Fondé par Madame Kelly (pseudonyme d'Alexandrine Joannet) en 1878[3], le Chabanais était situé dans un immeuble discret au no 12 de la rue Chabanais, non loin du Palais-Royal. Le personnel de la maison comptait entre vingt et trente‑cinq pensionnaires de qualité soigneusement sélectionnées.
Fréquenté par les membres du Jockey Club, il accueillit de nombreuses personnalités, dont le futur roi Édouard VII, qui fit construire sur mesure une baignoire en cuivre et un fauteuil à étriers métalliques.
Le Chabanais connaît son heure de gloire le soir du , jour de l'inauguration de l'exposition universelle, accueillant des ministres et ambassadeurs du monde entier. Sur leurs agendas, cette « virée » était renseignée « visite au président du Sénat »[4].
Les visiteurs illustres
De très nombreuses personnalités fréquentèrent le Chabanais[3]. C'était une étape obligée des hôtes de marque prestigieux qui venaient découvrir Paris à la Belle Époque, hommes d'État, diplomates, ministres, hauts fonctionnaires[5].
Outre les membres du très sélect Jockey Club qui le fréquentaient régulièrement, notons :
le futur Édouard VII[6], surnommé « Bertie » par ses favorites ;
En 1880, l’aménagement du Chabanais coûta 1 700 000 francs. Le décor des chambres était exubérant et le monde entier se bousculait pour découvrir cette maison de passe de légende.
On y trouvait la chambre Louis XV, la chambre hindoue, la Directoire, la médiévale et la chambre mauresque, la Napoléon III.
La vente aux enchères de 1951
L'ensemble des décors de l’hôtel fut vendu après la fermeture en 1946 à l'occasion d'une vente aux enchères d'anthologie en 1951[9],[10]. Cette vente aux enchères extraordinaire conduite par Maurice Rheims, le , permit au public d’admirer les pièces de mobilier et le matériel du Chabanais. Par exemple, la fameuse « chaise de volupté » d’Édouard VII, fabriquée par Louis Soubrier, artisan ébéniste de renom de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, ou encore sa fameuse baignoire à champagne de cuivre rouge, ornée d’une sphinge[9].
Cette baignoire fut achetée 110 500 francs par un antiquaire de la rue Jacob, avant de devenir un objet publicitaire d’un fabricant de meuble du boulevard Montmartre[11]. Finalement, elle fut acquise en 1972 par des admirateurs de Salvador Dalí, qui lui en firent don et l’installèrent dans sa chambre de l’hôtel Meurice.
Il ne subsiste de l'ancienne maison que deux portes et la rampe en fer forgé de l'escalier[12].
Nicole Canet, Décors de bordels, entre intimité et exubérance. Paris, Province, Afrique du Nord, 1860-1946, 408 pages, préface de Claude Croubois, textes d'Étienne Cance et Nicole Canet, (ISBN978-2-9532351-3-5). [Tiré à 1 000 exemplaires].
Nicole Canet, Histoire de la célèbre Maison close le Chabanais, 1877-1946, 368 pages, (ISBN978-2-9532351-9-7), [Tiré à 950 exemplaires, Reproduisant une centaine de rapports provenant des Archives de la préfecture de Police de Paris. 175 illustrations : documents, dessins, photographies].