Quand le Dieu unique venu de Jérusalem occupa le Continent, le Diable n'arriva plus à pervertir les hommes ; il mit enceinte une vierge dans le but de donner naissance à un antéchrist, mais Dieu, voyant que l’enfant avait hérité du cœur pur de sa mère, lui laissa ses pouvoirs diaboliques.
Devenu adulte, Merlin utilise ses pouvoirs d'enchanteur pour trouver l'homme au cœur pur capable de trouver le Château Aventureux gardé par le Roi blessé afin d'en ramener le Saint Graal et, avec lui, le bonheur et la paix parmi les hommes.
Il implique dans cette quête de nombreux chevaliers, réunis autour de la table ronde du roi Arthur ; ceux en lesquels Merlin place le plus d'espoirs sont, successivement, Arthur, Perceval, Lancelot du Lac, puis Galaad. Le courage, la sincérité et surtout l'Amour de tous sont soumis à de rudes épreuves par le Diable, et presque tous finissent par échouer dans leur quête. Merlin lui-même, malgré ses pouvoirs et sa jeunesse éternelle, doute, souffre et succombe à l'amour de Viviane, la seule qui voit derrière l'Enchanteur l'être humain, la seule qu'il aimera et qui l'aimera pour ce qu'il est.
Analyse
Dernier ouvrage merveilleux de René Barjavel, L'Enchanteur reprend la légende arthurienne de manière novatrice, avec un ton notamment plus léger, sans pour autant l'éloigner de la trame originale.
Barjavel fait apparaître dans ce roman les trois modèles de chevalier existants au Moyen Âge: le chevalier guerrier, le chevalier courtois et le chevalier en quête spirituelle.
Modernité
L'originalité de l'ouvrage tient dans son style résolument moderne ; Barjavel détourne la légende de la solennité des récits traditionnels, en utilisant des anachronismes comme ressorts comiques : il introduit des éléments du XXe siècle, comme le langage familier (« porte-moi chez ce taré de juge et je vais arranger ça vite fait! »), et des objets technologiques (réchaud à gaz, boîtes de conserve[2], supermarché, marteau-pilon, missile)[3].
Barjavel a expliqué ces choix, lors d'une interview en 1984 : « j'ai voulu insuffler du sang vivant dans le corps de cette histoire magnifique. Bien que se déroulant aux environs du VIIe siècle, c'est un roman actuel, écrit par un auteur d'aujourd'hui en langage de notre temps »[4].
Thèmes
Le thème central du roman est l'amour, qui touche les rois et les reines, mais aussi Merlin, qui est dépeint comme un héros solaire et sylvestre, tiraillé par sa lutte contre son père (le diable), sa volonté d'aider les hommes en allégeance à Dieu et son amour pour Viviane[5].
Bibliographie
Articles
Robert Baudry, « Déclarations et disqualifications amoureuses dans "L'Enchanteur" de René Barjavel : "Ou" l'amour "ou" le Graal! », Bien dire et bien apprendre, Centre d'études médiévales et dialectales de Lille-III, no 15, (ISSN0220-665X).
Arlette Bouloumié, « Le mythe de Merlin dans la littérature française du XXe siècle », Cahiers de recherches médiévales, no 11, , §21-32 (lire en ligne, consulté le ).
Pierre Monier, « Rencontre : L'Enchanteur de René Barjavel », Hebdo-Lyon, nos 976 et 978, (lire en ligne).
Valérie Thivent, « L'Enchanteur de René Barjavel et la matière arthurienne », Réception du Moyen Âge dans la culture moderne, Université de Picardie-Jules Verne, Presses du Centre d'études médiévales, (ISBN2901121934).
Philippe Verelst et Véronique George, « Merlin, personnage fantastique, merveilleux et de science-fiction. À propos de L'Enchanteur de René Barjavel », Plait vos oïr bon cançon vallant ? Mélanges de Langue et de Littérature Médiévales offerts à François Suard, Conseil Scientifique de l'Université Charles de Gaulle - Lille 3, vol. II, (ISBN2-84467-008-3).
Marie Février-Vincent Burkhardt, Monde de la magie, magie du monde : aspect, rôle et symbolisme de l'univers de la magie dans quelques œuvres d'Heroic Fantasy (L'enchanteur de René Barjavel, The Mists of Avalon de Marion Zimmer Bradley, The Belgariad et The Malloreon de David Eddings, Le secret de Ji de Pierre Grimbert, The Lord of the Rings de J.R.R.Tolkien), thèse de doctorat en Littérature comparée, sous la direction de Danièle Chauvin, 2002, Grenoble 3 (OCLC490833713).
Laurence Delord-Pieszczyk, L'œuvre de René Barjavel : de la science-fiction au Moyen Âge ou l'itinéraire d'une symbolique, thèse de doctorat ès Lettres Modernes, sous la direction de Jean Dufournet, 1996, Université de Paris V - Sorbonne Nouvelle (OCLC489675400).
Nicole Maizeroi, Sur les chemins du Graal... : une étude du roman "L'Enchanteur" de René Barjavel, Mémoire de maîtrise ès Lettres sous la direction d'André Lorant, Université Paris-Est Créteil Val de Marne, 1987 (OCLC492355770).
Jacqueline Malavel, Ravage, La Nuit des temps et L’Enchanteur ou la vision de trois mondes alternatifs, thèse/mémoire, 2003, Université de Heidelberg (OCLC76613738).
Delphine Morel, Étude des couleurs dans "L'Enchanteur" de René Barjavel, 2002, mémoire de maîtrise ès Lettres Modernes sous la direction de Valérie Gontero, Aix-Marseille 1, 2002 (OCLC495392880).
Valérie Thivent, Le thème de la Quête dans L'Enchanteur de René Barjavel et dans The Lord Of The Rings de J.R.R. Tolkien, thèse de doctorat de Littérature Comparée, sous la direction de Claude de Grève, 1997, Université de Paris X (OCLC490438748).
Gaëlle Zussa, Merlin. Rémanences contemporaines d’un personnage littéraire médiéval dans la production culturelle francophone (fin xxe siècle et début xxie siècle) : origines et pouvoirs, thèse de doctorat en cotutelle préparée sous la direction d'Olivier Millet (université Paris 12-Créteil) et Robert Kopp (université de Bâle), 2008.