L'Indépendant de l'Ouest est un semi hebdomadaire ; trois fois par semaine ; quotidien local français, qui a été publié de à à Laval, avec un rayonnement principalement dans le département de la Mayenne.
Histoire
Le journal est le représentant d'une tendance légitimiste[1]. Le titre est créé en suite du journal Journal de la Mayenne publiés de 1844 à 1846. Le journal La Mayenne prend sa suite en 1892 pour la version quotidienne. Il a comme autre édition le journal Le Courrier du Maine en 1885 pour sa version hebdomadaire[2].
C'est là qu'il s'oppose pendant seize ans aux opposants au légitimisme[4].
Procès
On l'attaqua en justice[5]. Il fut souvent acquitté et quelquefois gratifié de mois de prison. Des dix-neuf poursuites judiciaires dont il est l'objet, celle de 1847, fait suite à l'arrestation de Mme d'Hauteville et aux perquisitions faites à son Château de Hauteville en juillet 1847, Paul Boudet monte à la tribune de l'Assemblée nationale pour dénoncer les menées légitimistes dans les arrondissements de Laval et de Mayenne. Pressé par Théodore de Quatrebarbes de citer un fait[Lequel ?], il répondit en disant qu'il n'était pas pourvoyeur des tribunaux.
Cette accusation est l'occasion d'une polémique violente menée contre lui par Charles-François-Xavier Müller dans le journal l'Indépendant. Il s'ensuivit un procès, terminé par la condamnation de Charles-François-Xavier Müller à trois mois de prison, 1 500 francs d'amende et 5 000 francs de dommages et intérêts au profit de Paul Boudet[6].
1845. Procès en Cour d'assises : acquittement. Ministère public : M. Grosbois, procureur du roi. Défenseur: Me du Fougerais.
1845. Procès en Cour d'assises pour la publication d'une brochure : acquittement. Ministère public : M. Grosbois, procureur du roi. Défenseur: Me Alfred Xavier de La Douespe du Fougerais.
4 janvier 1847. Procès en Cour d'assises : condamnation par défaut à 18 mois de prison et 5 000 francs d'amende. Charles Müller fait opposition et l'affaire revient à l'audience du 10 janvier. Ministère public : M. Grosbois, avocat général. Défenseur: Me Alfred Xavier de La Douespe du Fougerais.
Février 1847. Poursuite commencée sur plainte du préfet de police, pour attaques contre son administration. Ordonnance de non-lieu.
19 juillet 1847. Procès en Cour d'assises : acquittement. Ministère public : M. de Peyramont, procureur public. Défenseur: Me Alfred Xavier de La Douespe du Fougerais.
27 juillet 1847. Procès en Cour d'assises pour attaque contre Paul Boudet, député de la Mayenne : condamnation à 3 mois de prion, amende de 1 500 francs, et 5 000 francs de dommages et intérêts. Ministère public : M. de Peyramont, procureur-général. Défenseur: Me Alfred Xavier de La Douespe du Fougerais.
9 août 1847. Procès devant le Tribunal civil de Laval, intenté en vertu de la jurisprudence Bourdeau par 3 membres du conseil municipal de Mayenne. Défenseur : Charles Müller lui-même. Les poursuivants sont déclarés mal-fondés en leurs demandes et condamnés aux dépens.
20 novembre 1847. Procès devant le Tribunal de police correctionnelle de Laval : acquittement. Intenté à M. Lemoine, devenu co-gérant du journal, et à Charles Müller, M. Lemoine ne remplissant pas les conditions voulues par la loi. Ministère public : M. Violas, substitut du procureur du roi. Défenseur : Charles Müller lui-même.
5 décembre 1847. Charles Müller est transféré par la gendarmerie de la prison de Laval à la prison d'Angers pour le jugement en appel de ces deux derniers procès.
7 décembre 1847. Arrêt de la Cour royale d'Angers. Charles Müller et M. Lemoine sont condamnés à 1 000 francs d'amende chacun, et la suppression du journal L'Indépendant de l'Ouest est prononcée. Ministère public : M. Belloc, avocat-général. Défenseur : Charles Müller lui-même. L'arrêt de la Cour d'Angers est cassée par la Cour suprême.
8 décembre 1847. Arrêt de la Cour royale condamnant Charles Müller à payer 6 000 francs de dommages et intérêts. Ministère public : M. Dubois, avocat-général. Défenseur : Me Prou.
20 septembre 1848. Arrêt de la chambre des mises en accusation d'Angers renvoyant L'Indépendant de l'Ouest devant la Cour d'assises de la Mayenne. Cet arrêt annulé par la Cour de cassation, le 15 décembre, et l'affaire est renvoyée devant la chambre des mises en accusation de Caen. Traduit devant la Cour d'assises d'Alençon, le journal est condamné par défaut à un mois de prison et 50 francs d'amende. L'opposition à cet arrêt n'ayant pas été faites dans les délais prévus par la loi, il est confirmé. Défenseur public : M. Adeline, procureur de la République. Défenseur : Me Léon de La Sicotière.
1er octobre 1849. Procès en Cour d'assise : acquittement. Ministère public : M. Grosbois, procureur de la République. Défenseur : Charles Müller lui-même.
23 janvier 1850. Procès en Cour d'assise : acquittement. Ministère public : M. Compans, procureur-général. Défenseur : Charles Müller lui-même.
25 juillet 1861. Procès devant le Tribunal correctionnel de Laval : condamnation à 500 francs d'amende. Ministère public : M. Crépon, procureur-impérial. Défenseur : Charles Müller lui-même.
11 novembre 1861. Même procès devant la Cour impériale d'Angers. Ministère public : M. Daenis, procureur général. Défenseur : Charles Müller lui-même. Arrêt de la Cour impériale le condamnant à un mois de prison et 500 francs d'amende.
1861. Poursuite pour un article extrait d'un autre journal. Ordonnance de non-lieu.
1861. Porusuite pour contravention à la loi sur la signature des gérants. Ordonnance de non-lieu.
Journalistes
Constant Le Tessier[8] est remarqué par Charles-Xavier Muller, qui le charge d'abord de recueillir les menus faits de la chronique locale, puis lui confie une part de plus plus grande dans la rédaction de son journal[9].
Poilane est l'auteur de plusieurs articles parus en novembre 1850, en réponse à la brochure écrite au Mans contre l'érection d'un évêché à Laval[10].
Départ de Müller
Le , Müller prenait congé de ses lecteurs mayennais, affirmant de nouveau ses convictions monarchistes.
Le journal renouvelle son administration au départ de Müller. Mary-Beauchêne rédige les articles politiques et le directeur-gérant devient Constant Le Tessier jusqu'à la fin du journal en 1892. Il reste au Courrier du Maine jusqu'en 1901. En août 1901, âgé, il part à la retraite.
Le Tessier maintient le journal au rang qu'il occupait parmi les organes de la région. Il y signale, avec autant de sagacité que d’indépendance, les erreurs et les fautes de la politique du second Empire, à un moment où toute critique était périlleuse[9]. Il y expose avec netteté et précision[11] les conséquences de l'Expédition du Mexique, de la Question romaine, du Risorgimento prélude de l'unité allemande.
Le journal [9] parvient à continuer sans interruption la publication de son journal, sans cesse menacé de le voir saisir comme l'a été L'Écho de la Mayenne. Le Tessier est obligé plus d'une fois d’aller lui-même chercher, au milieu de trains en détresse, le wagon de papier nécessaire à son tirage, recherchant les nouvelles dont ses lecteurs étaient avides, écartant celles qui pouvaient nuire à la défense nationale, pour relater les événements de l'époque[9]. C'est à cette époque que L'Indépendant de l'Ouest, jusque-là bihebdomadaire, devint quotidien. Pendant 6 mois (du 4 septembre 1870 au 20 mars 1871), L'Indépendant de l'Ouest demeure l'unique journal qui n'est pas sous le contrôle de l'administration préfectorale.
Plusieurs de ses articles attirent l'attention sur la politique menée par le Gouvernement de la Défense nationale sur* la situation du Camp de Conlie, où Le Tessier demande de recevoir au lieu de bâtons, des fusils[9] de façon à rejoindre l'Armée de la Loire bien avant la Bataille du Mans. Il reflète aussi les craintes et les espérances du pays pendant les débats suivant l'élection et les séances de l'Assemblée nationale, qui se tiennent d'abord à Bordeaux, puis à Versailles[9].
L'échec de la restauration monarchique
L'échec des tentatives de restauration monarchique apparait dans les articles de Le Tessier, élevé dans le culte d'Henri d'Artois, comte de Chambord. A la mort de dernier, le journal n'hésite pas, à reconnaître dans Philippe d'Orléans, comte de Paris, comme plus tard dans son fils, Philippe d'Orléans, le chef de la Maison de France[9]. Gustave Kavanagh indique néanmoins que Le Tessier ne se soit jamais complètement[13] rallié aux princes de la Maison d’Orléans[14].
Fin du journal
Le Tessier fonde en 1885, Le Courrier de l'Ouest, journal du dimanche, et reste seul rédacteur des deux journaux jusqu'à la disparition de L'Indépendant qui ne pouvait survivre au comte de Chambord. Le Tessier indique que sa santé ne lui permet pas de se livrer aux travaux quotidiens que lui imposent la gérance et la rédaction de L'Indépendant de l'Ouest. Les actionnaires du journal prononcent sa liquidation en juin 1892[15].
En 1892, la liquidation de la Société anonyme de l'Indépendant de l'Ouest est actée. La liste des propriétaires de la Société donne une vue sur l'orientation monarchiste du journal.
↑Jacques Duchemin des Cépeaux, bien que royaliste, écrivait de l'Indépendant de Charles Müller : Je désavoue tout à fait la marche et le ton de ce journal.
↑Dans le numéro de l' Indépendant de l'Ouest annonçant son départ en 1862, Müller détaille les poursuites judiciaires engagées contre lui.
↑Qui donna cette somme pour la fondation de l'école des sœurs de Louverné, où il avait sa maison de campagne.
↑Devenu orphelin dès son bas âge, il est confié aux soins de parents dont une série de malheurs lui enleve successivement l’appui. Il doit interrompre les études classiques qu'il avait commencées petit séminaire de Précigné(Sarthe), pour travailler dans une imprimerie. Il commençe par être ouvrier typographe, et fait son apprentissage en même temps qu'Eugène Jamin (père), et Prosper Mortou (père), qui, dans sa jeunesse, exerça aussi la profession de typo.
↑Un préfet de la Mayenne indiquera: « Je ne connais pas de journaliste qui ait autant de flair que M. Le Tessier pour découvrir les côtés faibles du gouvernement impérial. » - La Mayenne, 5 juillet 1903.
↑Que de fois M. Le Tessier ne nous a-t-il pas dit : « Moi, voyez-vous, je suis un vieux Chouan ! » Et il était un vieux Chouan, en effet, ce qui ne l’empêchait pas d’être un bon confrère et un excellent homme.