Mademoiselle O
Mademoiselle O est la seule nouvelle de Vladimir Nabokov écrite en français. Longue d'une vingtaine de pages, elle fut publiée par Jean Paulhan dans le deuxième numéro du magazine Mesures à Paris, en 1936. CompositionComme pour la plupart des œuvres de Nabokov, l'histoire du texte de Mademoiselle O est complexe. Seule œuvre rédigée en français, terminée au début , durant l'exil parisien de l'auteur, la nouvelle paraît d'abord en été 1936. Nabokov fut d'abord très sceptique quant à la qualité littéraire du texte. Il le considérait comme « un écrit de deuxième, voire troisième ordre » et confia qu'il l'avait écrit en trois jours[1]. Sa première lecture publique au PEN club le fut pourtant un grand succès[2]. Fin , l'auteur s'enfuit avec sa famille aux États-Unis. La nouvelle est alors traduite en anglais par Hilda Ward[3] et paraît dans The Atlantic Monthly en , puis dans le recueil Nine Stories en 1947[4]. Il semble bien que ce soit le succès inattendu de ce texte qui donne à Nabokov l'idée d'écrire son autobiographie[5]. Quelques chapitres - disparus - sont écrits en 1936. Poursuivant son projet, l'écrivain rédige son autobiographie en anglais quelques années plus tard. Le texte s'intitule Conclusive Evidence et paraît aux États-Unis en 1947. Mademoiselle O y est intégrée et forme le chapitre V d'Autres rivages. L'énigme continue, car outre la version intégrée dans Autres rivages (plus proche de la vérité autobiographique, selon Vladimir Nabokov), l'éditeur Gallimard en présente une version légèrement différente dans le recueil de nouvelles parues dans la collection Quarto[6]. Dans la version d'Autres rivages, la fin est en effet légèrement plus longue et un peu différente... RésuméLa nouvelle est enchâssée dans des considérations littéraires de l'auteur : ses œuvres se « nourrissent » littéralement de ses souvenirs. Une fois passés dans ses écrits, ses souvenirs cessent de lui appartenir. Sa mémoire s'appauvrit en écrivant :
— Vladimir Nabokov, Mademoiselle O[7]. Mademoiselle O[8] est la gouvernante suisse d'origine française[9] qui débarque en plein hiver 1905 chez les Nabokov alors que le narrateur est âgé de 6 ans. Personnage pittoresque, ne parlant pratiquement pas le russe - le seul vocable qu'elle connaisse est « Где?, « Où ? », elle est aussi ronde que son nom. Elle reste dans la famille jusqu'en 1914. Obèse, irascible, asthmatique, fière de sa langue - le français -, cultivant l'hyperbole, Mademoiselle O marque profondément les enfants Nabokov. Sur sa silhouette et son poids il écrit : « Son embonpoint, (...), le tremblotement de ses bajoues lorsqu'elle s'asseyait - laissant peu à peu descendre sa croupe monstrueuse, puis au dernier moment (...) s'asseyant pour de bon avec un craquement effroyable (...) ; de plus la région des deuxième et troisième mentons s'étalait royalement sur la blouse à jabot ; »[10]. Hypersensible et très susceptible, elle est souvent en guerre avec les autres domestiques, elle voue d'ailleurs une haine - réciproque - à Petrov, le répétiteur russe des enfants... « Le français de Mademoiselle était divin[11]. », reconnaît l'auteur, mais ses goûts littéraires très classiques (Pierre Corneille, Jean Racine) ne sont pas partagés par Vladimir Vladimirovitch. Des années plus tard, à la fin des années 1920, Vladimir Nabokov retrouve sa gouvernante sur les bords du Léman : « Plus forte que jamais, les cheveux gris et presque totalement sourde, elle me reçut dans un vacarme de tendresse. ». Touché par sa situation, Nabokov lui apporte le lendemain un appareil auditif dont elle se déclare enchantée, bien que selon l'auteur, il s'agît « d'un de ces appareils qui promettent aux sourdes plus qu'il ne peuvent donner[12]. » Et Nabokov de terminer son récit par une nouvelle considération littéraire :
— Vladimir Nabokov, Mademoiselle O[13]. PostéritéNotes et références
BibliographieÉditions en français
Biographie
Liens externes
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