La Cérémonie (film, 1995)La Cérémonie
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution. La Cérémonie est un film de thriller psychologique franco-allemand de Claude Chabrol, sorti en 1995, adaptation du roman L'Analphabète de Ruth Rendell, lui-même librement inspiré de la célèbre affaire Papin qui vit deux sœurs domestiques assassiner leurs patronnes en 1933, ainsi que de la pièce de Jean Genet, Les Bonnes. SynopsisSophie (Sandrine Bonnaire) est engagée comme domestique par les Lelièvre, un couple de bourgeois cultivés (Jean-Pierre Cassel et Jacqueline Bisset) qui vivent dans une très belle demeure un peu isolée dans la campagne bretonne. Jeune femme timide et introvertie, Sophie est totalement investie dans son service qu'elle exécute à la perfection. Cependant, certaines tâches la mettent en difficulté face à ses employeurs : elle est analphabète, ce qu'elle cache soigneusement car c'est pour elle une blessure narcissique intolérable. Tout en lui dissimulant également son secret, elle se lie d'amitié avec Jeanne (Isabelle Huppert), la postière du bourg, une jeune femme au passé trouble et au comportement suspect : il s'avère que cette dernière ouvre les correspondances et les paquets - au vif mécontentement de Georges Lelièvre qui le constate chaque jour - et voue une haine et une jalousie sans limite aux nantis et spécialement aux Lelièvre, célébrités du spectacle qui sont dans sa ligne de mire. La gentillesse et l'habileté ouvrière de leur fille, Melinda (Virginie Ledoyen), qui notamment lui vient en aide un jour où sa voiture (une antique 2CV) tombe en panne de batterie en pleine campagne, ne l'attendrit pas une minute. Progressivement Jeanne monte Sophie contre les Lelièvre. Les deux jeunes femmes ont vite fait de se découvrir une parenté étroite : la première a tué accidentellement sa fillette de quatre ans, la seconde son père infirme et toutes deux ont été accusées de meurtre, mais ont échappé à la condamnation faute de preuves. Graduellement, Jeanne entraîne Sophie dans une révolte latente contre ses patrons. Sophie se met à les espionner. Le jour même où Melinda se découvre enceinte de son petit ami, elle se rend compte fortuitement de l'analphabétisme de la domestique et lui propose naïvement son aide. Fatale erreur qui va déterminer la tragédie. Ulcérée, Sophie réplique en menaçant de dévoiler aux parents de Melinda la grossesse de leur fille si elle révèle son secret. La jeune fille décide de tout raconter à ses parents. Son père, déjà indisposé par la proximité entre sa domestique et la postière qu'il exècre, informe immédiatement Sophie qu'il lui donne ses huit jours en raison de son acte de chantage. La jeune femme se tourne vers son amie qui prend fait et cause pour elle et lui propose de l'accueillir chez elle. Afin de récupérer ses affaires, Sophie et Jeanne se rendent le soir même à l'improviste chez les Lelièvre qui n'entendent pas les deux femmes, car, grands amateurs d'opéra, ils écoutent le Don Giovanni de Mozart à la télévision. Jeanne, par vengeance, entreprend de saccager la maison, avec la complicité de Sophie qui la suit dans sa folie destructrice. Puis vient à Jeanne l'idée de "les terroriser" à l'aide des fusils de chasse accrochés au mur. Mais le leadership s'inverse et c'est Sophie qui lui montre comment armer les fusils et qui abat Georges Lelièvre et l'achève alors qu'il vient de les surprendre à l'entracte. Elle prend désormais la conduite des évènements et, dans la foulée, les deux femmes tuent également le reste de la famille : le fils, Gilles, puis la mère, Catherine, et la fille, Mélinda. La scène du meurtre de la famille se déroule au début du second acte, au son de la sérénade du faux Don Juan[1] avec accompagnement de mandoline. Après leur crime, Jeanne se défile et prend congé de Sophie qui va "tout ranger" avant de prévenir la gendarmerie. Mais elle jette son dévolu sur le magnétophone à cassettes que le fiancé de Melinda venait d’offrir à cette dernière et l'emporte. Or à la sortie de la propriété des Lelièvre, sa voiture tombe une fois de plus en panne de batterie, cette fois en travers de la route. C'est en tentant de redémarrer sa voiture que Jeanne meurt, percutée de plein fouet par la camionnette de l'abbé qui n'a pu la voir dans le tournant et dans l'obscurité nocturne. L'un des gendarmes arrivés sur les lieux de l'accident trouve l'appareil volé et lance la lecture de son contenu audio : on entend le son du second acte de l'opéra que les Lelièvre suivaient dans leur salon. Ils avaient en effet enregistré l'opéra avec ce petit appareil[2] et le son de la fusillade et la discussion entre Jeanne et Sophie après leur crime ont donc été captés à leur insu. Sophie, qui venait accueillir les gendarmes, découvre la scène et, inaperçue en arrière-plan, choisit de disparaître dans la nuit, seule et totalement démunie, et cette fois assurée de l'impossibilité d'échapper à sa condamnation. Fiche technique
MK2 Productions, France 3 Cinéma, Prokino Filmproduktion, Olga-Film, ZDF
Distribution
DistinctionsRécompenses
Nominations
Commentaires« Le film La Cérémonie est à la fois par son titre une citation de la pièce et un hommage à Jean Genet. Mais un certain réalisme que d’aucuns qualifient de « à la française » montre crûment le massacre par les deux complices, Sophie la blonde et Jeanne la rousse, d’une famille entière de la bourgeoisie malouine, les Lelièvre, autre allusion, cette fois à l’affaire des sœurs Papin, puisque la jeune patronne des deux psychopathes avait fini comme un civet de lapin, et que les victimes du film ne pouvaient que se nommer les Lelièvre. Mais on connaît l’humour très noir et très provocateur de Claude Chabrol, et son goût pour la bonne cuisine[3]… »
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— Pierre Murat, Télérama, août 1995 Notes et références
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