Les Gardiennes (roman)
Les Gardiennes est un roman d'Ernest Pérochon paru en 1924. Il dépeint principalement la vie et le labeur des femmes de la campagne dans les Deux-Sèvres pendant la Première Guerre mondiale alors que les hommes valides sont tous au Front. Le ton en est ouvertement féministe. En l'absence des hommes, il a fallu continuer à élever et éduquer les enfants, cultiver la terre, s'occuper des animaux, nourrir la population ; la Femme est devenue la gardienne du foyer et de la terre. RésuméLe , en France, les hommes sont mobilisés et les bons chevaux réquisitionnés. Hortense Misanger voit partir ses trois fils et son gendre au Front. Le gendre et l'un de ses fils sont paysans. Elle souhaite, de plus, que le plus jeune, Georges, épouse une fille du pays, Marguerite, fille d'un cousin boulanger. Le mari d'Hortense, Claude est usé par le travail et n'a plus la volonté de continuer. Dotée d'une grande énergie et d'un caractère particulièrement autoritaire, Hortense va se dépenser sans compter et imposer implacablement sa volonté à son entourage au mépris des conséquences et du bonheur réel des membres de sa famille. Elle veut atteindre à tout prix son objectif : le maintien des deux fermes et de la boulangerie et même, si possible, leur amélioration afin de prouver, au retour des hommes, que les femmes ont su tenir leur rang. La tâche étant immense, elle engage des aides dont une jeune bonne issue de l'Assistance publique[1], Francine. L'arrivée des Alliés américains va aussi secouer ce petit monde. Le roman se situe dans le marais poitevin et ses alentours. Personnages
L’œuvreL'époque et ses mentalitésLe roman décrit de façon réaliste et exacte la situation des paysans et paysannes restés au pays pendant que les hommes valides sont partis à la guerre. Bien que le roman soit principalement axé sur la condition féminine, Pérochon n'oublie ni les enfants ni les vieillards qui fournissent leur part de travail. Les femmes sont généralement soumises à leurs maris, Hortense représentant l'exception. « Solange dirige la maison, pour le reste, c'est ma volonté qui règne[2] » affirme Clovis. Développer et transmettre la terre familiale et, si possible, installer d'autres enfants reste l'objectif principal des paysans. Le lieuSérigny, localité imaginaire, située en bordure du marais poitevin rappelle à la fois Coulon (Deux-Sèvres), commune du marais « au bord d'une rivière canalisée[3],[4]» et sa voisine, Saint-Rémy, située « au nord où la plaine s'étend à perte de vue »[4]. La ville proche où les coquettes vont s'habiller[5] peut être Niort où Pérochon s'installe en 1920 et, le port d'où débarquent les soldats américains, La Rochelle. Ernest Pérochon a été instituteur à Vouillé situé à 13 km de Coulon de 1915 à 1920 et connaît donc bien la région. Il connaissait aussi Louis Perceau qu'il a pu rencontrer dans les couloirs de L'Humanité lors de la publication de son premier roman en feuilleton dans ce journal[6]. Louis Perceau était né à Coulon et a écrit Les Contes du marais poitevin dont le héros, « La Pigouille », est, d'évidence, de la même veine que le personnage de Maryvon[7]. Les thèmes abordés
Ces thèmes sont imbriqués. En faisant ses adieux, le soldat promet de revenir, c'est sa fidélité à son foyer et à sa terre ; implicitement en retour, l'épouse lui promet d'être fidèle. Mais, il se peut que la guerre dure et que les sangs s'échauffent. L'émancipation économique est réalisée par nécessité. Durement gagnée, elle fait la fierté des femmes du roman. Cependant, le dénouement laisse entendre que ces succès pourraient bien n'être qu'éphémères.
Les femmes cumulent le travail domestique et le travail aux champs. Les hommes sont brutaux. La vie des jeunes filles n'est pas simple (histoire banale mais toujours cruelle de la jeune fille pauvre séduite puis abandonnée enceinte). On retrouve ces idées dans la plupart des romans de Pérochon (Les Creux de maisons, Nêne).
On retrouve là, Pérochon, l'instituteur et pédagogue qui avait des aspirations très novatrices pour l'époque et qu'il a parfois exposées avec humour[8].
Le stylePérochon écrit de façon claire et précise[6]. Le ton est alerte et empreint d'émotions, la langue émaillée de mots et de tournures propres au poitevin. Le sujet du roman ne laisse pas indifférent. Pour aller plus loinLivresLe roman a été réédité chez Marivole Éditions (disponible aussi sur tablettes de lecture) et Geste Éditions. Articles connexesFemmes pendant la Première Guerre mondiale L'arrière en France pendant la Première Guerre mondiale FilmLe film Les Gardiennes de Xavier Beauvois s'inspire très largement du roman bien que l'action soit située dans la campagne proche du Dorat. Il est sorti en France le . Notes et références
Voir aussiBibliographieArticles connexesLiens externes |