Cet article concerne le graffiti. Pour le film de Kevin Smith, voir Killroy Was Here (film).
Kilroy was here est un célèbre graffiti qui est apparu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il se compose généralement d'un dessin schématique représentant un personnage avec un gros nez, timidement caché derrière un mur, et du texte en anglais : « Kilroy was here » (« Kilroy était là »).
Historique
Pendant la seconde guerre mondiale, alors que les troupes américaines progressaient, elles avaient la surprise de découvrir que l'inscription « Kilroy was here » (« Kilroy était ici ») les avait précédées[1]. La légende d'un super-GI dénommé Kilroy a été entretenue par les troupes qui, par jeu, se sont employées à écrire « Kilroy was here » dans les endroits les plus incongrus, les plus inaccessibles ou les plus risqués, jusqu'au fond des cales d'un sous-marin.
Beaucoup de sources situent l'origine de l'inscription à 1939[2],[3],[4]. Des exemples plus anciens de 1937 n'ont pas pu être vérifiés.
La célébrité de ce graffiti est allée jusqu'à Staline qui, pendant la conférence de Potsdam, aurait demandé à son assistant, en russe : « Qui est Kilroy ? »[5].
Après guerre, un concours a été lancé par la American Public Transportation Association(en) pour retrouver l'auteur des graffitis d'origine. Une quarantaine de personnes se seraient présentées mais c'est James J. Kilroy(en), inspecteur sur les bateaux de l'armée (qui laissait une trace de son passage en salle des machines en écrivant son nom à la craie), qui a gagné le concours et remporté le lot : un authentique wagon de tramway. On pense que c'est James J. Kilroy qui est à l'origine de l'expression, l'utilisant lors de ses vérifications de navires au chantier naval Fore River de Quincy[6].
Par la suite, et notamment sur les champs de bataille de l'armée américaine, de nombreuses mains anonymes se sont amusées à écrire « Kilroy was here ».
Autres versions
Une version australienne a priori antérieure existe sous le nom Foo was here, mais sans inscription. Une variante anglaise propose Mr. Chad pour le nom du personnage[7].
Dans la culture populaire
Littérature
Dans la nouvelle Le Message (1955) d'Isaac Asimov, celui-ci propose l'explication suivante : Kilroy est un historien du 30e siècle qui voyage dans le temps.
Dans le chapitre 16 du roman V. (1963), l'auteur Thomas Pynchon suggère une nouvelle origine au dessin du Kilroy : le filtre passe-bande.
Dans le roman Mort d'un tatoué (1969) d’Ed McBain, un personnage, Anne Gilroy, propose qu’on se souvienne d’elle en pensant à « Gilroy was here »[8].
Dans Histoire d'os (1984) de Howard Waldrop, un soldat envoyé dans le passé inscrit « Kilroy was here » sur le flanc d'une boîte qui sera retrouvée par des archéologues.
Dans La Cité de verre (Trilogie new-yorkaise, 1987) de Paul Auster, le personnage de Daniel Quinn fait une référence à Kilroy. Il se compare lui-même à cette légende alors qu'il se cache derrière un cahier de notes à la même manière que le logo.
Dans Les Chroniques de l'Armageddon de J. L. Bourne (2013)[9], le personnage, durant son exil, se trouve dans l'obligation d'abandonner son arme à feu HK MP5. Il la dépose dans un frigo ne fonctionnant plus avec un papier où il est inscrit « Kilroy was here », accompagné du petit graffiti.
William Faulkner mentionne deux fois "Kilroy was here" dans son entretien avec Jean Stein (Writers at Work, interviews from Paris Review).
À la fin de De l'or pour les braves (1970) de Brian G. Hutton, la section du lieutenant Kelly marque sur un mur « Up yours baby » avec un Kilroy pour le capitaine Maitland (en français, « Tu l'as dans l'os »).
Dans Les Évadés (1994) de Frank Darabont, une vague allusion à Kilroy existe : lorsque le personnage de Brooks grave avec son canif « Brooks was here » sur la poutre de sa chambre avant de se suicider par pendaison. Un autre personnage, Red, ajoutera plus tard « So was Red » (« Red aussi »), lorsqu'il quittera l'appartement.
Dans La Bataille de Tobrouk (2008) de Václav Marhoul, on peut apercevoir le graffiti au sein de la tranchée où se trouvent les soldats tchèques et polonais dans le désert libyen, et une seconde fois à 1 h 24 dans une autre tranchée.
Dans Rango (2011) de Gore Verbinski, le héros dessine Kilroy dans le ciel étoilé avec un bâton incandescent.
Dans A Star Is Born (2018) de Bradley Cooper, un « Kilroy was here » avec le logo apparait brièvement sur le biceps droit de l'acteur Bradley Cooper, tout en montrant en arrière-plan le drapeau américain.
Dans USS Greyhound : La Bataille de l'Atlantique (2020) d'Aaron Schneider, peu après qu'un U-boat est signalé, on jette un œil sur le radar du navire, sur lequel est inscrit le graffiti avec le personnage. C'est un supposé anachronisme, car la bataille de l'Atlantique date de février 1942, bien avant la première apparition du graffiti en 1944 à la bataille de Normandie.
Dans la série MASH (saison 4 épisode 6), le capitaine Pierce écrit « Kilroy » sur une fenêtre alors que le capitaine Hunnicut est appuyé dessus, comme sur le dessin d'origine.
Dans la série Chapeau melon et bottes de cuir (deuxième série), épisode Cible ! (saison 7), le graffiti est clairement visible sur un des murs du champ de tir.
Dans la série Fringe, épisode « The Bullet That Saved The World » (saison 5 épisode 4), le graffiti apparaît également sur un mur : il désigne l'endroit où Walter a caché des plans.
Dans le générique de la série Community, les noms des acteurs sont chacun accompagnés d'un petit dessin ; celui de Joel McHale comporte deux personnages similaires à Kilroy, dont le nez représente les deux L du nom de l'acteur.
Dans la série Les Petits Génies (1983), Kilroy est régulièrement utilisé par le héros Richie Adler comme identifiant et/ou mot de passe. Dans le dernier épisode de la série (no 18), il laisse le fameux dessin avec la mention « Kilroy was here » derrière lui, pour signifier son passage à ses amis qui le recherchent.
Dans la série Taken, le personnage du hacker s'appelle Kilroy et signe son code informatique par « Kilroy was here. »
Dans la série The Same Sky (épisode 4, 2017), un graffiti « Kilroy was here » apparaît à la 49e minute sur le mur de Berlin (côté RFA).
Dans la série Moi, Christane F. (saison 1, épisode 4), on peut lire l'inscription « Kilroy was here » sur une palissade en métal aux alentours de la gare de Berlin Zoologischer Garten.
Dans la série Sons of Anarchy (saison 2, épisode 13), le graffiti est visible dans les toilettes du tatoueur lorsque Jax élimine Weston.
Dans plusieurs dessins animés de Tex Avery (Hound Hunters : sur un mur, King Size Canary : dans une boîte à sardines, etc.), le message « Kilroy was here » apparaît.
Dans la série Mighty Max (1993-1994), épisode 36 « La Main d'Osiris », Virgil peut lire le graffiti « Killroy was here » sur un mur rempli de hiéroglyphes.
Dans la série L'Île des défis extrêmes (2008), un graffiti de Kilroy apparaît dans les toilettes où les personnages racontent leur vie passée dans le camp.
Dans la série Archer (saison 3 épisode 12, 2009), on peut voir le graffiti « Sterling was here » sur le mur (à 2:49 de la fin de l'épisode).
Dans Prophecy de Tetsuya Tsutsui, le graffiti « Kilroy was here » apparaît plusieurs fois vers la fin de l'histoire (tome 3).
Dans Drifters de Kōta Hirano, le graffiti « Kilroy was here » apparaît au chapitre 49.
Dans La Guerre éternelle (tome 3, planche 13A), on lit dans une coursive du vaisseau, salie et graffitée par les soldats morts d'ennui : « Kilroy peed here » (« Kilroy a pissé ici »).
Dans la série Before Watchmen(en), partie « Minutemen » numéro 4, le graffiti « Killroy was Here » apparaît dans une base militaire américaine au Japon quand le jeune Edward Blake s'y rend.
Dans 666 (tome 6 planche 32), l'inscription « Kilroy was here » apparaît sur une pierre tombale.
Dans Calvin & Hobbes, Calvin reproduit le personnage associé à "Kilroy was here" en faisant un bonhomme de neige sur une colline[10].
Musique
Dans la chanson Kilroy was here (1967) du groupe The Move figurant sur leur premier album, Move ().
Dans Call of Duty: WWII, dans le QG multijoueur, une inscripton « Kilroy was here » peut être trouvée en haut du bunker situé au-dessus de l'emplacement du Major Howard, en parcourant un chemin secret pour y accéder ;
Dans Day of Defeat, on peut sélectionner un tag avec le graffiti représentant le personnage. ;
Dans Fallout: New Vegas, si le joueur sélectionne le trait « Terres dévastées » au début du jeu, il peut apercevoir le graffiti sur les murs du « Think Tank » dans l'extension Old World Blues ;
Dans Halo 3, un graffiti de Kilroy apparaît sur un mur du niveau multijoueur « Valhalla » le jour du ;
Dans OutRun 2019, un panneau publicitaire situé au niveau 3 montre ce graffiti avec une faute, au niveau du nom (Kilroy est écrit « Kilroi ») ;
Dans Payday 2, dans la mission attaque du fourgon Park, on retrouve le graffiti « Kilroy was here » accompagné de l'inscription « The creature was here » (« La bête était là ») ;
Dans Please, Don't Touch Anything, le graffiti est visible en éclairant le mur de droite, lors de la fin numéro 10 ;
Dans Return to Castle Wolfenstein, un graffiti « Kilroy was here » est visible au début de la première mission ;
Dans la version anglophone pour consoles de Sniper Elite V2 (2012) dont l'action se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, un trophée nommé « Kilroy was here » met le joueur au défi d'atteindre une salle en haut d'une tour sans se faire repérer par les soldats ennemis ;
Dans Uncharted: Golden Abyss, chapitre 4, on doit retrouver un trésor pour le trophée « Preuve de vie » dans un entrepôt en flammes ; le trésor s'appelle « Kilroy was here » ;
Dans Vagrant Story, une des salles se nomme Kilroy Was Here (« Où est donc Kilroy » dans la version française) ;
Dans War Thunder, une inscription « Kilroy was here » peut être gagnée par le joueur.
Dans Cyberpunk 2077 , une inscription sur un banc qui est en face du resto edgenet, au marché de kabuki.
Informatique
De manière anecdotique, de nombreux crackers informatiques ont utilisé Kilroy comme alias lors d'accès sur des sites web nouvellement ouverts, entre autres en mettant sur les bannières de login un « Kilroy was here » pour faire fulminer le gestionnaire système (sysop).
Notes et références
↑« Needed: some great new "liars" », Life, , p. 120 (lire en ligne)
(en) Raymond J. Walker, « Kilroy was here. A history of scribbling in ancient and modern times », Hobbies - the Magazine for Collectors, vol. 73, , p. 98N–98O (ISSN0018-2907)
(en) Kilroy, James J. of Halifax, Massachusetts, « Who Is 'Kilroy'? », The New York Times Magazine, , p. 30 (lire en ligne)