Maître de CoëtivyMaître de Coëtivy
Le Maître de Coëtivy est un maître anonyme enlumineur et un peintre de panneaux actif dans la seconde moitié du XVe siècle à Paris. Il doit son nom au premier manuscrit qui lui a été attribué, les Heures de Coëtivy. Il est généralement identifié à Colin d'Amiens (de son vrai nom Nicolas d'Ypres), le fils d'André d'Ypres, le probable Maître de Dreux Budé. Constitution du corpus et styleL'historien de l'art Paul Durrieu est le premier à isoler le style de ce peintre au sein du livre d'heures de la bibliothèque de Vienne destiné à Olivier de Coëtivy et sa jeune épouse, Marie de Valois, fille naturelle de Charles VII et d'Agnès Sorel. En le rapprochant d'autres manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, il le désigne sous le nom de convention de Maître des Heures de Coëtivy de Vienne. Il décèle dans ce livre d'heures français un style inspiré de l'art des primitifs flamands[1]. Il se caractérise par des compositions organisées par plans s'échelonnant par plans successifs avec en fond la présence fréquente de murailles aux tours évasées, des personnages trapus aux visages souvent prognathes. Ce style est souvent très proche de celui du Maître de Dreux Budé. Son activité a peu à peu été élargie par Nicole Reynaud à la peinture sur panneau et à la réalisation de cartons pour la tapisserie ou les vitraux[2]. Identification à Colin d'AmiensDès 1921, Paul Durrieu propose d'identifier le maître anonyme à Henri de Vulcop, le peintre officiel de Charles de France d'origine flamande[1] mais aucune œuvre de lui n'est encore conservée et les textes indiquent qu'il est plus actif dans le Val de Loire alors que le Maître de Coëtivy intervient essentiellement à Paris. En 1993, Nicole Reynaud propose d'identifier le maître anonyme à Colin d'Amiens, fils d'André d'Ypres dans lequel elle voit le Maître de Dreux Budé tandis que le Maître d'Anne de Bretagne serait son fils Jean d'Ypres. Colin d'Amiens suit son père depuis cette ville pour s'installer à Paris vers 1445. En 1479, il est déclaré dans un acte notarié « hystorieur et enlumyneur, bourgeois de Paris ». Cette identification se voit confortée par la découverte en 1996 d'un acte notarié précisant que Colin d'Amiens est l'auteur du patron d'un groupe sculpté représentant la Mise au tombeau encore conservée dans une église de Malesherbes. Cette sculpture présente de nombreuses similarités avec la Résurrection de Lazare du Louvre[2]. Cette identification est par ailleurs corroborée par la présence, dans une miniature attribuée au maître de Coëtivy, d'une représentation très précise de la cathédrale d'Amiens et le caractère amiénois de certaines prières dans ses livres d'heures, attestant d'une origine picarde du peintre, tout comme Colin d'Amiens[3]. Plusieurs documents attestent de l'activité de Colin d'Amiens à Paris : en 1461, il participe aux travaux pour les obsèques de Charles VII, à la cathédrale Notre-Dame de Paris et à l'abbaye de Saint-Denis. En 1464, il est payé pour avoir peint les bannières de trompettes de Louis XI pour son voyage dans les villes de Picardie. En 1474, il fournit un patron pour les joyaux d'orfèvrerie de la Fête-Dieu de l'hôpital Saint-Jacques-aux-pèlerins. En 1481, il fournit un patron pour la statue de Louis priant sur son tombeau de l'église Notre-Dame de Cléry (à la place du premier projet proposé par Jean Fouquet). Il est encore payé en 1488 pour le patron d'un bâton toujours pour l'hôpital Saint-Jacques-aux-pèlerins. D'autres documents montrent qu'il paie le cens de la paroisse Saint-Merri pour une maison neuve rue Quincampoix en 1479 et qu'il est présent auprès de sa mère au Grand Châtelet pour la vente d'un terrain dans le Beauvaisis[3]. Il s'agit d'une figure majeure des arts à Paris dans la seconde moitié du XVe siècle et rayonnant sans doute au-delà. L'un des fils de Jean Fouquet, appelé Maître du Boccace de Munich, montre une influence du maître parisien et a peut-être été formé chez lui[2]. Colin d'Amiens a eu neuf enfants[4], dont trois ont été peintres : Jean d'Ypres (mort en 1508) devient maître juré du métier de peintre à Paris en 1504, et qui pourrait être identifié au Maître d'Anne de Bretagne, Louis, qui est aussi peintre à Paris, peut-être dans l'atelier de son frère aîné et enfin Nicolas Dipre, qui s'installe à Avignon au moins à partir de 1495 et actif sur place peut-être jusqu'en 1531[2]. Œuvres attribuéesManuscritsUne trentaine de manuscrits lui sont attribués au total, parmi lesquels :
Tableau
Cartons et modèles
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
Notes et références
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