« Ses enfances, il les a dites lui-même, toutes campagnardes, libres sous le ciel libre, avec pour compagnons les fils des métayers voisins et des enfants du village… mais il était déjà aussi épris de solitude et de rêve : Dans le grand parc familial, comme la fleur, l’oiseau, la bête, il s’enivre de lumière et d’air… » - (Maurice Genevoix)[1].
Son service militaire le ramena au 9e régiment de chasseur à cheval « le Royal Gascogne » comme maréchal des logis[1] à Auch qui a été la ville de garnison de 1831 à 1919. Par la suite, il effectua très régulièrement des périodes militaires qui l’amenèrent au grade de lieutenant de réserve.
Après son mariage, en 1896, avec sa cousine Marie Thérèse d’Acher de Montgascon (1875-1961), il séjourna quelques années à Paris.
Ses Premiers vers (1896) furent préfacés par François Coppée. Il composa ensuite des pièces de théâtre (deux furent joués sur des scènes parisiennes dont l’une Ramsès[3], musique de scène de Paul Vidal, affiche de Paul Albert Laurens, fut présentée au pavillon d’Égypte lors de l'Exposition universelle de 1900).
À la mort de son père en 1900, seul fils avec deux sœurs mariées, il dut prendre la responsabilité du patrimoine héréditaire familial au château de Pesquidoux[4] sur la commune de Perchède en Gascogne, qu'il ne quittera plus jamais[1].
Père de six enfants, il s’engagea à plus de 45 ans dans la guerre de 1914-18, en tant que lieutenant, puis fut promu capitaine sur le front. Il fut décoré pour sa conduite courageuse et reçut deux citations. Il contracta dans les tranchées des infirmités qui le firent souffrir le restant de sa vie.
Dans son discours de réception[1] à l’Académie française Maurice Genevoix l’évoque aux Éparges[5] : « Déjà, cette guerre, âpre et boueuse, l’avait dépouillé de son panache. Pour ce cavalier, ce Gascon, cela avait dû être dur… »
Marc Fumaroli, dans son discours pour la réception de Jean Clair dans cette même académie, le , ajoute « Monsieur de Pesquidoux était aussi un héros, meurtri mais survivant, du massacre de la guerre de 1914-18, où il avait été jeté, officier de cavalerie, à l’âge de quarante-cinq ans »[6].
Revenu dans le Gers, Joseph s’attacha à mettre en scène la vie, les coutumes, les rites, les fêtes de sa province d’Armagnac.
Son ami, Jean de Pierrefeu[7], rédacteur en chef du journal hebdomadaire « l’Opinion[8] » l’incita à rassembler ses récits en un livre : ce fut la publication de Chez nous en 1920 qui en fit d’emblée un écrivain apprécié. Paul Souday, critique redouté du Temps, écrivit : « La France a découvert un grand écrivain ». Poète jusqu’en sa prose la plus familière, il réussissait, dans sa chronique journalière, à mettre en valeur la noblesse et la pérennité des humbles tâches de la vie paysanne.
Des critiques littéraires le surnommeront « le Virgile gascon[9] ». Plus récemment, Marc Fumaroli reprend cette comparaison « Le comte de Pesquidoux était l’auteur de la Harde, du Livre de Raison, géorgiques d’autant plus goûtées du public de l’entre-deux-guerres qu’elles étaient fondées à la fois sur une expérience personnelle de gentilhomme campagnard, à la tête du beau et ancien domaine viticole de sa famille en Armagnac, et sur une forte culture latine qui lui assurait une seconde généalogie chez Virgile, Horace et Columelle ».
Les années 1920 furent particulièrement riches en publications et en succès : André Gide dans Voyage au Congo – Le Retour du Tchad écrit « Selon mon habitude d’inviter imaginairement un ami, un inconnu parfois, à partager ma joie, ce matin je chasse avec Pesquidoux qui ne se doute guère assurément que je fus un des premiers à m’éprendre de ses écrits… »[10].
Il reçut le Grand prix de littérature de l’académie française en 1927[11] et fut admis dans cette même académie en 1936[12], succédant à Jacques Bainville, au 34e fauteuil auquel se présentaient également André Maurois et Jacques Bardoux. Maurice Genevoix qui lui succéda devait souligner : « les dons admirables de l’artiste, … une richesse sensorielle surabondante : formes, couleurs, lignes des horizons, souffles, murmures, odeurs, saveurs, toucher du vent, de l’eau qui coule ou dort… ».
Joseph fut également élu, en 1938, au 15e fauteuil de l’Académie des Jeux floraux de Toulouse[13]. Cette société savante est considérée comme la plus ancienne d'Europe, elle fut reconnue d'utilité publique depuis 1923.
Durant l’occupation, il fut membre du Conseil National en 1941 (Commission de la Réorganisation des Régions), mais il se tint à l’écart de la vie politique, uniquement préoccupé d’assurer la vie matérielle de ses compatriotes dans sa région d’Armagnac[14]. Gisèle Sapiro mentionne[15] parmi les académiciens qui « réfugiés dans leurs propriétés en province. Pesquidoux dans ses terres d'Armagnac n'assistèrent à aucune séance malgré les exhortations de la presse collaborationniste ». Il fut président du Conseil départemental sous le gouvernement de Vichy (correspondance, notice individuelle signifiant son soutien à la politique du Maréchal Pétain)[16]. En 1944, se situe un épisode relaté par Guy Labedan, historien de la 2e Guerre mondiale, dans son ouvrage Lieux de mémoire de la 2e Guerre mondiale dans le Gers : « dans le bourg du Houga, à titre de représailles, les Allemands pillent l'Hôtel Lafontan puis le détruisent à l'explosif. Le maire, académicien, Joseph de Pesquidoux fait de son mieux pour arrêter les exactions »[17]. Un article du journal Sud Ouest en date du , intitulé « Le Houga - - La force du souvenir », relate plus longuement les faits[18].
Il fut Président d'Honneur de la Société archéologique et littéraire du Gers.
Il mourut au château de Pesquidoux, le et a été inhumé au cimetière de la commune du Houga[19].
Une plaque commémorative fut apposée, le [20], sur la façade du château de Pesquidoux, lors d’une cérémonie, présidée par Maurice Genevoix, secrétaire perpétuel de l’Académie française, en présence de nombreuses personnalités dont Gabriel Delaunay, préfet de la région Aquitaine[1].
Parmi ses enfants, Arnaud de Pesquidoux (1907-1997), fut journaliste (Petite Gironde, Express du Midi). Ses articles dans le journal Le Monde sous le pseudonyme de Jean Taillemagre lui valurent une grande notoriété[21]. Il écrivit des textes sur les animaux pour les numéros hors série de Télé 7 jours[4]. Il tint de nombreuses années des chroniques à la radio et fut auteur de plusieurs films.
Famille
Il s'est marié le à Paris (7e), avec Thérèse d'Acher de Montgascon, dont :
Liste exhaustive issue du site de la Bibliothèque Nationale de France[22] et croisée avec les informations de l'IdRef du Sudoc[23]. Les énumérations présentes ne tiennent pas comptes des différentes éditions, ré-éditions et/ou révisions. Joseph de Pesquidoux a été également préfacier de dix huit ouvrages.
1896 : « Sémiramis », La Harpe, Cette, s.n., no 1, , p. 29 (BNF32785865, lire en ligne, consulté le )
1898 : Salomé : poème dramatique en 3 parties (œuvre des fourneaux alimentaires. Fête de charité, donnée au Nouveau-théâtre, le 29 avril 1898), Paris, impr. de Merckel, 40 p., In-8° (BNF31089996)
1910 : Le sang fatal : drame biblique en 4 actes, en vers (Datée d'après la carte jointe de l'auteur du 21 septembre 1910), Paris, impr. Merckel, 92 p., 25 cm (BNF36568042)
1937 : L'Armagnac : son eau-de-vie, son histoire et ses monuments, ses eaux thermales et son climat (préf. Ferdinand Larnaude (1853-1942)), Condom (Gers), A. Bousquet et fils, 104 p., In-16° (OCLC800814648, BNF32349838, SUDOC154774391)
Il fut aussi l'auteur d'un autre court métrage, produit et réalisé par J.K. Raymond-Millet[24], en 1943, d'une durée de 20 minutes et présenté en compétition à la Mostra de Venise[25], « Gens et coutumes d'Armagnac » relatant la vie d'un couple depuis l'enfance jusqu'au terme de la vie et présentant les coutumes, les chants et danses en pays d'Armagnac. On note parmi les animateurs Jean Doat, père de l'actrice Anne Doat[26].
1992 : Guy Labedan, Lieux de Mémoire de la 2e guerre mondiale dans le Gers, Auch, Chambre d'Agriculture du Gers, coll. « Gascogne insolite », , 67 p., In-12° br (EAN2000048139357, présentation en ligne)
1996 : Gisèle Sapiro, « Le champ littéraire français sous l'Occupation (1940-1944) », Actes de la recherche en sciences sociales, Paris, vol. 111, no 1, , p. 35 (DOI10.3406/arss.1996.3166, lire en ligne, consulté le )