De par le monde, les aires marines protégées sont des zones protégées par la loi ou par d'autres moyens visant à préserver une partie ou l'entièreté de l'environnement, et possédant au moins une partie marine.
On assiste selon François Féral à une « extension récente de la taille des aires marines protégées : une progression des surfaces inversement proportionnelle à leur normativité »[1].
Europe et Atlantique Nord
Haute mer
En 2010, les représentants de 15 pays européens réunis à Bergen (près d'Oslo, en Norvège) par la Convention internationale OSPAR ont décidé de créer six aires marines protégées[2] en eaux profondes de l'Atlantique, sur environ 285 000 km2[3]. Deux zones se trouvent au-delà de la zone de juridiction nationale. La partie nord de la zone de fracture de Charlie Gibbs n'a pas été déclarée comme Aire Marine Protégée contrairement à ce qui avait été proposé[4], principalement à cause des réticences de l'Islande[5] (la zone se trouvant sur son plateau continental[6]).
Le projet MAIA (Marine protected Area In the Atlantic arc) rassemble des partenaires britanniques, français, espagnols et portugais dans le cadre d'un projet de coopération sur la façade atlantique consacré aux aires marines protégées. Organisé sur 3 ans (entre 2010 et 2012), il a eu pour but de partager les expériences à propos des outils de gestion et de rechercher des méthodologies permettant d'améliorer la participation de toutes les parties prenantes au travers de plusieurs ateliers[7],[8].
La liste des aires marines protégées de l'arc Atlantique est disponible en ligne[9]. Chaque AMP a sa propre fiche avec des informations sur son identité, les espèces et habitats présents, la gouvernance, le plan de gestion, la réglementation, etc. De plus, le site permet la visualisation du réseau d'AMP grâce un outil de cartographie dynamique[10].
En , la 5eConférence sur la Protection de la Mer du Nord a adopté la déclaration de Bergen[12], y compris les mesures de suivi concernant les aires marines protégées. Les ministres des pays de la Mer du Nord sont convenus que, pour 2010, plusieurs zones de la mer du Nord seront « désignées Zones maritimes protégées, appartenant à un réseau de sites bien gérés, sauvegardant les espèces menacées ou en déclin, les habitats et les fonctions de l'écosystème, ainsi que les zones qui représentent le mieux la gamme de caractéristiques, écologiques et autres, présentes dans la zone OSPAR ».
La Convention de Barcelone pour la protection du milieu marin et du littoral de Méditerranée s'est fixé en 1976, sous l’égide de l’ONU, des objectifs que les 21 États riverains de la Méditerranée et la Commission européenne s'engageaient à appliquer. Mais 20 ans après (en 2007), ces objectifs étaient encore loin d'être respectés ou atteints, en dépit des Objectifs de biodiversité d’Aichi pris par la CDB lors de la dixième Conférence des Parties (COP10, 2010). Seuls sont classés en « aires marines protégées de Méditerranée » 0,5 % de cette mer (4 % si l’on inclut le sanctuaire Pelagos) alors que 10 % sont prévus par la Convention sur la biodiversité (CBD) d’ici 2012.
Le MedPAN (réseau des gestionnaires d’Aires Marines Protégées de Méditerranée), le WWF, le Parc National de Port-Cros, l’UICN, le Centre d’Activités Régional pour les Aires Spécialement Protégées et 110 experts rassemblés pour la 1re Conférence du « Réseau des Aires Marines Protégées de Méditerranée » ont en octobre 2007[14] lancé un appel aux ministres des pays signataires de la Convention pour accélérer et amplifier son application, en particulier sur la frange littorale marine et concernant les écosystèmes profonds et pélagiques.
La convention visait une protection particulière pour les espèces et habitats menacés dont l’importance est jugée vitale pour la conservation de la Méditerranée.
Un protocole relatif aux aires marines protégées (AMP) et aux « Aires Spécialement protégées de Méditerranée » (zones marines importantes pour la sauvegarde des ressources naturelles et des sites naturels marins) a été adopté en 1982 pour protéger ces zones par toutes les mesures appropriées, et notamment, dans le cadre d’une gestion durable des océans et des espaces littoraux, avec si nécessaire une action rapide de restauration.
Un nouveau protocole de la convention de Barcelone sur la gestion intégrée des zones côtières est signé à Madrid le .
En 2016, le réseau MedPAN et le SPA/RAC publient une évaluation de l’état actuel des Aires Marines Protégées (AMP) et des Autres Mesures Spatiales de Conservation (AMSC) en Méditerranée, qui dénombre 1 215 AMP et AMSC en Méditerranée qui couvrent 17 362 km2, ce qui place 6,81% de la Méditerranée sous désignation officielle (quoique sous une grande variété de modalités de conservation, avec 54 désignations différentes)[15].
72,77 % de la surface couverte est située en Méditerranée occidentale et 90,05 % de la superficie totale couverte par les AMP et les AMCS se trouvent dans les eaux de l’UE[15].
9,79 % des eaux européennes sont couvertes, principalement du fait du réseau Natura 2000 en mer, très peu restrictif[15]. Les désignations nationales (de type parc national) représentent seulement 1,6 % de l'ensemble et les zones d’accès interdit, de non-prélèvement ou de non-pêche, à peine 0,04 % (pour 76 sites[16])[15].
La protection vise essentiellement des espaces stratégiques à haute valeur environnementale, comme les herbiers de Posidonie (39,77% sont protégés) et les communautés coralligènes méditerranéennes (32,78% couverts)[15].
La surface des AMP est un facteur stratégique de leur efficacité. Actuellement, 65,05 % des AMP de statut national ont une surface marine inférieure à 50 km2, dont 69 sites avec une aire marine inférieure à 10 km2. Seules 46 AMP nationales ont une surface marine supérieure à 100 km2[15].
L'âge des AMP est un autre facteur de succès, et sur ce point les AMP de Méditerranée peuvent se prévaloir d'excellents chiffres : 78% des AMP de désignation nationale ont plus de 10 ans (âge de « maturité ») et 46 sites ont plus de 20 ans. Sur l’ensemble des AMP et AMSC, 48% ont plus de 10 ans[15].
« D’ici à 2020, au moins 17 % des zones terrestres et d’eaux intérieures et 10% des zones marines et côtières, y compris les zones particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin. »
Ia - Réserve Naturelle Intégrale : aire protégée gérée principalement à des fins scientifiques ou de protection des ressources sauvages
Ib - Zone de Nature sauvage : aire protégée gérée principalement à des fins de protection des ressources sauvages
II - Parc national : aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives
III - Monument naturel : aire protégée gérée principalement dans le but de préserver des éléments naturels spécifiques
IV - Aire de gestion des habitats ou des espèces : aire protégée gérée principalement à des fins de conservation, avec intervention au niveau de la gestion
V - Paysage terrestre ou marin protégé : aire protégée gérée principalement dans le but d'assurer la conservation de paysages terrestres ou marins et à des fins récréatives
VI - Aire Protégée de ressources naturelles gérée : aire protégée gérée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels
Références
↑François Féral, « L’extension récente de la taille des aires marines protégées : une progression des surfaces inversement proportionnelle à leur normativité », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 9 | Juillet 2011, mis en ligne le 06 juillet 2011, consulté le 10 août 2014. URL : http://vertigo.revues.org/10998 ; DOI : 10.4000/vertigo.10998
↑(en) Partnership for interdisciplinary studies of coastal oceans, The Science of Marine Protected Areas, Université Nice-Sophia-Antipolis, , 22 p..
↑ a et bAgardy T., Bernal M., Borg J., Calò A., Cebrian D., Claudet J., Daméry C., David L., Davis J., El Asmi S., Giakoumi S., Gomei M., Guidetti P., Hoyt E., Jeudy de Grissac A., Kizilkaya Z., Mazaris A., Notarbartolo di Sciara G., Ody D., Otero del Mar M., Ouerghi A., Piante C., Rais C., Ramos A., Romani M., Salivas M., Sostres M., Tetley M.J., Thomas H. et Tunesi L., « Le statut des Aires Marines Protégées de Méditerranée - Édition 2016 », sur MedPAN.org, .
(en) Joachim Claudet, Marine protected Areas : A multidisciplinary approach, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Ecology, Biodiversity and Conservation », , 380 p. (ISBN978-0-521-76605-0).
(en) Partnership for interdisciplinary studies of coastal oceans, The Science of Marine protected Areas, Université Nice-Sophia-Antipolis, , 22 p..