En 800, le roi des Francs Charles Ier (Charlemagne), qui a conquis de vastes territoires en Germanie et en Italie, se fait couronner Imperator Romanorum (« empereur des Romains ») par le pape Léon III en 800, s'instituant ainsi comme continuateur légitime de l'Empire romain d'Occident, créé en 395, comme l'Empire romain d'Orient, et disparu en 476 par la déposition du dernier empereur. L'empereur d'Orient (Imperator Romanorum ou Βασιλεύς Ῥωμαίων, « Empereur des Romains ») est dès lors en théorie empereur de toute la « Romania ».
Cette adoption par Charlemagne d'un titre égal à celui des empereurs d'Orient lui est permise par la possession de Rome depuis sa victoire sur les Lombards en 774, par le soutien du pape Léon III et par l'approbation d'Irène, impératrice d'Orient. Plusieurs diplômes de Charlemagne sont signés du titre d’imperator Romanorum gubernans imperium (« empereur des Romains gouvernant l'empire »).
Son fils, Louis le Pieux, revient au titre ancien d’Imperator Augustus.
Analyse du titre d'Imperator
Le titre d’imperator Romanorum n'était en effet pas utilisé par ceux que l'on appelle couramment empereurs romains, d'Auguste à Romulus Augustulus.
Dans la réforme de la tétrarchie sous Dioclétien, on distingue quatre empereurs, deux Augustes et deux Césars.
C'est seulement à l’époque de Justinien, au VIe siècle, que l'on voit apparaître le titre d’Imperator Romanorum, mais les empereurs romains d'Orient après Justinien continuent à utiliser officiellement les traditionnels nomina romains.
À partir d'Héraclius, ils abandonnent ce système et utilisent le titre grec de Basileus, signifiant en grec classique « roi », mais le sens que lui donne Héraclius est bien celui d'« empereur », puisqu'il est traduit en latin par Imperator. Les simples rois ont alors le titre de rigas, néologisme grec forgé à partir du latin rex (regis au génitif).
Titulature du Moyen Âge
En reprenant le titre d'« empereur des Romains » (Imperator Romanorum), Otton Ier fonde en 962 un nouvel empire, aujourd'hui désigné comme le « Saint-Empire romain germanique ».
Otton III revient au Xe siècle au titre d'empereur des Romains, qui est repris par ses successeurs, que l'historiographie française appelle parfois « empereurs romains germaniques ».
L'empereur est élu par le collège des princes-électeurs, qui, du XIVe siècle au XVIIe siècle, sont au nombre de sept.
Entre le moment de son élection et son couronnement, ce prince portait le titre de roi des Romains. Les conflits permanents entre le pape et les empereurs puis la réforme protestante modifièrent cet usage au XVIe siècle. Sur le modèle des évêques qui portaient le titre d’évêque élu entre leur élection et leur consécration, Maximilien Ier décida, en 1508, de se faire appeler « empereur élu des Romains » (electus Romanorum imperator), faute d’avoir pu être couronné par Jules II. Après un retour à la tradition sous son petit-fils et successeur Charles Quint, couronné par le pape en 1530, Ferdinand Ier et ses successeurs se contentèrent du titre introduit sous Maximilien Ier.
Les empereurs de la période carolingienne
Charlemagne, roi des Francs, deuxième de la dynastie des Carolingiens, vainc les Lombards et leur roi Didier en 774. Le nouvel Empire d'Occident se caractérise par le couronnement impérial par le pape, qui confère une légitimité certaine au nouvel empereur. Le titre d'empereur n'est — en théorie — pas héréditaire. Mais dans les faits, seuls des Carolingiens le porteront, du moins jusqu'en 887. C'est pourquoi les historiens modernes parlent d'Empire carolingien.
Roi des Romains Comte de Nassau-Wiesbaden, de Nassau-Weilburg, de Nassau-Idstein (1276-1298) Margrave de Misnie et landgrave de Thuringe (1294/1295-1298), déposé par les princes-électeurs
Après la défaite de l'Empereur François II et la déposition de son titre impérial lors du traité de Presbourg (1805), Napoléon, après avoir repris à son profit le titre d'Empereur (1804), met fin au Saint-Empire après en avoir détaché les provinces occidentales de langue allemande qu'il transforme en duchés et en royaumes souverains amis de la France et groupés dans la confédération du Rhin, transformant l'Autriche en puissance centrale et orientale et l'éloignant ainsi du poids géostratégique de la France.
Une longue continuité historique prenait ainsi fin et, comme l'écrit Ferdinand Lot, le « » — date de l'abandon par François II de sa qualité d'empereur des Romains — peut être considéré comme l'acte de décès légal de l'Empire romain[1].
↑Ferdinand Lot, La fin du monde antique et le début du Moyen Âge, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'Humanité », , p. 278 : « Empereurs, historiens, juristes du Moyen Âge et des temps modernes ont cru sincèrement que l'Empire, quoique son chef fût de nation germanique, était réellement la continuation de l'Empire romain d'Occident. Si bien que, au point de vue du droit constitutionnel, si l'on veut dresser l'acte de décès légal de l'Empire romain, il faut descendre jusqu'au , jour où François II renonça à son titre d'empereur romain de nation germanique pour prendre celui d'empereur d'Autriche ».