London Labour and the London PoorLondon Labour and the London Poor est un reportage sur la vie des populations pauvres de Londres à l'ère victorienne, écrit par le journaliste Henry Mayhew, et publié à partir de 1850 Londres à l'ère victorienneLondres est à cette époque en pleine croissance, du fait de l'essor de l'industrie. Sa population augmente massivement. Capitale de l'Empire britannique, celle-ci ressemble pourtant beaucoup à une ville du tiers-monde. En effet, il s'y concentre une misère noire dans les quartiers les plus pauvres, des taudis où s'entassent les travailleurs les plus pauvres. Mayhew y décrit un monde sale, violent, dangereux et misérable. Un monde où l'emploi est instable et précaire. La réalisation de l'ouvragePour son ouvrage, Henry Mayhew se rend dans les quartiers populaires de Londres, comme l'East End, avec deux collaborateurs[1]. Il interroge par exemple des mendiants, des prostituées, des voleurs, des ouvriers, des musiciens, des artistes de rues[1]. Il entretient des relations particulières avec les venrdIl se rend également dans des asiles de pauvres. Il se tient informé des rapports de la Poor Law Commission, des forces de police et des autres autorités publiques. La réalisation des interviewsIl a réalisé de nombreuses interviews, et a apporté un nombre considérable de données sur des sujets comme les salaires, les loyers, la criminalité, le coût de la vie, le nombre réel de travailleurs par profession, etc. La majorité des témoignages recueillis sont anonymes, et il est difficile par conséquent de connaître l'influence qu'ils ont eu au final sur le travail de Mayhew[2]. De nombreuses personnes interrogées ont fini par développer des relations particulières avec Mayhew, qui les hébergeait parfois, les invitait chez lui ou leur offrait à manger[3]. Sarah Chandler, une chanteuse de rue non-voyante, est un exemple de cette relation qui se développe entre l'auteur et les personnes avec qui il s'entretient : celui-ci vient régulièrement lui rendre visite à l'hôpital et leurs relations transparaissent dans les entretiens auxquels elle participe[3]. Devant l'extrême misère dans ces quartiers, il se retrouve parfois obligé de « négocier » ses interviews, comme ici lors d'une visite d'un dortoir collectif :
— Henry Mayhew , Cheap lodging-houses, Volume III, pages 312-318. Le marché du travail à Londres et la classification des travailleursIl pointe le doigt sur un problème important : l'emploi, en s'intéressant au problème de l'instabilité et de l'irrégularité de celui-ci.
— Henry Mayhew , Casual labour, Volume II, pages 297-323. Cela le conduit à faire apparaître les deux causes principales :
— Henry Mayhew , Casual labour, Volume II, pages 297-323. Il tente de classifier les travailleurs en quatre catégories [1]:
— Henry Mayhew , Of the workers and non-workers, Volume IV, pages 3-12. Son engagement en faveur des réformes sociales ne l'empêche pas de classer les mendiants dans la catégorie n° 3 : Those that will not work[4]. Les minoritésIl s'intéresse au sort des minorités à Londres, constituée à l'époque des Irlandais, des Indiens et des Juifs, qui sont victimes de racisme et d'exclusion.
— Henry Mayhew , Of the street-Irish, Volume I, pages 104-118. En parlant des Juifs, il décrit la scène suivante à laquelle il a assisté :
— Henry Mayhew , The street-Jews, Volume II, pages 115-132. PublicationL'ouvrage est d'abord publié sous forme de périodique en plusieurs volumes, entre 1850 et 1852. Puis il est réédité en quatre volumes dix ans plus tard[1]. Les différents numéros publiés donnent lieu à des lettres de lecteurs qui appuient, contredisent ou questionnent les travaux d'Henry Mayhew, voire sollicitent un entretien avec lui. Mayhew sélectionne certaines de ces lettres grâce à des votes, et répond à certaines de ces lettres personnellement, ajoutant ses commentaires aux numéros à paraître[5]. AccueilAnalyseSelon Jenna M. Herdman, le ton de l'ouvrage oscille entre sympathie et déshumanisation envers les pauvres. Ainsi, dans l'un des premiers numéros de l'œuvre, l'auteur décrit les pauvres comme une « tribu errante », tandis qu'il s'érige à l'inverse dans l'ensemble du livre en faveur de réformes politiques et de la compassion envers les classes défavorisées[6]. Toutefois, les divergences viennent peut-être également du fait que l'ouvrage a été écrit à plusieurs mains, le frère de Mayhew faisant notamment partie des auteurs[6]. L'auteur est totu de même sujet à des revirements et à une certaine inconsistance dans ses positions à l'égard des plus pauvres, selon Herdman. Anne Humpherys, spécialiste de la littérature victorienne, explique les incohérences de l'auteur dans son livre Travels into the Poor Man’s Country: The Work of Henry Mayhew[7]. CritiquesLe romancier William Thackeray fait une critique très positive de son livre, affirmant qu'il s'agit d'« une image de la vie humaine si merveilleuse, si horrible, si pitoyable et pathétique, si excitante et terrible, que les lecteurs de romans avouent qu'ils n'ont jamais rien lu de pareil »[8]. Les écrits de Mayhew sont cependant critiqués par certains des groupes sociaux évoqués dans l'ouvrage. Ce sont en particulier les vendeurs de rue qui manifestent leur mécontentement à l'égard des écrits de Mayhew. La Street Traders’ Protection Association se sert des publications de presse, comme l'hebdomadaire Reynolds's Newspaper, mais aussi de meetings en public pour infirmer la description faite par Henry Mayhew des vendeurs de rue, qui seraient selon l'association « un groupe autonome et politisé »[9]. Un membre de l'association critique le fait que Mayhew ait obtenu ses informations en payant ses interlocuteurs, « qui seraient prêts à dire n'importe quoi pour de l'argent » ; un autre affirme que « son seul objectif réel était de chercher à s'enrichir », et qu'il « n'avait aucune sympathie » pour les plus pauvres[10]. Le secrétaire de l'association estime que « le seul bien qui découle de la diffamation de Mayhew à l'égard des gens de la rue est leur unification »[11]. Le Reynolds's Newspaper était cependant initialement partisan du travail de Mayhew, et estimait que l'ouvrage « deviendrait assurément l'un des plus populaires un jour »[10]. Références
Voir aussiBibliographie: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Sources primaires
Sources secondaires
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