Le YaudetLe Yaudet
Prononciation Le Yaudet est un hameau de la commune de Ploulec'h qui occupe un site d'oppidum remarquable, qui fut longtemps une ville et un port important. GéographieLe Yaudet occupe un promontoire escarpé entre l'embouchure du Léguer au nord et la vallée de la Vierge à l'ouest, formant un oppidum maintes fois occupé par l'homme, qui a été important dans l'histoire de la région même si ce n'est plus actuellement qu'un hameau de quelques maisons autour d'une chapelle, dépendant de la commune de Ploulec'h. HistoireSur la Pointe du Yaudet, à l'embouchure du Léguer, naquit une cité d'importance, connue au Moyen Âge sous le nom de « Vetus Civitas », « Vieille Cité » ou « Vieux Monastère », selon les étymologies, elle sera ensuite nommée « Ar Yeoded » en breton, Le Yaudet en français. À tort semble-t-il, certains historiens, à la suite de Le Baud, ont voulu voir dans Le Yaudet l'ancienne Lexovie (Lexobie) alors qu'il s'agit très probablement de Lisieux[1]. Un site occupé dès la PréhistoireLe site a été habité dès le Néolithique, puis à l'âge du bronze même si les traces qui en sont conservées sont ténues. Deux fours de l'Âge du fer ont été retrouvés par les archéologues[2]. Les traces des premières maisons véritablement retrouvées datent du Ier siècle de notre ère. Un village de quelques centaines d'habitants occupait alors le plateau au sud, surplombant le port, et la population transformera la Pointe en éperon barré. Les hommes bâtirent un rempart fait de terre et de pierre de type murus gallicus, allant des rochers de Beaumanoir, dominant la baie de la Vierge, jusqu'à la pointe rocheuse qui descendait vers le port. AntiquitéLe port était alors actif si l'on en juge par les monnaies retrouvées sur le site et qui prouvent des échanges commerciaux avec les Abrincates, les Osismes et les Coriosolites ; on y a même trouvé des monnaies carthaginoises[2]. Puis l'occupation romaine facilite des échanges commerciaux avec l'Italie. Une garnison romaine s'installe jusqu'au IVe siècle. Une borne milliaire retrouvée à proximité (et désormais intégrée dans le mur de l'enclos paroissial de l'église de Ploulec'h) prouve que Le Yaudet était relié au réseau des voies romaines de l'époque. Jules César a écrit que les peuples de l'Armorique « avaient pour habitude en bâtissant leurs forteresses et leurs villages, de choisir les extrémités des langues de terre et des promontoires, de manière qu'elles fussent inaccessibles aux troupes de terre à la marée montante, ce qui arrive deux fois dans l'espace de douze heures, et inabordables aux navires qui s'abimaient dans les sables à marée basse »[3]. La fouille effectuée a mis au jour une fortification (édifiée sur les ruines d'un rempart gaulois) datant de la fin du IIIe siècle, à une époque troublée, des pirates venus des rivages de la mer du Nord ou d'Irlande menaçant alors la péninsule armoricaine[4]. Le Yaudet est aussi à l'époque un port de pêche : un mur de pierres subsiste partiellement barrant la baie de la Vierge dont l'usage était, sans doute, de piéger le poisson à marée descendante ou de faire tourner un petit moulin à marée. D'abondants vestiges de cultures en bandes étroites montrent en effet que le sommet du promontoire fut exploité entre le Ve et le XIe siècle par des communautés d´agriculteurs. La légende raconte qu'Enora, la chaste épouse de saint Efflam, partie à sa recherche en Armorique, vit son esquif de cuir échouer dans la baie de la Vierge, retenu par les pierres en fermant l'entrée à marée descendante. Un monastère fut dès lors fondé à cet endroit. Il n'y subsistera que du Ve au VIIIe siècle. Cette légende est à l'origine du récit qui fait du Yaudet le siège du premier évêché du Trégor (bien avant Tréguier) dès 169, le premier évêque se nommant Gwenalus (ou Guennaleus), mais ce récit est semi-légendaire, aucune preuve historique ne le confirmant[5]. Un mur de pierres percé de portes d'accès est encore visible : c'est la trace du rempart construit pour protéger les habitants des attaques saxonnes puis vikings, ces derniers brûlant le village en 826 [réf. nécessaire]. Des habitants reviennent toutefois occuper encore le site jusqu'au XIIe siècle. Le Moyen Âge et l'abandon progressifDès la période romaine, Lannion évince peu à peu Le Yaudet de sa fonction de port du Léguer. Le Yaudet fut toutefois encore la capitale du pagus Civitatis, un pagus de la Domnonée[6]. Le Yaudet, alors dénommé Cos-Guéodet (Coz-Yaudet) fut, au sein de l'évêché de Tréguier, le chef-lieu de l'archidiaconé de Pou-Castel[7], lequel comprenait 29 paroisses et 10 trèves (Botsorhel ; Garlan ; Guerlesquin ; Guimaëc ; Le Ponthou ; Plestin et Trémel, sa trève ; Plouaret-Vieux-Marché ; Ploubezre ; Plouégat-Guérand ; Plouezoc'h ; Plougasnou et Saint-Jean-du-Doigt, sa trève ; Plougonven et Saint-Eutrope, sa trève ; Plougonver et Chapel-Nevez, sa trève ; Plougras, avec Loguivy-Plougras et Lohuec, ses trèves ; Ploujean ; Plouigneau et Lanneanou, sa trève ; Ploulec'h ; Ploumilliau et Kéraudy, sa trève ; Plounérin ; Plounévez-Moëdec ; Plourin et Le Cloître, sa trève ; Plouzélambre ; Plufur ; Saint-Mathieu de Morlaix ; Saint-Melaine de Morlaix ; Saint-Michel-en-Grève ; Trédrez et Locquémeau, sa trève ; Tréduder[8]. À partir du XIIIe siècle, le site est progressivement déserté au profit des sites de Ploulec'h (la commune dont dépend Le Yaudet) et de Lannion ; il est totalement abandonné au XVIe siècle. Monuments et sitesLa chapelle Notre-Dame du YaudetConstruite sur les fondations d'un ancien temple romain, une première chapelle fut construite au XIe siècle et détruite en 1855[9]. La chapelle actuelle fut achevée en 1861, mais elle conserve certains éléments de la chapelle antérieure dont le clocher-mur et la tourelle d'accès de style Beaumanoir et un retable du XVIIe siècle représentant une Vierge couchée allaitant l'Enfant Jésus, représentation rare dans laquelle certains voient une survivance de la déesse Cybèle qui était fréquemment représentée ainsi. D'autres y voient une influence du culte d'Isis ou une résurgence des croyances préhistoriques en une Déesse-Mère, d'autant plus que la tradition était de célébrer en ce lieu une messe solennelle chaque premier mai à minuit, date qui correspond à la fête celte de Beltaine[10].
— Pierre Barbier, « Le Trégor historique et monumental. Étude historique et archéologique sur l'ancien évêché de Tréguier », Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1960, p. 211-215, 316-323 La chapelle est au milieu d'un enclos paroissial. Un Pardon annuel est organisé et la chapelle est aussi un lieu de pèlerinage à la « Vierge couchée » (nombreux ex-votos)[12]. En , Nolwenn Leroy a tourné son clip "Juste pour me souvenir" dans la chapelle du Yaudet[13].
Autres monuments et sites
Bibliographie
Notes et références
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