John Shelby SpongJohn Shelby Spong
John Shelby Spong, né le à Charlotte et mort le à Richmond, est un évêque du diocèse épiscopalien de Newark, dans le New Jersey, de l'Église épiscopalienne des États-Unis. Protestant libéral progressiste, théologien, universitaire, critique religieux et écrivain, il appelle à repenser fondamentalement la foi chrétienne, en abandonnant le théisme et la vie après la mort en tant que punition des comportements humains. BiographieJohn Shelby Spong naît le à Charlotte, ville de Caroline du Nord. Il fait ses études dans des écoles publiques. Il fréquente l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, où il devient membre de Phi Beta Kappa et obtient un Bachelor of Arts en 1952. Il suit sa formation théologique au Séminaire théologique de Virginie d'où il sort avec un Master of divinity en 1955. Il sert ensuite comme pasteur dans différentes paroisses épiscopaliennes en Caroline du Nord et en Virginie et donne aussi des cours dans plusieurs universités, notamment la Harvard Divinity School. Il devient évêque de Newark en 1979, siège qu'il occupe jusqu'en 2000, devenant une des voix les plus éminentes du courant libéral au sein de l'anglicanisme. Il se retire de son office d'évêque en 2000 mais continue à donner de nombreux conférences aux États-Unis et dans le monde. En 2016, il souffre d'un malaise avant une conférence ce qui le pousse à diminuer ses engagements publics. Il meurt à son domicile le [réf. souhaitée]. ÉcritsL'œuvre de Spong traite de sources bibliques et non-bibliques, et est influencée par l'analyse critique moderne de ces sources. Il est représentatif d'un courant de pensée trouvant ses racines dans l’universalisme médiéval de Pierre Abélard et l’existentialisme de Paul Tillich, qu’il présente comme son théologien favori[1]. Une idée récurrente chez Spong est que l’interprétation populaire, supposée « littérale », des Écritures chrétiennes ne correspond pas véritablement à la situation des communautés chrétiennes modernes, et qu’une approche plus nuancée des Écritures, permise par l’érudition et la compassion, peut être cohérente à la fois vis-à-vis de la tradition chrétienne et de la compréhension moderne de l'univers. Il croit, comme son prédécesseur l’évêque John A.T. Robinson, que le théisme a perdu sa crédibilité en tant que conception valide de la nature de Dieu. Il explique qu’il est chrétien parce qu’il croit que Jésus-Christ a exprimé pleinement la présence d’un Dieu de compassion et d’amour désintéressé, et que c’est le sens de la proclamation des premiers chrétiens, « Jésus est seigneur ». Il rejette le caractère historique d'évènements proclamés comme des vérités par certaines doctrines chrétiennes, comme la conception virginale et la résurrection de la chair de Jésus. Une nouvelle RéformeÀ l'instar de la plupart des théologiens contemporains des Églises chrétiennes "historiques", John Shelby Spong rejette la lecture littérale de la Bible et met en garde contre le danger mortel pour le christianisme des interprétations fondamentalistes des textes bibliques. Dans Né d'une femme, traduit en français en 2015, il prononce une condamnation sans appel du littéralisme : "Un mythe lu de manière littérale est un mythe condamné à mourir. Sa vérité ne peut être sauvegardée. [...] Dans notre monde moderne, le littéralisme n'est rien de moins qu'un ennemi de la foi en Jésus-Christ. C'est un système de croyance construit sur l'ignorance, qui se conduit comme si Dieu, le mystère infini, pouvait être défini avec les mots d'un être humain ou dans les catégories de pensée d'une ère particulière. [...] Le littéralisme c'est prétendre que le savoir est fini et que la connaissance ne peut donc pas avancer dans de nouvelles directions infinies, chaque jour. Le fondamentalisme biblique réduit les options religieuses au niveau d'une proposition relative énoncée à un moment donné, puis l'enrobe d'une certitude qui ne peut être maintenue que par une hystérie défensive ou agressive. Lorsque cette certitude vole en éclats, elle ne laisse à celui qui était fondamentaliste aucune autre option qu'un désespoir sans Dieu[2]." Dans Dieu fait un rêve (p. 118), Desmond Tutu, ancien archevêque anglican du Cap, dénonce de la même manière le littéralisme qui fait fi du fait que "chacun de ses récits porte la marque du contexte dans lequel il a été rédigé [...] comme si Dieu avait dicté la Bible" alors que "Dieu s'est servi d'êtres humains, tels qu'ils étaient, qui se sont exprimés de la seule manière dont ils pouvaient le faire sur le moment"[3]. Et pour le prix Nobel de la Paix 1984 de ne pas opposer foi et vérité scientifique qui font parfaitement bon ménage. La position de Spong contre le littéralisme n'est pas par elle-même originale. Elle est largement partagée par les théologiens catholiques romains comme protestants. En revanche, sa critique des dogmes de l'Église s'est faite de plus en plus tranchante dans les années 1990 et 2000, jusqu'à reformuler un nouveau crédo pour le XXIe siècle à travers douze thèses radicalement nouvelles[4], appelant à une foi renouvelée et vivante. Peu attaché aux structures humaines de l'Église, il a réaffirmé avec force la liberté du croyant en Jésus-Christ au sein d'Églises tournées non vers leurs traditions et le passé, mais vers l'avenir qui passe par une nouvelle formulation de la foi. La théologie de Spong est toutefois devenue au fil des années de plus en plus clivante. Sa démarche critique et appuyée sur la raison est caractéristique de l'anglicanisme, courant du protestantisme qui valorise depuis la fin du XVIe siècle la critique de la Bible et de la Tradition sous le prisme de la Raison (don de Dieu) ; courant qui cultive la diversité de positions internes, affronte les "disputes" théologiques et assume les divisions dès lors que l'on s'accorde sur les questions fondamentales de la foi. À l'inverse de l'uniformité recherchée consciemment ou inconsciemment par la plupart des autres Églises protestantes, l'anglicanisme promeut le respect et la coexistence en son sein de "partis théologiques" a priori antagonistes (high church vs low church, anglo-catholiques vs evangelicals, libéraux vs orthodoxes, partisans de l'ordination des femmes à la prêtrises vs opposants, question de l'homosexualité, etc.). John Shelby Spong a incarné à l'extrême l'appel protestant à une réforme permanente de l'Église (principe de l'Ecclesia semper reformanda des réformateurs du XVIe siècle). Certaines de ses positions sont allées très loin, remettant en cause la formulation même des dogmes essentiels de l'Église universelle. Si sa critique stimulante des formulations anciennes de la foi chrétienne est amplement relayée par les théologiens libéraux, représentés en France du côté protestant par le mensuel Evangile et Liberté, ses écrits ont suscité depuis les années 1990 des critiques de plus en acérées de la part de théologiens de tous horizons, y compris anglicans. L'évêque Spong fut un fervent défenseur du féminisme, des droits des homosexuels et de l'égalité raciale au sein de l'Église comme au sein de la société dans son ensemble[5],[6],[7]. À ces fins, il prône une nouvelle Réforme protestante, dans laquelle de nombreuses doctrines de base de la chrétienté devraient être reformulées. Le développement le plus détaillé de ces convictions se situe dans son livre A New Christianity for a New World: Why Traditional Faith Is Dying and How a New Faith Is Being Born. Il expose brièvement ces idées ainsi (traduction de Gilles Castelnau[8]) :
Les travaux de Spong sur l'évolution textuelle du rôle de juif trahissant Jésus attribué à Judas Iscariote dans les Évangiles ont recueilli une attention particulière de la part de chercheurs en sciences sociales s'intéressant aux racines de l'antisémitisme dans le Nouveau Testament. Il soutient fermement que les détails grandissants donnés sur la trahison de Judas depuis les évangiles synoptiques jusqu'à l'Évangile de Jean sont le résultat d'un embellissement actif de la part des auteurs plus récents comme Marc et la source Q, comme le résultat d'une tension idéologique issue de l'hostilité imprévue et croissante entre Juifs et Chrétiens dans les premiers temps de l'Église. CritiquesLes prises de position toujours plus provocatrices de John Shelby Spong ont été accueillies dans les années 1990 et 2000 avec enthousiasme par les théologiens libéraux, avec fraîcheur par les autres. Ses principaux détracteurs ont dénoncé sa simplification à outrance de la richesse et de la subtilité intemporelle des formulations de foi et travaux théologiques produits par 2 000 ans de christianisme. Érudit, mais négligeant parfois la portée des textes et formulations anciennes, il a été accusé de simplifier et de caricaturer certaines formulations anciennes de l'Église, faisant un peu rapidement table rase des formulations de foi traditionnelles. On a pu lui reprocher de céder aux effets de mode contemporains, également réducteurs à certains égards, et finalement d'appauvrir l'expression de la foi chrétienne, d'opposer artificiellement vérités de la foi et connaissance scientifique, foi et raison. Gerald O'Collins, professeur catholique de théologie fondamentale de l'Université pontificale grégorienne de Rome, a affirmé que les travaux de Spong "ne faisaient tout simplement pas partie du monde de l'érudition internationale. Aucun savant sérieux ne se fera avoir par ce livre. [...] Ce qui y est dit à propos d'un passage clé que Saint Paul utilise dans l'Épître aux Galates 1:15f. montre que l'évêque [Spong] a perdu son grec. [Spong défendait sa thèse en se basant sur un mot grec qui n'est pas dans le passage[9].] [...] [ma] recommandation pour son prochain livre est de laisser de vrais experts l'examiner avant publication."[10] Rowan Williams, ancien archevêque de Canterbury, écrit une réponse aux 12 points de Spong en 1998, quand il est évêque de Monmouth : « Je ne peux d'aucune manière considérer les thèses de Spong comme représentant un avenir chrétien défendable ou même intéressant. Et je veux savoir si la tradition et les écritures chrétiennes passées lui semblent vraiment creuses et stériles comme le suggère son texte. »[pertinence contestée] Publications
Notes et références
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