Il est le fils naturel du peintre hispano-grec Dominiko Theotocopoulos — dit El Greco — et de Jerónima de las Cuevas.
Biographie
Jorge Manuel Theotocopoli est élevé par son père El Greco, seul. Il apprend le métier de peintre en travaillant dans l’atelier de son père, puis à partir de 1603 il collabore nommément à la réalisation du retable d'Illescas avec son père. La même année, il épouse Alfonsa de los Morales dont il a un enfant en 1604, Gabriel de los Morales.
En 1607, il commence à réaliser ses propres travaux, comme le retable Titulcia, où il prolonge le maniérisme de son père, mais s’en distingue avec un style personnel, bien que sa qualité comme peintre fut toujours inférieure au grand maître de Tolède.
En 1625, il obtient la charge de maître sculpteur et architecte de la cathédrale de Tolède, où il travaille à la construction de la chapelle du Ochavo et sur la coupole de la chapelle mozarabe d'Enrique Egas.
Marié deux fois, il meurt ruiné, ses biens sont saisis par l'hôpital de Tavera avec lequel il était en litige.
Manusso, le frère du Greco
Manusso Theotocopoulos (1531 – ) est l'oncle de Jorge Manuel et le frère aîné du Greco. Il est marchand et a certainement aidé son frère, au moins au début de sa carrière. Le , il est expulsé d'une confrérie de peintres à Venise où il « sème le trouble[2] ». Collecteur d’impôts, il est condamné pour malversation et emprisonné de 1582 à 1586[3]. Il vit avec son frère et sa famille, à Tolède, de 1591 à sa mort, en 1604[4]. Il semble qu'il aide alors son frère en codirigeant l'atelier avec les assistants Francisco Preboste et Luis Tristán.
L'héritage du Greco
le , le Greco nomme son fils légataire universel de ses biens. Il meurt le et est enterré à l'église de Santo Domingo el Antiguo. Jorge Manuel Theotocopouli réalise alors l'inventaire de l'atelier, y compris les œuvres inachevées. Mais en 1621, quand Jorge Manuel se remarie, l'inventaire de ses biens contient des Greco qui n'apparaissaient pas dans le précédent inventaire.
En 1618, les sœurs du couvent de l'église de Santo Domingo rompent l'accord signé en 1612 à propos du mausolée familial dans l'église et demandent que les restes du Greco et de la première épouse de Jorge Manuel, Alfonsa de los Morales morte en 1617, soient retirés de l'église. Les restes du Greco et d'Alfonsa Morales sont alors déposés dans le monastère de San Torcuato. Ce lieu fut détruit en 1868.
L'art de Theotocopouli
Le style de Jorge Manuel emprunte beaucoup d'éléments stylistiques à son père, tout en accentuant les effets. Les formes sont encore plus allongées. Le dessin est heurté et fermé. Le coloris est pauvre, très sombre. Il semble même que Jorge Manuel ait terminé certains tableaux de son père comme Le Laocoon puisqu'il semble l'avoir vendu après la mort de son père, alors qu'il est déclaré inachevé dans l'inventaire de l'atelier du Greco. L'atelier du Greco reste donc actif après la mort de celui-ci, sous la direction de Jorge Manuel et sans doute même après la mort de ce dernier.
↑Maria Constandoudaki, Domenikos Theotocouplos de Candie à Venise, documents inédits,(1566-1569), t.12, Venise, 1975, pp. 292-308. Parmi les différents documents découverts par Maria Constandoudaki, figurent entre autres le procès-verbal consécutif à une altercation violente à la guilde de Saint-Luc le entre Manousso et des membres de la confrérie des peintres, mais aussi sa condamnation pour escroquerie.
↑Suivant un document vénitien daté du , il est condamné à six mois de prison avec sursis pour violence. Selon d'autres sources, Manusso serait un pirate au service de la république de Venise.
↑Selon différents témoignages cités par Maria Constandoudaki, les mésaventures de Manousso l'auraient forcé à trouver refuge chez son frère à Tolède en 1591, jusqu'à sa mort.