José-Maria Berzosa est un réalisateur de télévision espagnol émigré en France, né le à Albacete et mort au Chesnay le [1].
Ses documentaires et ses fictions, caustiques et souvent poétiques, distillent un humour buñuélien et une érudition borghésienne. Rejetant toute idée d'objectivité, il souligne explicitement sa mise en scène, même lorsqu'il filme "le réel" et revendique la subjectivité créatrice.
Pour Chili Impressions, il réussit à filmer le Général Pinochet et ses généraux dans leur intimité sans que ceux-ci se doutent de la charge critique qu'ils ne découvriront que lorsque la presse saluera le film.
Biographie
Après s'être exercé en Espagne à la critique cinématographique, après avoir fréquenté un ciné-club et fait un peu de théâtre à l'Université, il devient avocat, mais en 1956 il doit quitter son pays pour raisons politiques "très contraignantes".
En 1967 Daniel Costelle et Pierre-André Boutang lui confient de réaliser plusieurs sujets sur les musées dans le cadre de l'émission Le nouveau dimanche. Ces courts métrages montrent aussitôt une forte impertinence, faisant semblant de briser un plat précieux au Musée de la Céramique de Sèvres, ou mettant en scène Michel Simon dans une savoureuse visite du Musée de la Police où la clef des menottes qu'il a passées au comédien se casse.
Ses documentaires les plus connus sont Chili Impressions (l'original de 1977 dure 5 heures), De la sainteté (Quatre épîtres perplexes autour de la foi, de la crédulité et de la croyance[2], 4 heures, 1985-86), L'élection d'une miss, Iconoclasme.
Il réalise quatre longs métrages de fiction :
Entre-temps ("Deux récits parallèles. Un employé de bureau de trente cinq ans voit un matin sa vie future compressée en 24 heures, une journée qui correspond à 40 ans de la perception "la plus fréquente" du temps. Simultanément un nain, ancien artiste de cirque, se voit catapulté à l'époque de Napoléon III où il devient l'ami d'une petite fille violoniste qui vieillira d'un siècle en 24 heures...")
Passe-temps (écrit avec Julio Cortázar et Danielle Obadia ; "une femme quitte son domicile et fuit un danger que nous ne connaîtrons jamais. Après un long chemin émaillé d'aventures initiatiques, elle s'installe dans la salle vide d'un musée et attend la solution à des problèmes qui nous échapperont toujours")
Joseph et Marie ("La vie quotidienne d'un couple de retraités, très très vieux, généreux, lucides et extraordinairement doués pour le bonheur")
Mourir sage et vivre fou ("Une femme noire dans une Rolls Royce conduite par un chauffeur aveugle et sourd-muet se promène sur la route de Don Quichotte. Un troisième voyageur, un enfant de 10 ans habillé en blanc leur permet de communiquer").
Toujours inspiré par l'Espagne, il tourne ¡Arriba España! avec Enrique Tierno Galván, Ramón Chao et André Camp, Cinquante ans depuis la guerre civile et Le diable en Galicie avec Ramón Chao, Trois mythes espagnols avec André Camp (Comment se débarrasser des restes du Cid, Don Quichotte Mourir sage et vivre fou [3], Dom Juan l'amour et la charité), Franco un fiancé de la mort...
Il enseigne à l'École de cinéma de Cuba, à l'INA et à la FEMIS.
En 1980 il reçoit le Grand Prix de la SCAM (SGDL) et le Prix remis par le Ministre de la Culture italien pour l'ensemble de son œuvre ainsi que le Prix Liber Presse Cinéma de Gérone.