Issue de la paroisse nommée Le Chesne-Pouilleux durant l'Ancien Régime puis Le Chesne-la-Réunion durant la Convention, la commune a pour nom « Le Chêne » à sa création en 1793, puis « Le Chesne » attesté dès 1801, nom qu'elle conserve officiellement depuis[3],[4].
Au seizième siècle, on rencontre « Le Chesne Populeux[5] ». D'ailleurs, un document officiel mis à jour en 2013[6] donne encore la forme « Le Chesne-Populeux ».
Historiquement, Le Chesne a la particularité linguistique d'avoir le "Le", ainsi que l'espace, faire partie intégrante du nom. Selon les puristes, on ne ferait donc pas la contraction "au Chesne", ni "du Chesne", mais on dirait bien "à Le Chesne" et "de Le Chesne". Aujourd'hui encore, la question suscite le débat[7].
Histoire
Période antique
Il ne semble pas qu'il y ait eu une occupation préhistorique : situé dans une cuvette marécageuse, l'endroit n'est alors qu'un lieu de passage. À la suite de la conquête romaine, une voie romaine est établie qui traverse ce territoire d'est en ouest, selon un tracé rectiligne correspondant grosso modo à la D977 entre Le Chesne et Pont-Bar, à la rue Notre-Dame et au tracé d'un chemin communal entre Le Chesne et Voncq : cette ancienne voie romaine est la voie romaine reliant Trèves à Reims. Elle ne figure pas dans la table de Peutinger mais apparaît dans l'itinéraire d'Antonin sans qu'une implantation permanente ne soit mentionnée pour l'emplacement du Chesne. C'est un point intermédiaire entre Voncq et Stonne, deux camps militaires importants. Un habitat apparaît au fil des siècles le long de cette voie romaine[8],[9].
En 1200, Hugues, comte de Rethel, et Pierre, abbé de Saint-Rémi de Reims, annoncent fonder un nouveau village dans la forêt de Bairon, un projet qui ne se concrétise pas selon l'historien Dom Ganneron, mais qui, selon des annotations dans les archives de l'évêché de Reims, pourrait être à l'origine du Chesne[9],[10]. En 1207, une charte de franchise est signée entre Hugues II comte de Rethel et Guy, abbé de Saint-Rémi[8]. La guerre de Cent Ans n'épargne pas le village[8].
Dans le contexte complexe de cette guerre, une légende apparaît qui mêle le village du Chesne aux origines du sacre des rois de France à Reims. Lors d'une guerre contre les Anglais, on y aurait retrouvé, grâce aux habitants du Chesne, la Sainte Ampoule dont les Anglais s'étaient emparés. Les bourgeois de la ville auraient ainsi acquis le privilège d'être présents au sacre du roi de France, et ceci dès le sacre de Jean II. C'est aussi pourquoi le blason actuel de la commune reproduit une colombe venue du ciel et portant l'ampoule[8].
Durant le Moyen Âge, le Chesne est une étape dans le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, ce qui permet le développement commercial et religieux de la ville par la construction d'une église, et éveille l'intérêt des abbés de Saint-Remi pour la ville. La croix du Chesne, édifiée au XVe siècle, abrite alors une statue de saint Jacques[11]. Pendant les Guerres de Religion, la ville tente de se protéger derrière de modestes remparts de terre, mais ceci ne lui évite pas d'être occupée et pillée à plusieurs reprises, puis pendant la Fronde et les conflits avec le Saint-Empire germanique[8].
En 1774, une enquête de l'archidiocèse de Reims relève que la profession principale des habitants du Chesne « est celle de faiseur de chapes d'acier qu'on envoie à Paris pour monter les boucles d'argent" »[12].
Le canal des Ardennes, ouvert à la navigation en 1838, traverse le Chesne. Il est en partie alimenté, depuis 1846, par le lac de Bairon, situé sur le territoire de la commune, pour permettre au canal de rester navigable en été[9]. Émile Zola, dans le roman La Débâcle, y fait passer une nuit à Napoléon III, peu avant la défaite de Sedan, vers le . L'écrivain décrit « la petite place triangulaire », « l'étroit pont de pierre sur le canal », et « la petite maison blanche, à deux étages, qui faisait l'angle de la place et de la rue de Vouziers, une maison d'aspect bourgeois et calme », où couche l'empereur[9].
Le est ouverte à l'exploitation une ligne de chemin de fer métrique reliant Raucourt à Vouziers. Il n'en reste qu'une gare (le trafic a été interrompu dès 1933)[9].
La commune est occupée durant toute la durée du conflit de la Première Guerre mondiale, à partir du , par les troupes allemandes, qui s'emparent de la ville sans que le pont n'ait été détruit et qui rétablissent également le pont de chemin de fer. La commune sert ensuite de cantonnement de repos lorsque le front se stabilise en Champagne. En , les troupes allemandes en retraite emmènent toute la population, qui se retrouve le 11 novembre à Liège, parquée au jardin d'acclimatation. Un monument aux morts est inauguré au Chesne le , en présence du sénateur Lucien Hubert, né dans la commune[9].
La ville est détruite au cours des bombardements de mai 1940, lors de la percée de l'armée allemande à Sedan, bien que l'essentiel des combats à terre ne se déroulent pas au Chesne mais à Stonne, à La Berlière, aux Grandes-Armoises, etc. Les habitants partent en exode, vers les Deux-Sèvres, puis reviennent progressivement les années suivantes. Les troupes allemandes quittent Le Chesne le , détruisant le pont de bois, et emportant avec eux une vingtaine d'otages, abandonnés finalement 2 km plus loin. Le , une première jeep américaine s'arrête sur la place de la commune, qui est officiellement libérée. L'ensemble des bâtisses du centre-ville date de la reconstruction de la ville, qui dure environ 10 ans à partir de 1947[9].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans.
Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[28]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[29],[Note 1].
En 2013, la commune comptait 934 habitants, en évolution de −4,79 % par rapport à 2008 (Ardennes : −1,26 %, France hors Mayotte : +2,49 %).
Évolution de la population (en nombre et en %) entre 1990 et 1999
Évolution de la population
Le Chesne
Ardennes
Moyenne Nationale!
Population (1999)
939
290 124
58 518 395
Population (1990)
974
296 357
56 615 155
Variation de population 1990-1999
- 35
- 6 233
+1 903 240
Solde naturel 1990-1999
+ 9
+ 8 373
+0,36 % par an
Solde migratoire 1990-1999
- 44
- 14 600
+0,01 % par an
Taux annuel moyen de variation de la population 1990 - 1999
- 0,4 %
- 0,17 %
+0,37 %
Répartition par sexe (en 1999)
Structure de la population
Le Chesne
Ardennes
Moyenne Nationale
Hommes
49,6 %
49,23 %
48,6 %
Femmes
50,4 %
50,77 %
51,4 %
Répartition par âge (en 1999)
Pyramide des âges
Le Chesne
Ardennes
Moyenne Nationale
Plus de 75 ans
11,3 %
7,1 %
7,7 %
60 - 74 ans
17,1 %
14,25 %
13,6 %
40 - 59 ans
23,3 %
25,39 %
26 %
20 - 39 ans
21,4 %
26,81 %
28,1 %
0 - 19 ans
26,8 %
26,43 %
24,6 %
Population par taille de ménage (en 1999)
Ménages
Le Chesne
Ardennes
Moyenne Nationale
Nombre total de ménages
385
113 320
23 810 161
Ménages de 1 personne
30,4 %
26,86 %
31 %
Ménages de 2 personnes
31,4 %
31,73 %
31,1 %
Ménages de 3 personnes
16,1 %
16,92 %
16,2 %
Ménages de 4 personnes
11,9 %
14,5 %
13,8 %
Ménages de 5 personnes
8,1 %
6,91 %
5,5 %
Ménages de 6 personnes ou plus
2,1 %
3,06 %
2,4 %
Enseignement
La commune administre une école maternelle et une école élémentaire, en regroupement scolaire avec les communes voisines. Les collèges et les lycées se trouvent à Vouziers.
Économie
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Culture locale et patrimoine
Lieux et monuments
L'église Saint-Jacques, est un édifice des XIIe et XIIIe siècles, XVe, XVIe et XVIIIe siècles, classée monument historique par arrêté du [31], restaurée après la Seconde Guerre mondiale[32].
Le lavoir de la Barbonne a été construit de façon simple au XIXe siècle. Le ruisseau qui l'alimente prend sa source à quelques mètres puis disparaît dans son lit (sous-sol de calcaire karstique).
La croix de pierre.
L'église Saint-Jacques.
Le canal des Ardennes avec l'église et l'école.
Le lac de Bairon
Personnalités liées à la commune
Louis de Monfrabeuf (1724-1792) militaire, puis écrivain, y est mort, à ferme de La Motte-Guéry.
Albert Callay (1822-1896), pharmacien à Le Chesne & botaniste, rédacteur du Catalogue raisonné et descriptif des plantes vasculaires du département des Ardennes (Charleville, éd. E. Jolly, 1900, 455 p.)
D’azur au chêne d’or posé sur un tertre du même, surmonté d’une colombe d’argent mouvant du canton dextre du chef d’une nuée aussi d’or et tenant en son bec la Sainte Ampoule de gueules[37].
Notes et références
Notes
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑« Aynsi Monsieur de Nevers se retira en son gouvernement de Champaigne (...). Ou, tost apres luy furent envoyees les Compaignies de gendarmerie cy apres declairees (...). Celle du Comte de Nantueil au Chesne Populeux. » (François de Rabutin, Commentaires sur le Faict des dernières guerres en la Gaule Belgique, Paris, Vascosan, 1555, folio 8 du premier livre, consultable sur Google livres). Octave Guelliot semble bien dire qu'on trouve déjà « Le Chesne Populeux » en 1473 : « Il est certain tout d'abord que le premier est le plus ancien : Le Chesne-le-Poilleux, en 1301 ; Le Cheyne Pouileux dans la Chronique de Jean Le Bel, 1359 ; Froissart écrit, dans son parler picart, Le Kesne Pouileux ; Le Chesne Pouilleux dans le Terrier de Rethel du XIVe. On ne trouve pas l'adjectif Populeux avant 1473. » (Octave Guelliot, Géographie traditionnelle et populaire du département des Ardennes, E. Nourry, 1931, p.315.) Au XIXe siècle, on écrit souvent « Le Chêne-Populeux » (Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, t.1, Ch.Delagrave, 1876, p.561).
↑Voir les Archives nationales, fiche mise à jour en 2013, en ligne.
↑Ardennes: vivez-vous à Le Chesne ou au Chesne? La question se discute encore, article de l'Ardennais.
↑ abcdefgh et iOctave Guelliot, Dictionnaire historique de l'arrondissement de Vouziers, t. 3, Charleville-Mézières, Éditions Terres ardennaises, , 123 p. (ISBN2-905339-45-4), « Chesne (Le) », p. 57-73
↑Patrick Demouy, Genèse d'une cathédrale : Les archevêques de Reims et leur Église aux XIe et XIIe siècles, Langres, Éditions Dominique Guéniot, , 814 p. (ISBN2-87825-313-2), p. 699
↑Jacques Musset, « Le Canton du Chesne », Le Curieux Vouzinois, no 62, , p. 10-13
↑Archives départementales de la Marne, "Administration du diocèse, visites, états des paroisses", G 282, "Le Chesne et Bairon". Sur l'histoire des boucles de soulier, cf. le blog "La Boucle de Chaussure" d'Aymeric Peniguet de Stoutz.
↑Albert Meyrac, Traditions, coutumes, légendes et contes des Ardennes : comparés avec les traditions, légendes et contes de divers pays, Charleville, Imprimerie du Petit Ardennais, 1890, p. 40.
↑Archives nationales, Q2 14 ; Almanach historique du département des Ardennes pour l'année 1791, p. 204.
↑Appel à l’opinion publique, sur une Délibération du Conseil Général de la Commune du Chesne, du cinq Juillet 1793 […] contre Louis-François Degentil, Juge de paix du Canton du Chesne, sans date.
↑Base Leonore, dossier de légion d'honneur du général Simon-Marie de Wacquant, né en 1798.
↑Base Leonore, dossier de légion d'honneur de Pierre Adin, né en 1771.
↑Notice sur Louis Roland de Mecquenem dans : Pinon de Quincy (Hubert), Bouglon, Rantzau, Mecquenem, Meckeneim au XIXe siècle, p. 47-49.
↑Base Leonore, dossier de légion d'honneur de Jean-Baptiste Vincent, né en 1780.
↑Base Leonore, dossier de légion d'honneur de Jean-Baptiste Louis Marland, né en 1789.
↑Base Leonore, dossiers de légion d'honneur de Edmond Philippe Charbonnier, Jean-Baptiste Ferdinand Connesson, Paul Félix Doyen, Frédéric Alcide Gauché, Nicolas Jules Minot, Jean Henri Müller.
↑Procès-verbal de saisie signé du maire cité dans une adjudication concernant Florestine Jamain (AD 08, registre des hypothèques, 1872).
↑Marasi Julien, Bardoneschi Floriana, Decrock Bruno, « Eglise paroissiale Saint-Jacques du Chesne », sur inventaire-chalons.grandest.fr ; site de l'Inventaire de la Région Grand-Est.