En 1947, Gaspard, un jeune homme comme il faut, est transféré dans une nouvelle cellule de la prison de la Santé, dans laquelle il apprend que ses codétenus ont décidé de s'évader en creusant un tunnel. Gaspard participe aux préparatifs et se lie d'amitié avec ses nouveaux compagnons.
Jean Keraudy : Roland Darbant, le détenu, chef du plan d'évasion (Jean Keraudy, pseudonyme de Roland Barbat, était réellement impliqué dans la tentative d'évasion de 1947, et c'est lui qui introduit le film)
Philippe Leroy : Manu Borelli, un détenu (dans la réalité José Giovanni, pseudonyme de Joseph Damiani, auteur du roman autobiographique d'origine)
Le film est salué comme étant le meilleur film de Jacques Becker ; il est salué comme un chef-d'œuvre par François Truffaut. L'attention donnée aux détails des préparatifs de l'évasion éclipse presque le jeu des acteurs pour donner au film un caractère de documentaire. Le cinéaste Jean-Pierre Melville le considère alors comme « le plus grand film français jamais réalisé »[3].
« On peut parler aujourd'hui non plus de talent minutieux mais de génie, c'est-à-dire du triomphe de quelque chose d'unique et d'absolu que les autres cinéastes n'ont pas encore atteint : une totale simplicité alliée à une justesse de ton sans défaillance. Des regards précis, des gestes vifs, des visages vrais contre des murs neutres, une diction archi-naturelle. Les cinq détenus du Trou avancent vers la liberté en même temps que Becker avance vers la poésie c'est-à-dire vers l'apparence du documentaire pur. »
« (…) sa maîtrise, sa maturité, lui dictèrent un film immense, où tous les aspects essentiels de l'homme allaient être traités : la dignité, le courage, la fraternité, l'intelligence, la noblesse, le respect et la honte (…). Combien faudrait-il de pages pour énumérer les merveilles de ce chef-d’œuvre, de ce film que je considère — et là je pèse bien
attentivement mes mots — comme le plus grand film français de tous les temps ? »
« On a beaucoup dit que Le Trou était un film d'objets. Il est vrai que le plus minuscule accessoire, décrit avec la plus extrême précision, peut jouer un rôle capital (…) Sobriété, rigueur, efficacité, tels sont les termes dont on peut user pour qualifier ce film posthume dont il n'est pas exagéré de dire qu’il est un testament. »
Au , Le Trou cumule 91 936 entrées[5]. En un an d'exploitation, le film enregistre 1 101 530 entrées[6]. Le Trou finira son exploitation avec 1 383 312 entrées[7]
Autour du film
Jacques Becker est mort en 1960 alors qu'il venait de terminer le montage du film.
Jean Becker, fils de Jacques et son assistant réalisateur sur Le Trou, était joueur de volley-ball. Il avait pour capitaine d'équipe un certain... Michel Constantin. Ce dernier n'avait jusqu'alors fait que de la figuration dans un film de Marc Allégret, mais son visage « hors du commun » intéresse suffisamment le futur réalisateur qui recrute le débutant pour interpréter un rôle majeur, celui d'un des cinq prisonniers de la cellule.
Jean-Pierre Melville révèle, dans son livre d'entretiens avec Rui Nogueira, que Becker, insatisfait de la qualité des scènes, les tourna à nouveau aux Studios Jenner, dont Melville avait fait réaménager la menuiserie en plateau de tournage. Les deux hommes se portaient une grande estime mutuelle.
Thomas Baurez, « Le Trou : peine capitale », Première Classics, Première, Hildegarde, no 12 « Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue », , p. 95-105 (présentation en ligne).
Denis Zorgniotti et Ulysse Lledo, Une histoire du cinéma français : 1960-1969, LettMotif, , 520 p. (ISBN9782367163963, lire en ligne), « Le Trou de Jacques Becker », p. 33-34.
Livres
Emmanuel Girard, Le Trou, de Jacques Becker, L'Harmattan, coll. « Sang maudit », , 84 p. (ISBN978-2-296-13075-3).