L’œuvre peint[a] de Pieter Brueghel l'Ancien est constitué de 47 tableaux répertoriés comme étant de sa main, auxquels s'ajoute un nombre indéterminé d'œuvres qui ont été perdues. Plusieurs tableaux jadis attribués à Brueghel l'Ancien s'avèrent être des copies réalisées par son fils, Pieter Brueghel le Jeune, ou bien l'œuvre d'autres artistes, comme Jean Fouquet ou Joos de Momper ; certains n'ont pas pu être attribués.
Œuvres attribuées à Pieter Brueghel l'Ancien et encore conservées au XXIe siècle
Le tableau le plus ancien répertorié, mais disparu, de Pieter Brueghel l'Ancien date de 1551[1] et le premier tableau signé « P.BRVEGHEL » et encore conservé au XXIe siècle, Le Christ et les apôtres au lac de Tibériade, porte la date de 1553, mais l'artiste ne se consacra pleinement à la peinture qu'à partir de 1557. Dès 1559, il supprima le « H » de son patronyme et signa « BRVEGEL »[2]. Sa signature est suivie de la date en chiffres romains ou en chiffres arabes. Ses derniers tableaux sont datés de 1568, année qui précède celle de son décès.
Hormis quatre œuvres appartenant à des collections privées, la plupart de ces tableaux sont conservés dans des musées en Europe (dont douze au musée d'histoire de l'art de Vienne) ; seuls quatre tableaux se trouvent dans des musées aux États-Unis.
Liste des œuvres peintes de Pieter Brueghel l'Ancien
Le Retable de Saint-Bavon est une huile sur bois, avec deux volets extérieurs en grisaille, exécutée en 1550-1551 en collaboration avec Pieter Balten et sous la direction de Claude Dorizi, commanditée par la corporation des gantiers de Malines ; ce retable, appelé aussi Saint Gommaire et Saint Rombaut, se trouvait jadis à Malines dans la cathédrale Saint-Rombaut[58].
Le , Claude Dorizi s'engageait à livrer avant le , un triptyque commandé par la Guilde des gantiers de Malines pour leur chapelle à la cathédrale Saint-Rombaut ; à l'intérieur devait être représenté un épisode de la vie de Saint Gommaire, patron des gantiers, et à l'extérieur, l'image du même saint accompagnée de celle de Saint Rombaut, traités en grisaille. Un document de 1608 précise que l'exécution de l'ensemble fut confiée à Brueghel et à Peeter Balten qui peignit l'intérieur tandis que Brueghel exécutait la grisaille : cette répartition du travail était normale étant donné que Balten était beaucoup plus âgé que Brueghel. Monballieu et Marlier expliquent la genèse du triptyque en supposant que Dorizi, bien que peintre de la corporation de Malines, devait surtout être un entrepreneur de travaux d'art ; il se pourrait aussi qu'il se soit limité à dessiner l'ensemble et qu'il en ait confié l'exécution à des collègues selon une pratique assez commune[59]. Cette œuvre disparut pendant les troubles survenus à Malines entre 1572 et 1585[1].
La Chute d'Icare
Deux copies de La Chute d'Icare, l'une sur toile, l'autre sur bois, longtemps attribuées à Pieter Brueghel l'Ancien, laissent présumer l'existence d'un original disparu[60].
L'excision de la pierre de folie
L'œuvre fut d'abord connue par une estampe anonyme annotée Bruegel inventor 1557, et portant le titre flamand Den Denken van Ronse in Vlaedere (Le Doyen de Renaix en Flandres), où l'on voit un rapport avec la réputation de folie des habitants de Renaix, ensuite les critiques Friedländer, Baldass et Glück eurent connaissance de deux versions peintes, l'une au musée de l'hôtel Sandelin à Saint-Omer[61], l'autre appartenant à la collection Molène à Paris (1907), et portant toutes deux une signature apocryphe[62]; enfin Friedländer publia de mauvaises photographies d'une version, conservée dans la collection Gerhart de Budapest, jusqu'en 1911, puis dans la collection Palugyan, également à Budapest[61]. L'original aurait brûlé en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale[62].
Le cycle des saisons : avril-mai
Blasius Hütter, secrétaire privé de l'archiduc Ernst, gouverneur des Pays-Bas espagnols, précisa, lors de l'inventaire du à la mort de l'archiduc, que les magistrats de la cité d'Anvers lui avaient offert, le , six panneaux représentant les saisons[63],[64]. Ces panneaux, peints pour le marchand anversois Niclaes Jonghelinck, furent cités dans un acte conclu avec les autorités communales d'Anvers, devenues propriétaires de la collection Jonghelinck.
David Teniers le Jeune, dans son Theatrum Pictorium publié en 1660, écrivit qu'il vit au Stallburg à Vienne : « … soubz et entre les fenestres, sont posées autres peintures, plusieurs desquelles vous sont incognues. Entre icelles sont six piéces de l'ancien Brueghel, qui représentent la diversité des douze mois de l'année[65],[66]. » L'inventaire des collections de l'archiduc Léopold-Guillaume, dressé en 1659, n'en énumère plus que cinq : « Fünff grosse Stückh einer Grossen, warin die Zeithen des Jahr von Ohlfarb auf Holcz... Original vom alten Brögel ». Le panneau manquant (avril-mai) aurait donc disparu vers le milieu du XVIIe siècle à Vienne[67].
Œuvres jadis attribuées à Pieter Brueghel l'Ancien
Liste d'œuvres jadis attribuées à Pieter Brueghel l'Ancien
↑Œuvre est masculin quand il désigne l’ensemble des œuvres (d’un peintre, d’un graveur, d’un musicien), l’ensemble de réalisations, de créations (dans un domaine quelconque), l’ensemble des œuvres (d’un écrivain ou d’un groupe d’écrivains à l’intérieur d’une école, d’une période)… : Tout l’œuvre de Gide….Œuvre (CNRTL)
↑ a et bDelphine Gervais de Lafond, Bruegel l'Ancien ou « paysan Bruegel » : au cœur du folklore des anciens Pays-Bas, Namur, 50 Minutes, coll. « Artistes » (no 45), , 36 p. (ISBN2806258189 et 9782806258182).
↑(de) Alexander Wied, « Verzeichnis der Gemälde Pieter Bruegels d. Ä. S. 155, S/W-Abbildung Nr. 1 (Christus erscheint den Aposteln am See bei Tiberias) », dans Hg. Wilfried Seipel, Pieter Bruegel d. Ä. im Kunsthistorischen Museum Wien, Milan, Skira editore, (ISBN978-3-85497-133-7).
↑(en) M. Destombes, « A Panorama of the Sack of Rome by Pieter Bruegel the Elder », Imago Mundi, vol. 14, , p. 64-73 (lire en ligne).
↑François Daulte, La Collection Bentinck-Thyssen aux Musées de l’Etat du Grand-Duché de Luxembourg, Lausanne, Bibliothèque des Arts, , p. 8.
↑(en) Jonathan Jones, « It may be a 450 year old painting of a pigsty. But it's still the hottest thing on the British art scene », The Guardian, (lire en ligne, consulté le ).
↑Jean Vouet, « Salles des ventes Un Pieter Brueghel chez Christie's.! », Le Soir, (lire en ligne [html], consulté le ).
↑(de) Ursula Härting, « Fragen an eine Kreuzerrichtung mit dem heiligen Bavo : Bemerkungen zu einer verlorenen Cruyssingh Crísty von Pieter Bruegel I », Niederdeutsche Beiträge zur Kunstgeschichte, vol. 30, , p. 97-118 (ISSN0078-0537).
↑G. Marlier, « Peeter Balten, copiste ou créateur ? », Bulletin Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, vol. 14, , p. 127-141.
↑P. Coremans, « L'Archiduc Ernest, La cour et ses dépenses d'après les comptes de Blaise Hütter, son secrétaire intime et premier valet de chambre », Bulletin de la Commission d'Histoire 13, 1947, p. 101, 141.
↑(nl) M. de Maeyer, « Albrecht und Isabella en de Schilderkunst », Verandelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Wettenschappen, Letteren und Schone Kunsten van Belgie. Klasse der Schone Kunsten Verhandelingen, vol. 9, Brussel, 1955, p. 259, doc. 7-12 : Sechs Tafeln, von 12 Monaten des Jahres von Bruegel.
↑(de) K. Demus, F. Klauner et K. Schutz, Flämische Malerei von Jan Van Eyck bis Pieter Bruegel der Ältere, Vienne, Kunsthistorisches Museum Wien, , p. 87.
↑(nl) H. Vlieghe, « David Teniers II en het hof van aartshertog Leopold Wilhelm en Don Juan van Oostenrijk », Gentse Bijdragen tot de Kunst Geschiedenis, vol. 19, , p. 23-49.
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(en) Fritz Grossmann, Bruegel : The Paintings, Complete Edition, Londres, Phaidon, , 2e éd., 205 p.
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Roger Hendrik Marijnissen, P. Ruyffelaere, P. Van Calster et AWFM Meij, Bruegel, tout l'œuvre peint et dessiné, Paris, Fonds Mercator Anvers, éditions Charles Moreau, .
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