Depuis le VIIe siècle, les comtes de Poitiers, ou, suivant l’usage, comtes de Poitou[Note 2], ont été à la tête d’un ensemble territorial qui a évolué au fil des siècles, le comté de Poitiers.
Le comté fut érigé comme tel par Charlemagne, qui envoya en 778 un certain Abbon pour administrer le territoire. Très vite, et toujours sous la période carolingienne, deux familles franques s’opposent au titre comtal : celle des Guilhelmides et celle des Ramnulfides, qui aura raison de la première en 902.
Il est possible qu’Abbon ait conservé le titre jusqu’à sa mort qui pourrait être survenue en 811[2], à moins qu’à cette date il ne s’agisse pas du même Abbon mais de son fils Abbon[Note 6], frère cadet d’Arnault ; ce dernier aurait été exclu de ses droits au titre comtal[Note 7].
Plus tard comte de Nantes, est cité comme comte de Poitiers en 811 et en 814-815, mais sans qu’on puisse être certain d’une effective prise de fonctions.
De 828 à 902, le comté de Poitiers est disputé entre les deux familles des Guilhelmides et des Ramnulfides. Étant donné que les comtes sont tantôt d’une famille tantôt d’une autre, le tableau ci-dessous répartit et les sépare suivant l’ordre chronologique et la dynastie.
Devenu comte en 828, Émenon aurait été destitué après avoir soutenu la révolte de Pépin II d’Aquitaine. Par ailleurs, le comte Émenon était aussi comte de Périgueux ainsi que d’Angoulême. Par déduction contemporaine, il aurait eu deux épouses qui lui ont entre autres donné trois fils.
Fondateur de la dynastie des Ramnulfides, Renoul est le fils de Gérard d’Auvergne, comte d’Auvergne qui aurait aussi régné sur le comté de Poitou comme Gérard Ier[2]. Il cumule aussi le comté de Poitou à l’Aquitaine, dont il est le duc de 854 à 866.
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Bernard III dit « de Gothie » Né à une date inconnue — Mort après 879
Fils d’Émenon, Aymar est le dernier des Guilhelmides à avoir été comte de Poitiers. Soutenu par Eudes, roi des Francs, il parvint à accéder en 892 au titre comtal.
Ebles est rétabli en 902 au titre comtal après en avoir été chassé en 892. Après lui, la dynastie des Ramnulfides devint la famille titulaire du comté de Poitiers et du duché d’Aquitaine.
Frère du précédent, Guillaume est le fils de Guillaume III et d’Agnès de Mâcon. Il épouse successivement Gersende de Périgueux, Mathilde et Hildegarde de Bourgogne.
En 1204, le comté de Poitiers est rattaché au domaine royal français. Le roi de France peut ou non donner en apanage un territoire du domaine à l’un de ses fils, qui peuvent fonder une dynastie si la famille ne s’éteint pas par voie mâle et légitime.
Fils de Louis VIII le Lion, Alphonse est apanagé de Poitiers lors de son adoubement en 1241. Faute d’héritiers, l’apanage retombe dans le domaine royal à sa mort.
Fils de Jean II le Bon, Louis est fait comte de Poitiers en 1350 alors qu’il était déjà comte d’Anjou. Le titre ne lui restera que quatre ans, pour venir entre les mains de son frère aîné.
Frère du précédent, Charles est fait, par son père Jean II, comte de Poitiers en 1354, alors qu’il portait déjà le titre de dauphin de France. En 1364, lorsqu’il devient roi de France, l’apanage retombe dans le domaine royal.
Frère du précédent, Jean est fait, par ce même frère, comte de Poitiers en 1369, alors qu’il portait déjà le titre de duc de Berry. Lorsqu’il meurt, en 1416, le comté est réintégré à la Couronne, faute d’héritiers vivants.
Frère du précédent, fils de Charles le Fol, Charles devint Dauphin et comte de Poitiers à la mort de son frère (1417). Devenu roi de France, son apanage est incorporé au domaine.
↑Au Moyen Âge, le latin étant la langue officielle, les comtes portaient l’appellation de Comes Pictavorum, équivalant en français à celle de « comte des Poitevins ». De même que pour les premiers rois de France qui étaient en réalité Reges Francorum — c’est-à-dire, « rois des Francs » —, ceux qui possèdent les terres du Poitou sont, avec l’usage, appelés couramment « comtes de Poitiers », voire « comtes de Poitou ». Les terminologies latines équivalentes sont respectivement Comes Pictavium et Comes Pictonum.
↑Joseph Abbadie, Vie de saint Savain, anachorète du Lavedan, vol. 2, Impr. de T. Telmon, Tarbes, , 51 p. (lire en ligne)
« Savin naquit en Espagne au VIIe ou VIIIe siècle, d’un comte de Barcelone, qui était, dit-on, frère de Hentilius, comte de Poitiers et parent des rois de France, s’il faut en croire certains historiens. » (pp. 9 et 10).
« Hentilius sut bientôt apprécier le mérite et l’intelligence précoce de son neveu ; et, sans tenir compte de l’âge, il voulut lui donner une marque non équivoque de la plus haute confiance, en le chargeant de l’éducation de son fils. Ce bienheureux enfant ne pouvait, en effet, trouver un meilleur maître pour former en même temps son esprit à la science, son cœur à la bravoure chevaleresque de l’époque, et son âme à la plus solide piété. » (p. 13)
↑(en) Charles Cawley, Medieval lands (lire en ligne). Nommé par Charlemagne en 778, Abbon est peut-être resté comte jusqu’en 811, date à laquelle il aurait été le Comes Abo (comte Abbon), personnage qui confirma la paix entre l’empereur Charles et Hemming, roi des Danois.
↑Revue historique de l’Ouest, no 13, 1897, « Registre de la Chambre du 24 octobre 1670 » qui prend en compte le travail de généalogie de Jean Le Féron (1504-1570) sur la famille de Sanzay.
« Sont issus originairement d’Albon [Abbon de Poitiers], fils de Girard, duc de Bourgogne, comte d’Autun et de Rousillon, et frère de Samson, duc de Bourgogne, qui fut comte de Poitou, duquel fut fils Albon, deuxième du nom, comte de Poitou, duquel furent fils Girard [Gérard d’Auvergne], qui fut comte de Poitou, lequel épousa Mahault [ou Mahaut, Mathilde], fille de Pepin [Pépin d’Aquitaine], dernier roi d’Aquitaine et Arnault de Poitou, qui fut seigneur de Sanzay. »
Cette généalogie cite donc deux Abbon père et fils qui se succèdent comme comte de Poitiers. Si tel est bien le cas, le comte de Poitiers pouvait effectivement considérer que son titre, hérité de son père, était devenu un droit héréditaire de sa famille (d’après les archives du comte René de Laigue (château de Bahurel) ; copie conforme).
↑Jean Le Féron, historiographe héraldiste (1504-1570), cite une lettre d’Abbon excluant un de ses fils de la succession au titre de comte de Poitou datée du . Il s’agit d’un certain Arnaud (ou Arnault), destiné à la prêtrise, qui aurait épousé, sans le consentement de son père Abbon, Jeanne (ou Jehanne) de Sanzay, ceci l'empêchant lui et ses héritiers de prétendre au titre de comte de Poitiers — bien qu’à cette époque les titres de comte ne soient pas officiellement héréditaires.
↑ a et bUne charte du annonce un procès jugé par « Godilus, missus illustri viro Bernardo comiti », se référant au comte Bernard. Il est probable que le comte ait été nommé par Pépin, qui devint roi en 814.
↑Par la bulle d’excommunication de Jean VIII pour leur fils Bernard, apparaît la formule latine de « Bernardum filium Bernardi et Belihildis », seule évocation de Bichilde.
↑ a et bVersion francisée du latin Ramnulfus, Renoul est l’un des prénoms équivalents utilisés en français avec « Ramnulf », « Rainulf » mais aussi « Rainulfe »
↑Du latinAdemarus, « Aymar » est l’une des écritures alternatives du prénom avec « Adémar ».
↑À partir de Guillaume Tête d’Étoupe, tous les comtes de Poitiers sont également ducs d’Aquitaine et portent un double numéro d’ordre : le premier pour le comté de Poitiers, le second pour le duché d’Aquitaine. Bien que la dynastie reste poitevine, et que Poitiers reste une des capitales, on use généralement du deuxième numéro, pour des raisons de prestige.
Références
↑Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN2-910919-09-9, ISSN1269-9454, BNF35804152), p. 29
↑Jean Besly, Histoire des comtes de Poitou et ducs d’Aquitaine, Robin, Niort,
↑Michel Dillange, op. cit., p. 29, le donne incertain.
↑Charles Cawley, op. cit. donne une date postérieure à 814, date à laquelle est survenue sa nomination comme missi selon la Vita Hludowici Imperatoris :
« Northbertum Regiensium episcopum et Richoinum Pictavium comitem. »
Voir aussi
Bibliographie et sources
Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, ducs d'Aquitaine : 778-1204, Mougon, Geste éd., coll. « Histoire », , 303 p., ill., couv. ill. en coul. ; 24 cm (ISBN2-910919-09-9, ISSN1269-9454, BNF35804152)
Alfred Richard, Histoire des comtes de Poitou : 778-1204, t. 1 778-1126, Paris, Alphonse Picard & fils éditeurs, (lire en ligne), tome 2, 1126-1204
Maur-François Dantine, Ursin Durand, Charles Clémencet et Simon Pierre Ernst, L’art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques et autres anciens monumens depuis la naissance de Notre-Seigneur, vol. 2, Alexandre Jombert Jeune, Paris, (lire en ligne)
Jean Besly, Histoire des comtes de Poitou et des ducs de Guyenne depuis 811 à Louis le Jeune, Robin & Cie Libraires, Niort, , 233 p. (lire en ligne)