Ma Nishtana
Les quatre questions (hébreu : ארבע קושיות arba koushiot ; yiddish : פיר קשיות fir kashes), plus familièrement désignées par leurs premiers mots, ma nishtana (hébreu : מה נשתנה « qu'y a-t-il de changé ? »), sont l'un des rites traditionnels du seder de Pessa'h. Traditionnellement posées par le plus jeune participant en chantant, elles inaugurent la haggada, récit de l'Exode. Ma Nishtana dans les sources juivesLa première mention des quatre questions se trouve dans la Mishna Pessa'him 10:4. Il s'agit d'une élaboration sur la prescription biblique de raconter à son fils les raisons du rite réalisé en mémoire de l' Exode hors d'Égypte[1] : après que le père a bu la seconde des quatre coupes de vin, son fils l'interroge sur la signification de ce rituel ; s'il ignore comment interroger, son père lui apprend ce qui différencie cette nuit des autres :
Les questions font écho aux principaux thèmes de Pessa'h, à savoir la hâte de quitter l'Égypte, l'amertume de la vie des Hébreux avant l'Exode et l'offrande pascale qui ne peut être consommée que rôtie[3] et doit être offerte par chaque chef de famille et non par un individu dévoué au culte. La coutume de poser les quatre questions date certainement de l'époque de la Mishna mais puise à des origines plus anciennes : il était de coutume, à l’époque du Second Temple, de susciter les questions à un moment relativement tardif du seder ; comme les enfants s'endormaient, on décida de les poser plus tôt dans la soirée[4]. La troisième question, devenue obsolète depuis la destruction du second Temple, est substituée par une autre, contemporaine de l'époque de la Mishna : « pourquoi mange-t-on allongé ? », en rapport avec la coutume romaine lors des banquets[5]. Le texte du Ma Nishtana devient donc :
Pendant la période des gueonim, l'ordre des questions est modifié par rapport à la version qui figure dans le Talmud de Babylone : la première question porte sur le double trempage, la seconde sur la matza et la troisième sur la position accoudée. Cette séquence a été adoptée par les juifs orientaux et séfarades ; les ashkénazes ont conservé celle du Talmud[4]. RituelSelon le Choulhan Aroukh, « sitôt la seconde des quatre coupes versée, les enfants doivent demander pourquoi on boit un second verre avant un repas et s’ils ne le font pas, le père doit leur enseigner (les quatre questions) ; s’il n'y a pas d'enfant, c’est à l’épouse de poser les questions et s’il n’a pas d’épouse, il doit le faire lui-même. Même les plus grands savants doivent s’acquitter de ce devoir[8]. » L'usage est donc, à la fin du Moyen Âge, de faire poser les questions par un adulte. Cependant, la coutume se développe ultérieurement de laisser ce privilège au plus jeune enfant capable de les poser (afin qu'il ne soit pas comme le fils « qui ne sait même pas demander ») ; cette coutume est encore en vigueur de nos jours[4]. En Europe de l’Est, les quatre questions sont apprises et révisées au heder (équivalent juif de l’école primaire). S’adressant à son père, l’enfant les récite en alternant le texte hébreu et sa traduction en yiddish sur un mode question-réponse. Le père entonne alors la réponse en alternant lui aussi yiddish et hébreu : Der terets iz, avadim hayinou l'far'o bèmitzrayim, knekht zenen mir geven bay paren in mitsrayim (« l’explication est : nous avons été esclaves du pharaon en Égypte »). C'est sur base de la mélodie du teretz yiddish qu’Ephraïm Avileah, un compositeur russe émigré en Palestine mandataire, écrit en 1936 un oratorio intitulé Hag Haherout (« fête de la liberté ») ; son air, rapidement adopté et considéré depuis lors comme la « mélodie traditionnelle » du ma nishtana, en fait l'un des chants de Pessa'h les plus populaires[10]. Variations autour des quatre questionsLa popularité des questions se marque par la composition d’Eleikhem èda kedosha, une élégie pour le 9 av incluse dans les rites séfarade et yéménite en 1879, dont le refrain est également ma nishtana halayla hazè mikol haleylot et où la veillée du 9 av est comparée à celle du séder[11]. Notes et références
AnnexesLien externeBibliographie
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