La série Le Furet est publiée dans Pif gadget pour la première fois dans le n°319 du . Elle s'inscrit dans ce qui est appelé "Le grand virage" pris par le magazine au début de l'année 1975, avec un changement de formule de Pif gadget et l'arrivée de nouvelles séries dont Le Furet fait partie. Néanmoins, la série ne bénéficie d'aucune publicité ou d'annonce de publication dans la revue. Le nom de la nouvelle série, illustré d'un dessin, apparaît uniquement à l'occasion du « référendum », une rubrique appelée Bulletin de vote, qui permet aux lecteurs de choisir les séries qu'ils veulent lire dans le journal la semaine suivante. Le Furet fait partie de la catégorie « Histoire et légendes » où il remplace la série Robin des Bois, des mêmes auteurs, à partir du Pif gadget n°317. À la suite de la publication du premier épisode, c'est dans cette même rubrique que le journal présente succinctement la nouvelle série[N 1].
La série, au début de sa publication[N 2], est en "concurrence" dans sa catégorie avec les séries Fanfan la Tulipe, Lucien des Bois, Corsaire Julien et parfois Loup Noir ou Univerzoo.
Comme toutes les séries de la revue, elle est construite en récits complets, de douze planches. Initialement publiée en noir et blanc, la série passe en couleurs, comme l'ensemble de Pif gadget à partir du 7e épisode Le Voleur de couronne. À la suite du deuxième changement de formule du magazine en septembre 1975, et l'arrivée de nouvelles séries, Le Furet ne parvient pas à s'installer dans l'hebdomadaire et ne connaît finalement que treize épisodes ; la série s'arrêtant en août 1976. Ce fut un regret pour le créateur du FuretJean Ollivier, scénariste de multiples séries, mais attachée à celle-ci :
« Certaines séries n'obtenaient pas le succès escompté. J'ai regretté "Le Furet", j'aimais bien ce personnage. Et puis il faut dire qu'à cette époque-là, la vie de la rédaction était troublée, il était difficile d'avoir une certaine continuité dans les projets[1]. »
Contexte historique
Les aventures du Furet se déroulent à la fin du Moyen Âge, le premier récit cite la date de 1460, on voit mentionner dans la suite des aventures l'année 1461. Le cadre de l'action est un Royaume de France pacifié avec la fin de la guerre de Cent Ans. Les premiers épisodes se situent à la fin du règne de Charles VII, dont le Furet est un opposant, avant de devenir un agent de son successeur, Louis XI.
Furet est un orphelin recueilli sur le Pont Neuf à Paris par les gueux de la Cour des miracles. Il est initié très tôt à la gymnastique, domaine dans lequel il excelle, ce qui lui permet de se glisser n'importe où et qui lui donne son surnom. Il est espion du roi de France Louis XI et travaille également pour la République de Gênes, mais le fait rarement pour de l'argent. En effet, il négocie souvent la libération de ses amis de la Cour des miracles en échange de ses services. Joueur de luth, il se mue en troubadour pour les besoins de sa couverture, chantant les poètes Rutebeuf[N 3], Charles d'Orléans[N 4] ou des chansons traditionnelles comme « Aux marches du palais ». Cultivé, il cite Dante[N 5] en italien, et il compte également le poète François Villon parmi ses amis.
Bourrache, que Furet désigne comme son plus-que-père, est un gueux de la Cour des miracles qui l'a recueilli enfant. Il lui a appris le maniement du bâton et le combat au corps à corps. Ce montreur d'ours l'accompagne souvent au cours de ses aventures, n'hésitant pas à user de sa force physique.
Babette est le seul personnage féminin de la série, elle reste relativement effacée. Elle apparaît généralement à la Cour des miracles ou sur la place de Notre-Dame, accompagnée de sa chèvre, au début et à la conclusion de l'histoire mais n'y participant pas. Douce et inquiète, elle semble aimer Furet.
Le Jongleur est le second père du Furet, qui le recueillit avec Bourrache. Il enseigne au Furet les arts gymniques. Personnage important de la Cour des miracles, il devient le roi des gueux à la place du corrompu Scaramouche, à l'issue du premier épisode. Capturé par le prévôt de Paris et condamné à mort, il est délivré par les gueux, avec l'aide du Furet, sur la route du gibet de Montfaucon.
Le roi Louis XI est un personnage récurrent de la série. Il est encore dauphin de France au début de la série, puis en devenant roi de France, il devient employeur des talents du Furet, dont il reconnaît la valeur. Furet lui avait sauvé la vie, alors qu'il n'était encore que dauphin, et Louis signe, en devenant roi, la Charte des Gueux, les autorisant à vivre à la Cour des miracles. Il est souvent accompagné de son conseiller, Olivier le Diable.
Olivier Le Daim, surnommé Olivier le Diable dans la série, est conseiller principal de Louis XI. Il n'a pas la même confiance que le roi vis-à-vis du Furet. Il se méfie du Furet et ne tolère pas les arrangements entre celui-ci et le roi, notamment quand il est question des gueux de la Cour des miracles.
Ritournelle
Jean Ollivier place quasiment dans chaque épisode, cette ritournelle enfantine au lien évident avec le héros de la série :
Récit sans titre publié dans Pif gadget spécial ballon hurleur
Incohérences temporelles
L'ensemble de la série est cohérente avec l'époque de l'action, la fin du XVe siècle, notamment au niveau des costumes et de l'armement, spécialité d'Eduardo Coelho. Malgré cela quelques erreurs de temporalité se sont glissées dans le récit. Jean Ollivier parle par exemple du pont Neuf à Paris, alors qu'il n'est construit qu'à la fin du XVIe siècle. De même, dans le récit Le Voleur de couronne, Le roi Louis XI veut aider le jeune Édouard d'York à devenir le nouveau roi d'Angleterre, or Louis n'est pas encore lui-même roi de France au moment de ces événements. Enfin, Furet ne peut pas rencontrer Francesco Foscari à Venise après 1460, celui-ci étant décédé depuis 1457.
Notes et références
Notes
↑Il court, il court le Furet... L'auras-tu la semaine prochaine ? Encore une nouvelle histoire, un grand héros. Tu viens de découvrir « Le Furet ». Le préfères-tu à Fanfan ? Tout dépend de toi.
↑La rubrique Bulletin de vote existe du Pif gadget n°311 au n°340, cela couvre les cinq premiers épisodes de la série.
↑ a et bLe titre du récit apparaît sur la couverture du magazine.
Références
↑Jean Ollivier, interview de Georges Simonian, José Tardieux et Gérard Thomassian, dans « Hop ! » n°152, mars 2017.
Annexes
Documentation
Sur la série :
« Le Furet », dans « Mon camarade », « Vaillant », « Pif Gadget ». L'Histoire complète. 1901-1994, chap. « Changements de cap et nouvelles séries », de Richard Medioni, Éditions Vaillant Collector, 2012, pp.510-511.
Christophe Quillien, « Le Furet », dans Pif Gadget : 50 ans d'humour, d'aventure et de BD, Hors Collection, (ISBN9782258152601), p. 42-43.
L'Universelle Aragne, récit de Jean Ollivier avec Eduardo Coelho (dessin), dans De Louis XI à Louis XIII intégrale T.4 de l'Histoire de France en bande dessinée, éditions Larousse, 1976.