Du Phalanstère à la Démocratie pacifique (1832-1843)
Hebdomadaire lancé en afin de diffuser les idées de Charles Fourier et de soutenir la création de la « colonie sociétaire » de Condé-sur-Vesgre, Le Phalanstère est rebaptisé La Réforme industrielle en devenant mensuel dès le mois de septembre suivant[1].
Sa parution ayant cessé en 1834, la Réforme industrielle est remplacée en 1836 par La Phalange, dirigée par Victor Considerant. Réorganisé en 1840, le journal paraît désormais trois fois par semaine[1] grâce aux fonds fournis par un riche propriétaire britannique, Arthur Young[2] (qui tentera, quelques années plus tard, d'installer un phalanstère dans l'ancienne abbaye de Cîteaux)[3].
Le , l'équipe de la Phalange décide de transformer le journal en un quotidien et d'élargir son lectorat en le dotant d'un nouveau titre qui ne s'adresserait plus seulement aux disciples de Fourier mais également « à tous les esprits avancés »[2].
Premières années (1843-1848)
La Démocratie pacifique, journal des intérêts des gouvernements et des peuples paraît ainsi à partir du en reprenant la numérotation du Phalanstère. Considerant en est le rédacteur en chef[1]. Entre 1845 et 1849, la Démocratie pacifique paraît parallèlement à une revue mensuelle théorique qui reprend le titre de la Phalange.
Rédigé en réaction à l'affaire Praslin, l'éditorial du , intitulé « Une société qui tombe », attaque avec violence le gouvernement de la Monarchie de Juillet, ce qui vaut au journal une saisie puis un procès en cour d'assises. Accusés des délits « d'excitation à la haine entre les diverses classes de la société » et « d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement », le quotidien et son gérant, François Cantagrel, sont cependant acquittés[6]. Quelques jours plus tôt, Cantagrel et Antony Méray ont été condamnés par la même juridiction pour « offense à la morale publique » en raison de passages jugés licencieux du feuilleton La Part des femmes publiés dans le numéro du [7].
Sous la Deuxième République (1848-1851)
Originellement opposée à la révolution et même favorable à la monarchie constitutionnelle, ce qui lui avait attiré les critiques des radicaux de la Réforme en 1843[8], la Démocratie pacifique évolue vers une ligne politique républicaine voire démocrate à partir de la Révolution de février 1848[9].
Devenu hebdomadaire à la suite de condamnations et d'une nouvelle interruption de plusieurs mois en 1850, le journal est supprimé au lendemain du coup d'État du 2 décembre 1851[3].
Entre 1867 et 1870, un bimensuel intitulé La Science sociale se présente comme le successeur du Phalanstère, de la Réforme industrielle, de la Phalange et de la Démocratie pacifique.
J.-M. Gros, Le Mouvement littéraire socialiste depuis 1830, Paris, Albin Michel, 1904, p. 11-18.
Eugène Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, t. 8, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, p. 603-604.
Eugène Hatin, Bibliographie historique et critique de la presse périodique française, Paris, Firmin-Didot, 1866, p. 385.
Henry Izambard, La Presse parisienne : statistique bibliographique et alphabétique de tous les journaux, revues et canards périodiques nés, morts, ressuscités ou métamorphosés à Paris depuis le jusqu'à l'empire, Paris, Krabbe, 1853, p. 45.