Lai de LeithianLe Lai de Leithian est un poème inachevé de J. R. R. Tolkien, publié à titre posthume dans Les Lais du Beleriand (1985). Il relate, sur plusieurs milliers de distiques octosyllabiques, l'histoire d'amour entre le mortel Beren et l'elfe Lúthien. RésuméLe Lai de Leithian, ou « La Geste de Beren fils de Barahir et Lúthien la fée appelée Tinúviel le Rossignol, ou le Lai de Leithian : la Libération des Fers »[1] se divise en quatorze Chants, pour sa section achevée. Il reprend en grande partie la trame du Conte de Tinúviel, rédigé par Tolkien vers 1917-1919, mais apporte nombre de nouveaux éléments qui rendent l'histoire nettement plus proche de celle que l'on retrouve dans Le Silmarillion : notamment, Beren n'y est plus un elfe, mais un homme[2].
RédactionLe Lai de Leithian connaît deux phases de rédaction : la première de 1925 à 1931, la seconde vers 1949-1950. Grâce aux dates portées par Tolkien sur le premier manuscrit du poème, sa datation est plus aisée et plus précise que pour la plupart de ses textes[3]. Dans son journal, Tolkien indique avoir commencé le Lai durant les sessions d'examens de l'été 1925. Les 757 premiers vers (correspondant aux trois premiers Chants) sont composés durant l'été 1925, probablement à partir de juin ou juillet et jusqu'aux vacances prises par Tolkien en septembre à Filey, dans le Yorkshire. Les vers 758-3030 sont probablement composés durant les vacances de Pâques 1928, et les vers 1161-2229 le sont de façon certaine entre le et le (soit pas moins de 1768 vers en neuf jours). Les vers 3031-3075 sont composés en , les 3076-3380 en septembre-, et les 3381-4228 en . C'est là, au milieu du Chant XIV, que Tolkien abandonne le poème, alors que Carcharoth vient d'engloutir la main de Beren qui tenait le Silmaril[3]. Tolkien adopte une méthode particulière pour la rédaction du Lai : il commence par ébaucher le contenu du poème au brouillon, qu'il reprend sur un manuscrit au propre, rédigé au dos de copies d'examens, lorsqu'il en est satisfait. Ce manuscrit (appelé « A » par Christopher Tolkien) sert de base à une version dactylographiée (appelée « B »), dont les derniers vers sont néanmoins écrits à la main. Les deux textes, manuscrit comme dactylographié, présentent des corrections et ajouts réalisés à diverses périodes[4]. Tolkien reprend le Lai de Leithian en 1949 ou 1950, un fait que Christopher Tolkien relie à une critique sévère du poème adressée à Tolkien par un individu inconnu[5]. Il commence simplement par apporter des révisions mineures au texte B, mais dès le Chant II, il commence à rédiger un poème entièrement neuf en rayant les anciens vers, rattrapant en partie l'évolution de la mythologie du Silmarillion survenue entre-temps, durant la rédaction du Seigneur des anneaux (ainsi, Thû est rebaptisé Sauron). Cette nouvelle version donne naissance à un manuscrit particulièrement soigné (« C »), puis un texte tapé sous la supervision de Tolkien (« D »), les deux intégrant de nouvelles corrections[6]. PublicationEn 1937, après le succès du Hobbit, l'éditeur de Tolkien, Stanley Unwin, le presse de fournir une suite à ce roman. Tolkien envoie divers textes liés au Silmarillion, et notamment le Lai de Leithian. Le lecteur d'Allen & Unwin, qui semble n'avoir eu accès qu'à ce poème, croit qu'il s'agissait d'une authentique geste celtique et déclare préférer la version en prose jointe. Les textes sont in fine rejetés par Allen & Unwin, et Tolkien entreprend la rédaction d'une suite du Hobbit, le futur Seigneur des anneaux[7]. Christopher Tolkien intègre deux extraits du Lai au chapitre « Beren et Lúthien » du Silmarillion (1977) : le duel de chant entre Finrod et Sauron à Tol-in-Gaurhoth (v. 2173-2205) et la lamentation de Beren pour Lúthien (v. 3322-3333)[8]. Le Lai de Leithian a été publié dans son intégralité par Christopher Tolkien dans le troisième tome de son Histoire de la Terre du Milieu : Les Lais du Beleriand (1985). Il y présente séparément le Lai dans la forme qu'il avait atteinte en 1931 et le début de réécriture effectué par son père en 1949-1950. CritiqueEn 1929, Tolkien fait lire le Lai de Leithian à son ami C. S. Lewis, qui lui adressa une critique rédigée sous la forme d'un commentaire universitaire, « où il feint d'aborder le Lai comme un ouvrage ancien et anonyme, dont il existerait de nombreux manuscrits plus ou moins altérés[9] », dissimulant ses critiques et ses éloges sous le déguisement de pompeux universitaires. Tolkien reprit une grande partie des passages considérés comme améliorables par Lewis. Sa critique a été publiée dans Les Lais du Beleriand (p. 315-329). Pour Charles Noad, le Lai de Leithian tel que Tolkien avait commencé à le reprendre en 1949-1950 constitue « l'apogée du style poétique mature de Tolkien », qualifiant de « tragédie » son abandon prématuré[10]. Toutefois, la plupart des critiques du Lai — et des Lais du Beleriand en général — se sont davantage attachés à l'évolution du légendaire apportée par le poème qu'aux vers eux-mêmes[11]. AnnexesRéférences
Bibliographie
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