lechopier 2004, p. 29-30.
  18. a et b Lechopier 2004, p. 30.
  19. Lechopier 2004, p. 25.
  20. Lechopier 2004, p. 26.

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Françoise Dutour et Monique Hauguemar, Dives et les Divais, Condé-sur-Noireau, Corlet, , 125 p. (ISBN 2-85480-274-8)
  • Claude Lechopier, Une mosaïque à ciel ouvert : la maison bleue de Dives-sur-Mer, Cabourg, Cahiers du temps, , 502 p. (ISBN 2-503-50033-1)
  • Éliane Desprès, « La Maison Bleue de Da Costa », Le Pays d'Auge, nos 63-3,‎ , p. 35-37 (ISSN 1149-3305).

Liens externes