Pacifiction : Tourment sur les Îles

Pacifiction
Tourment sur les Îles

Réalisation Albert Serra
Scénario Albert Serra
Musique Marc Verdaguer
Acteurs principaux

Benoît Magimel
Sergi López
Pahoa Mahagafanau
Marc Susini

Sociétés de production Anderground Films
Arte France Cinéma
Rosa Filmes
Radio-télévision du Portugal
Tamtam Film
Televisió de Catalunya
Pays de production Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau du Portugal Portugal
Genre comédie dramatique, espionnage
Durée 165 minutes
Sortie 2022

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Pacifiction : Tourment sur les Îles est un film germano-franco-luso-espagnol réalisé par Albert Serra et sorti en 2022.

Le film est présenté au festival de Cannes 2022 et sort en salles quelques mois plus tard[1],[2].

Le film reçoit le prix Louis-Delluc en 2022[3] et, en 2023, est récompensé par deux fois tant aux Lumières qu'aux César (Benoît Magimel, meilleur acteur ; meilleure image/photographie).

Synopsis

L’île de Tahiti bruit de rumeurs faisant état de la possible reprise des essais nucléaires français.

De Roller, haut-commissaire de la République en Polynésie française, et qui, à ce titre, est le représentant de l'État, tente de prendre le pouls de l'île, de la population locale et des différents intérêts en jeu : l'armée (un amiral passant ses nuits en boîte avec quelques marins), pêcheurs et autorités locales des atolls et activistes locaux (manipulés par des agents étrangers ?), qui menacent de déclencher des manifestations etc.

Cet homme affable, aux paroles mesurées, va de réceptions officielles en répétitions d'un spectacle de danse traditionnelle et autre compétition de surf. À toute heure du jour et de la nuit, sa silhouette ronde, toujours enveloppée de son costume blanc impeccable, scrute l'apparition d'un éventuel sous-marin ou les preuves d'ingérences de puissances étrangères. Il finit par s'associer le concours d'une employée de la boîte de nuit, le Paradise, monde interlope au cœur de toutes ces intrigues.

Fiche technique

Médias externes
Images
Affiche du film sur le site Allociné
Vidéos
Bande-annonce sur le compte YouTube des Films du losange.

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Distribution

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  • Benoît Magimel : De Roller
  • Sergi López : Morton
  • Pahoa Mahagafanau : Shannah
  • Marc Susini : l’amiral
  • Matahi Pambrun : Matahi
  • Alexandre Mello : le Portugais
  • Montse Triola : Francesca
  • Michael Vautor : le capitaine
  • Cécile Guilbert : Romane Attia
  • Lluís Serrat : Lois
  • Mike Landscape : M. Mike
  • Cyrus Arai : Cyrus
  • Mareva Wong : la secrétaire
  • Baptiste Pinteaux : Olivier

Production

Initialement, Albert Serra voulait situer l'intrigue du film en France métropolitaine mais ne voulait pas tourner à Paris. Il s'inspire alors des histoires racontées par Tarita, une actrice originaire de Polynésie française qui a été la femme de Marlon Brando[5].

Tournage

Le tournage a lieu à Tahiti en août 2021, alors que l'île est en confinement total en raison de la pandémie de Covid-19. Les prises de vues durent 25 jours[5], et ne sont pas réalisées dans l'ordre chronologique.

Le costume blanc du haut-commissaire a été dessiné par Albert Serra et un tailleur à Paris, deux mois avant le début du tournage. Lors du premier jour de celui-ci, l'équipe découvre que Benoît Magimel a grossi. N'ayant aucune solution disponible sur place, le tournage est malgré tout lancé. Albert Serra se satisfera néanmoins de cette situation, appréciant le « côté trash »[6].

Albert Serra a utilisé trois caméras Blackmagic Pocket[6], qu'il se permettait de déplacer en pleine prise, de sorte que les acteurs ne pouvaient pas se positionner et jouer par rapport à l’une d'entre elles. Il dictait les répliques à Benoît Magimel par oreillette en temps réel. Les trois caméras ont enregistré 180 heures chacune, soit 540 heures au total. Pour le montage, Serra a commencé par conserver uniquement les images qui lui plaisaient, la narration passant au second plan[7]. Il a également exclu tous les plans où Magimel avait une gestuelle qui pouvait rappeler un de ses anciens rôles[6].

Le confinement pour cause de Covid a été annoncé peu avant le tournage de la scène en mer. Une compétition de surf, qui devait avoir lieu en même temps du fait de l'annonce de fortes vagues, fût annulée. Ayant une autorisation, l'équipe s'est tout de même rendue, à l'aide de bateaux loués, sur le lieu de tournage. Ils y ont trouvé des surfeurs amateurs ayant échappé à la police. Ceux-ci avaient pour consigne d'enlever leur masque lorsqu'ils étaient dans le champ, et de ne pas appeler Benoît Magimel par son prénom, mais par le titre de haut-commissaire[6].

Accueil

Réception critique

Pacifiction
Tourment sur les Îles
Score cumulé
SiteNote
Allociné 3,9/5 étoiles
Compilation des critiques
PériodiqueNote
Cahiers du cinéma 5/5 étoiles
Écran Large 4/5 étoiles
Paris Match 4/5 étoiles
Première 4/5 étoiles
aVoir-aLire 4/5 étoiles

En France, le site Allociné propose une moyenne de 45, après avoir recensé 23 critiques de presse[8].

La presse française est globalement très enthousiaste pour ce film, au moment de sa sortie, plus de la moitié accordant 4 ou 5 étoiles sur Allociné selon les modalités du site[8].

Mathieu Macheret, dans les Cahiers du cinéma, y voit un « théâtre des petits arrangements et autres tripatouillages » et « surtout [un film] d'une formidable drôlerie[9] » :

« De Roller/Magimel s'avère une incroyable créature de jeu, un as de la palabre dont l'habile entregent s'exerce à coups de formules courtoises, une véritable hystérie des lieux communs débités avec éclat. Sous le vernis du consensus affiché, c'est toutefois la valse des doléances et des services, des prêtés pour des rendus, et en dernier recours le rapport de force, parfois lourd de menaces, qui se fait sentir[9]. »

Pour Bande à part, il s'agit là d'un film « envoûtant à la frontière du thriller politique et de l'essai poétique avec un Benoît Magimel magistral[10]. » Dans la même tonalité, Le Monde parle d'un « chef-d'œuvre » : « Entre le flamboiement des cieux et le miroitement turquoise de la mer, le M. Homais préfectoral exsude dans l’enchaînement flaubertien des vues pittoresques et d’une puissance qui se délite[11]. » Pour le critique de Critikat.com, « Pacifiction confirme la position singulière de Magimel dans le champ du cinéma français contemporain et l’ambition d'Albert Serra, dont le style magnétique, riche en légères variations rythmiques, prend ici une envergure insoupçonnée[4]. »

Léo Martin, pour Écran Large, se montre élogieux. Dans un premier temps, le film semblerait être « un OSS 117 des temps modernes ». Rapidement, c'est l'interprétation d'un « Benoît Magimel, habité par le rôle comme nul autre n’aurait pu l’être, [qui] imprègne le long-métrage d’une surpuissante candeur. » La critique se conclut sur ce résumé : « Albert Serra filme ici un fascinant calme avant la tempête. Véritable conte kafkaïen moderne, devinant instinctivement les tourments qui planent sur notre époque et leurs probables causes, Pacifiction - Tourment sur les îles est plus redoutable qu'il n'y paraît. Benoît Magimel excelle dans son rôle aussi grotesque que sublime[12]. »

Le site aVoir-aLire parle d'un Albert Serra qui « offre un film envoûtant et magnifiquement maîtrisé sur les mystères et la part d’ombre du travail d’un Haut commissaire à Tahiti, aux prises avec les injonctions de l’État français qu’il représente, les enjeux géostratégiques, et les intérêts des habitants des îles[13] ».

Dans les critiques plus négatives, on peut retrouver celles du Parisien : « Entre cynisme, flatterie et condescendance teintée de colonialisme, Magimel incarne un politicien aussi calculateur qu’insaisissable. Il nous entraîne dans cette expérience déroutante et parfois nébuleuse[14]. »

Pour Le Figaro, « entre thriller politique à zéro de tension et carte postale sans destinataire, la meilleure blague du dernier Festival de Cannes provoque h 43 de rire involontaire ou d'ennui abyssal[15]. »

Pour France Info Culture : « Le réalisateur espagnol veut montrer le côté sombre de la politique locale sans en dire grand chose. Le cinéaste finit par nous perdre[16]. »

Box-office

Pays ou région Box-office Date d'arrêt du box-office Nombre de semaines
Drapeau de la France France 60 052 entrées[17],[18] 19
Drapeau de l'Espagne Espagne 8 405 entrées[17] n/a n/a

Pour son premier jour d'exploitation en France, Pacifiction réalise 2 764 entrées (dont 912 en avant-première), le film se plaçant alors en huitième position du box-office des nouveautés.

Distinctions

Récompenses

Nominations

Sélection

Notes et références

  1. « Festival de Cannes : nos critiques de Tourment sur les îles, paradis pénitentiel et de Le Parfum vert, une fragrance de Tintin », sur lefigaro.fr, consulté le 29 mai 2022.
  2. « Cannes 2022 : Tourment sur les îles, le fascinant paradis perdu d’Albert Serra », sur lemonde.fr, consulté le 29 mai 2022.
  3. SERVICE CULTURE, « «Saint-Omer» et «Pacifiction» remportent ex æquo le prix Louis-Delluc 2022 », sur Libération (consulté le ).
  4. a et b Corentin Lê, « Reptilien - critique », (consulté le ).
  5. a et b Secrets de tournage - Allociné.
  6. a b c et d Nicolas Moreno et Charles Thierry, « Préserver le hors contrôle — Entretien avec Albert Serra, à propos de Pacifiction », Tsounami, n° 9 hiver 2022, p. 64-69.
  7. « Dossier de presse » [PDF].
  8. a et b « Pacifiction : Tourment sur les Îles », sur Allociné (consulté le ).
  9. a et b Mathieu Macheret, « La ligne d'ombre », Cahiers du cinéma, n° 792 novembre 2022, p. 8-10.
  10. Benoît Basirico, « Expédition magique », sur Bande à part, (consulté le ).
  11. Jacques Mandelbaum, « « Pacifiction. Tourment sur les îles », « Armageddon Time », « Charlotte » : les films à voir au cinéma cette semaine », sur Le Monde, (consulté le ).
  12. Léo Martin, « Pacifiction - Tourment sur les îles : critique d'un délire parano nucléaire », sur Écran Large, (consulté le ).
  13. Laurent Cambon, « Pacifiction – Tourment sur les îles - Albert Serra », sur avoir-alire.com, (consulté le ).
  14. Catherine Balle, Renaud Baronian, Yves Jaeglé et Emmanuel Marolle, « Sorties cinéma du 9 novembre : «Black Panther», «Armageddon Time», «Dealer»… Les films à voir (ou pas) » Accès limité, sur Le Parisien, (consulté le ).
  15. Etienne Sorin, « Couleurs de l'incendie , Black Panther, Armageddon Time… Les films à voir ou à éviter cette semaine », sur Le Figaro, (consulté le ).
  16. Camille Belsoeur, « Pacifiction - Tourment sur les îles : Benoît Magimel surnage dans un thriller d’espionnage en eaux trop calmes », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  17. a et b « Pacifiction - Tourment sur les îles », sur JPBox-office (consulté le )
  18. AlloCine, « Box Office du film Pacifiction - Tourment sur les îles » (consulté le ).
  19. (en) « Premios Gaudí 2023: 'Alcarràs' y 'Pacifiction', las mejores películas de la edición », sur fotogramas.es, (consulté le ).

Liens externes