Après des études au lycée Thiers de Marseille, Méry se jeta de bonne heure dans le parti bonapartiste[2]. Sa première célébrité lui vint d’une satire en vers qui lui valut quinze mois de prison en 1820[2]. Il collabora au journal la Méditerranée, et il fonda, plus tard, le Phocéen, journaux qui ont fusionné pour devenir le Sémaphore.
Monté à Paris, en , il fait la connaissance d’Auguste Barthélemy, et rédige avec lui des satires, comme les Sidiennes, la Villéliade, – que l’éditeur avait payée 25 000 fr. –, le Napoléon en Égypte, la Peyronnéide, la Guerre d’Alger, et un grand nombre de romans et de nouvelles aujourd’hui oubliés. Il a produit beaucoup de romans et de pièces de théâtre, son premier roman ayant été le Bonnet vert et la Bataille de Toulouse sa première pièce[2].
Lors de la Révolution de Juillet, il prit le fusil et composa un poème, l’Insurrection, et un hymne, la Tricolore, dont Halévy a composé la musique[2]. En , parut la Némésis mais, la seconde année, le Gouvernement ayant demandé à Méry et à Barthélémy 100 000 francs de cautionnement, les auteurs furent obligés de cesser leur publication.
Librettiste, il a écrit aussi pour le théâtre, notamment La Bataille de Toulouse, que Verdi a adapté pour son opéra La battaglia di Legnano.
De son temps, il est reconnu pour son esprit et ses capacités d’improvisation. Il produit plusieurs pièces de théâtre à Paris et collabore avec Gérard de Nerval à des adaptations de pièces, dont quelques-unes de Shakespeare.
« Trois de ses ouvrages sont considérés comme des romans criminels : Le Bonnet vert (Boulland, 1830) ; L'Assassinat (Canel & Guyot, 1832) et Salons et souterrains de Paris (Lévy, 1851)[3] ».
Ami de Balzac, Hugo, Gautier, Nerval, Dumas, il fréquente les cercles littéraires et intellectuels à la mode. Journaliste de métier, « ses critiques contre le gouvernement de la Restauration lui valent trois mois de prison »[3]. Alexandre Dumas décrit ainsi son ami Joseph Méry : « C'est une de ses créatures à part que Dieu a faites en souriant, et dans laquelle il a mis tout ce qu'il y a de bon, d'élevé et de spirituel dans les autres hommes. Méry, c'est un cœur d'ange, c'est une tête de poète, c'est un esprit de démon »[4].
En , Alexandre Dumas invite tous les poètes de France à faire montre de leurs talents en composant des poèmes à partir de bouts-rimés choisis à cet effet par Joseph Méry. En , Georges Bizet compose son recueil pour piano Les Chants du Rhin, en s’inspirant de six de ses stances. À l’opéra, il a signé notamment le livret de Sémiramis (1860), opéra en 4 actes de Rossini et, en collaboration avec Camille du Locle, Don Carlos (1867), opéra en cinq actes de Verdi.
Il était le frère de Louis Méry (1800-1883)[5], journaliste au Caducée, au Tambourinaire et au Ménestrel, archiviste de la ville de Marseille, auteur d’une Histoire de Provence en quatre volumes, parue de 1830 à 1837. Il a succombé à une maladie du larynx[6]. Il avait reçu une pension de Napoléon III.
Œuvre
Romans, nouvelles et proses diverses
Le Quartier général des jésuites, ou la Ligue à Marseille et à Aix, Paris, A.-J. Denain, 1829.
Le Bonnet vert, Paris, Boulland, 1830.
L'Assassinat, scènes méridionales de 1815, Paris, U. Canel et A. Guyot, 1832.
Ponce Pilate à Vienne, un conte dans La Revue de Paris, 1937 (T. 14, p. 172-192), reproduit dans Les Nuits de Londres (T. 2, p. 170-227) et de nouveau dans Contes et Nouvelles (P. 175-204), tous les trois exactement les mêmes.
Scènes de la vie italienne, 2 vol., Paris, Dumont, 1837.
Les Nuits de Londres, 2 vol., Paris, Dumont, 1840.
Les Deux Frontins, comédie en 1 acte, en vers, avec Paul Siraudin, Paris, Théâtre-Français, .
La Fiancée aux millions, comédie en 3 actes, en vers, avec Bernard Lopez, Paris, théâtre de Belleville, .
Théâtre de salon : Après deux ans. La Coquette. Aimons notre prochain. Le Château en Espagne. Être présenté. La Grotte d'azur. Une veuve inconsolable, Paris, Michel Levy frères, , 339 p., in-12 (lire en ligne).
Nouveau théâtre de salon : La Comédie chez soi. Une éducation. Comédiens et diplomates. M. Rousseau. Gloire et amour. Le Récit de Théramène. La Soubrette de Clairon. Le Prix de famille, 1865.
L'Insurrection, poème dédié aux Parisiens, Paris, A.-J. Denain, 1830.
Œuvres de Barthélemy et Méry, Paris, A.-J. Denain, 1831.
Les Aygalades et Fontainieu, Marseille, Feissat aîné et Demonchy, 1834.
Publications écrites en collaboration avec Gérard de Nerval
Le Chariot d'enfant drame en vers, en 5 actes et 7 tableaux, traduction du drame indien du Roi Soudraka, D. Giraud et J. Dagneau, 1850, lire en ligne sur Gallica
L'Imagier de Harlem, ou la Découverte de l'imprimerie, drame-légende à grand spectacle, en 5 actes et 10 tableaux, en prose et en vers, avec Gérard de Nerval et Bernard Lopez, ballets d’Adrien, Paris, Librairie théâtrale, 1852, lire en ligne sur Gallica
Bibliographie
Olivier Boura, Dictionnaire des écrivains marseillais, Marseille, Gaussen, 2017.
Olivier Boura, Méry ou l'éternel Marseillais, introduction à Marseille et les Marseillais, Marseille, Gaussen, 2012.
Gustave Claudin, Méry : sa vie intime, anecdotique et littéraire, Paris, Bachelin-Deflorenne, , 111 p., 1 vol. portrait eau-forte par G. Staal ; in-16, lire en ligne sur Gallica.
Michael Rosenfeld, « Écrire et escamoter l’amour entre hommes sous le Second Empire : Monsieur Auguste et Le Comte Kostia », Littératures, no 81, 2019, p. 119-129, lire en ligne.
↑ abcd et eGeorges Marye, « Causerie », Journal des arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, arts appliqués à l'industrie, poésie, musique, théâtres, modes, etc., no 7, , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
↑« Méry », Le Monde illustré, vol. 18, no 480, , p. 396 (lire en ligne, consulté le ).
↑Michael Rosenfeld, « Écrire et escamoter l’amour entre hommes sous le Second Empire : Monsieur Auguste et Le Comte Kostia », Littératures, no 81, , p. 119–129 (ISSN0563-9751, DOI10.4000/litteratures.2452, lire en ligne, consulté le )
Quatre nouvelles humoristiques (introduction et notes d’Ernest Jaubert), Paris, Bossard, coll. « des chefs-d’œuvre méconnus », , Bibliothèque électronique de Lisieux (lire en ligne).