La Vérité (roman)La Vérité
La Vérité est le vingt-sixième livre des Annales du Disque-monde de Terry Pratchett. L'œuvre originale a été publiée en 2000 sous le titre The Truth. La traduction française est de Patrick Couton. Le livre traite de la presse en général et notamment de l'opposition entre la journalisme politique et la presse poubelle. L'action se déroule à Ankh-Morpork où Guillaume des Mots, homme de lettres, rencontre le nain Bonnemont, qui y implante l'imprimerie typographique. Il en résulte la création du premier journal d'Ankh-Morpork, ayant pour titre Le Disque-Monde. RésuméGuillaume des Mots, jeune noble ayant rompu les liens avec sa riche famille, gagne sa vie à Ankh-Morpork en envoyant des nouvelles régulières sur la vie de la cité à différents correspondants. Mais en allant faire graver son bulletin mensuel, il est percuté par la presse créée par le nain Bonnemont. En guise d'excuse pour l'avoir renversé, le nain utilise la presse pour imprimer le bulletin, en plus d'exemplaires que prévu. Désœuvré, Guillaume reste alors à observer le fonctionnement de la presse, et étant spectateur de la visite du seigneur Vétérini à la presse, il se retrouve responsable du projet auprès de lui. Le principe de l'imprimerie peine à se développer à Ankh-Morpork, du fait d'une vive opposition de différents personnages (les mages, les religions et la guilde des Graveurs). Le soutien du seigneur Vétérini empêchant les premiers d'agir officiellement, Guillaume des Mots trouve avec l'aide des nains un moyen de rentabiliser la presse en imprimant le premier journal d'Ankh-Morpork, Le Disque-Monde. Connaissant un vif succès, surtout la rubrique sur les légumes rigolos, le journal s'attirera les foudres de la guilde des Graveurs qui tentera de les faire chanter pour obtenir leur disparition puis, n'y arrivant pas, créera un journal concurrent pour tenter de les faire couler. Dans le même temps, un complot semble se tramer. Le seigneur Vétérini est arrêté pour avoir tenté de tuer son secrétaire et de s'enfuir avec une forte somme d'argent. Il s'agit d'un coup monté organisé par un groupe connu sous le nom de la « Nouvelle Organisation », agissant sous les ordres d'un « Comité de désélection du Patricien » anonyme. Mais ils laissent s'échapper un témoin, le terrier Karlou, chien du seigneur Vétérini, et qui peut être reconnu comme un témoin valide au tribunal s'il parle avec l'aide d'un loup-garou servant d'interprète. Très vite, Guillaume des Mots a des doutes au sujet de cette affaire et de la culpabilité du patricien. Avec l'aide de ses nouveaux collaborateurs, Sacharissa Crisploquet la journaliste et Otto Chriek le vampire photographe, il se lance dans la course pour retrouver le terrier – une course dans laquelle le guet d'Ankh-Morpork et la Nouvelle Organisation sont déjà en lice. Après de nombreuses difficultés, il parvient à retrouver le chien et à apprendre une part importante de ce qui s'est réellement produit. Les derniers indices lui seront fournis par l'attaque de la Nouvelle Organisation. Après une première visite au journal pour tenter d'enlever le chien, les criminels tentent de se venger mais se retrouvent coincés dans la cave du local pendant qu'un incendie ravage le rez-de-chaussée. L'un des membres de l'organisation rencontra ainsi le Mort, tandis que l'autre sera tué par Guillaume des Mots lorsqu'il tentera de l'abattre. Dans leurs poches, un démon enregistreur leur apprend tout ce qu'il leur manquait. Le journaliste décide alors de publier un long article démontrant l'innocence du patricien et exposant tout le complot, mais de ne fournir aucun nom. Il va ensuite aller affronter le comité de désélection du patricien, dont le principal membre n'est autre que son propre père, le seigneur des Mots. Avec l'aide d'Otto, il parviendra à le menacer de dévoiler les informations restantes et en particulier sa propre participation s'il ne s'exile pas hors de la ville. Enfin, le seigneur Vétérini est libéré, et Guillaume des Mots se fait de nombreuses réflexions sur le pouvoir de la presse libre qui est accepté, même si elle n'est pas bienvenue, par les différents officiels de la ville. Alors qu'il part manger avec Sacharissa, ceux-ci sont témoins d'un incident en ville. Ils s'aperçoivent que l'information ne s'arrête jamais. Références culturellesComme pour tous les autres romans parodiques de Terry Pratchett, ce livre comprend de nombreuses références, ici à l'histoire de l'imprimerie, à un scandale politique et à quelques films[1]. Le titre du roman lui-même, La vérité est une évocation du journal russe, soviétique, puis russe la Pravda (Правда), fondé en 1912. Le nom du personnage principal, « Guillaume des Mots » dans la version française[2], est dans la version originale William de Worde, un mélange des personnages historiques que sont William Caxton et Wynkyn de Worde (en), les deux hommes qui ont introduit l’imprimerie en Angleterre en 1476. Le duo de tueurs entre en ville en passant par la « porte des Eaux »[3], traduit aussi par « porte de l'Eau » sur la carte du Tout Ankh-Morpork : Guide touristique exhaustif, qui correspond à la fortification amont (sens Moyeu) sur le fleuve Ankh (celle d'aval, sens Bord, est la « porte du Fleuve », River Gate) : elle s'appelle la Water Gate dans la version originale, une allusion à l'hôtel du Watergate et au scandale du même nom. Le grand nombre de « …ain »[4] qui émaille les propos de monsieur Tulipe, traduction des -ing de Mr Tulip, correspondent aux mêmes euphémismes utilisés par Richard Nixon sur les enregistrements de ses discussions à la Maison Blanche, enregistrements qui eurent un rôle décisif lors du Watergate. Le principal imprimeur est le nain « Gunilla Bonnemont »[5], en anglais Goodmountain, qui correspondrait en allemand à Gutenberg. Le prénom Gunilla est un prénom féminin suédois dérivé de Gunhild. Il/elle (ou ielle, à cause de la barbe des naines) imprime une publicité pour sa « forge de traitement de texte », en anglais word smithy (smith désignant un forgeron), rappelant un logiciel de traitement de texte, word processor. Le deuxième nain mentionné est Caslong[6], évoquant William Caslon ainsi que la fonte Caslon (celle qui a été utilisée pour imprimer la Déclaration d'indépendance des États-Unis). Vétérini fait un jeu de mots typographique : « Et, bien sûr, reprit le Patricien, il devient de plus en plus difficile d'ignorer ce nouveau type, aha, d'impression [...] »[7] ('And of course,' the Patrician went on, 'it is increasingly hard to ignore this new type, aha, of printing) : les caractères typographiques se disant movable type en anglais. Après Bonnemont, le principal nain est Boddony[8], qui fait référence à Giambattista Bodoni, ainsi qu'à sa police de caractères Bodoni. Comme reporter, Guillaume des Mots dispose de Sacharissa Cripsloquet[9], Sacharissa Cripslock en anglais, dont le prénom vient du grec σάκχαρον (sakcharon, « sucre »), qui a donné saccharum en latin, saccharose et saccharine en français. Dans le film de 1940 His Girl Friday (La Dame du vendredi), Cary Grant et Rosalind Russell sont dans la situation du patron de presse et de la journaliste-reporter. Le « comité de désélection du Patricien »[10], le Committee to Unelect the Patrician, correspond au Committee tu Re-elect the President (Comité pour la réélection du Président), qui a financé les cambrioleurs du Watergate en 1972.
— Pratchett 2005, p. 107.
— Pratchett, The Truth, 2000.
— Pulp Fiction, 1994. Le troll Rocky, ancien boxeur[11], est évidemment un clin d'œil aux films Rocky de 1976, 1979, 1982, 1985 et 1990, eux-mêmes inspirés du boxeur Rocky Marciano, champion poids lourd de 1952 à 1956. Pour le quotidien Le Disque-Monde, « la vérité vous rendra libre » • Dernières nouvelles ![12] (le titre en gothique, les sous-titres en petites capitales), la version d'origine est The Ankh-Morpork Times, The truth shall make ye freeˈ · Extra! (titre en cursive, sous-titre en capitales), inspiré du journal londonien The Times, fondé en 1785. La devise est une référence biblique (Jean 8:32) « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera (ou affranchira) », And ye shall know the truth, and the truth shall make ye free en anglais. L'iconographe, c'est-à-dire le photographe, s'appelle Otto Chriek[13], qui a pour origine l'expression anglaise ought to shriek, « doit crier/devrait crier ». Son vœu d'abstinence envers le sang correspond aux associations de tempérance anti-alcoolique. « Les mensonges pouvaient faire le tour du monde le temps que la vérité enfile ses chaussures »[14], lies could run round the world before the truth could get its boots on, une citation attribuée à Mark Twain. Le concurrent du Disque-Monde porte le titre Ici Morpock, les nouvelles dont on entend parler (en sans-serif gras)[15], en anglais ankh-morpork Inquirer, the news you only hear about (en capitales grasses), une référence au journal new-yorkais The National Enquirer fondé en 1926. Il s'agit d'un représentant de la presse à scandale (tabloid newspaper), aux titres accrocheurs, sensationnalisme, se nourrissant d'astrologie, de diffamations et de la vie privée des célébrités. Ce journalisme poubelle est appelé par les Britanniques les red-top papers car leur titre est imprimé en blanc sur fond rouge (exemples : The Sun, Daily Star, The Daily Mirror ou Daily Record), d'où le passage « une grande enseigne rouge et blanc au nom d'Ici Morpork était déjà en place » (a big red and white sign for the Inquirer was already in place). « Dans l'histoire de cette ville, messieurs, nous avons fait passer en jugement à diverses époques sept cochons, une bande de rats, quatre chevaux, une puce et un essaim d’abeilles. L’année dernière, on a accepté un perroquet comme témoin à charge […] »[16]. Ce passage évoque les nombreux procès d'animaux[17],[18]. Le passage « Ce …ain de zombie va finir au bout de deux …ain de brochettes à kebab universelles et pratiques, répondit monsieur Tulipe. Ensuite je vais affûter cette …ain de spatule. Et après… après je vais la lui jouer bien moyenâgeuse »[19] correspond à la tirade de Marsellus Wallace (joué par Ving Rhames) dans Pulp Fiction : « Maintenant quoi ? Je m'en vais te le dire, moi, quoi ! J'appelle deux experts complètement défoncés au crack qui vont travailler nos deux copains. Avec une paire de pinces, un chalumeau et un fer à souder. Est-ce que tu m'as entendu, espèce de porc ? Je suis très loin d'en avoir fini avec toi, je vais te la jouer à la flamme bien moyenâgeuse ! » (What now? Let me tell you what now. I'ma call a coupla hard, pipe-hittin' niggers, who'll go to work on the homes here with a pair of pliers and a blow torch. You hear me talkin', hillbilly boy? I ain't through with you by a damn sight. I'ma get medieval on your ass). Le nain Goudi[20], Gowdie dans la version anglaise, renvoi au créateur de caractères Frederic Goudy et à ses polices nommées Goudy. L'informateur anonyme du journal, répondant au surnom « Os Profond »[21], en anglais Deep Bone, est là-aussi une référence au Watergate, affaire révélée par l'informateur Deep Throat (« Gorge profonde », une évocation du film porno du même nom). « Laissez-nous nous servir d’une de vos "ain" de presses ou je vous "ain" de tire une "ain" de flèche dans votre "ain" de crâne ! brailla-t-elle. Je crois que c’est la langage qui convient, non ? »[22] ('Let us use your "ing" presses or I'll "ing" shoot your "ing" head "ing" off!' she screamed. 'I think that's how you're supposed to say it, isn't it?') fait référence de nouveau à Pulp Fiction, dont le prologue est marqué par Any of you fuckin' pricks move and I'll execute every motherfuckin' last one of ya! Enfin, le passage « Vous ne l'avez pas enfermé au fond d'un cachot, demanda Sacharissa d’un ton soupçonneux, ni obligé à porter en permanence un masque de fer […] ? »[23] (Have you locked him up,' said Sacharissa suspiciously, 'in a deep cell, and made him wear a mask all the time [...]?') reprend le cas de l'homme au masque de fer, adapté huit fois au cinéma. Notes et références
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