Joan Turner de Jara, mieux connue sous le nom de Joan Jara, née Joan Alison Turner à Londres le et morte le à Santiago[1], est une danseuse et activiste politique britannique, naturalisée chilienne et reconnue par l'Académie chilienne des beaux-arts pour sa contribution au développement de la danse.
Elle est la fondatrice de la Fondation Víctor Jara, qui fut son son mari, et a joué un rôle important, tant au niveau universitaire que populaire, dans la diffusion de la danse au Chili. En 2009, elle reçoit la nationalité chilienne par grâce, en reconnaissance de sa contribution à la culture, de son parcours et de sa lutte pour le retour à la démocratie après la dictature militaire qu'a connue le Chili entre 1973 et 1990.
L'année suivante, les Ballets Jooss reviennent à Londres : Joan se faufile plusieurs fois dans le théâtre non seulement pour voir l’œuvre plusieurs fois, mais également pour parler avec Kurt Jooss. Celui-ci explique que le Ballet a dû fermer son école, mais qu'elle peut passer une audition avec lui ; ce qu'elle fait. Kurt lui conseille de se former professionnellement et lui dit qu'il l'imagine faire partie de la compagnie dans le futur[réf. nécessaire].
Au sein de la compagnie, elle rencontre le chorégraphe, danseur et acteur chilien Patricio Bunster, qu’elle épouse en . Patricio se rend au Chili en , et elle le rejoint quatre mois plus tard, pour un voyage qui aura duré six semaines. Joan se surprend à conserver son nom de jeune fille et elle se fait appeler dorénavant « Joan Turner Roberts de Bunster », formulation qui assimile la femme à une propriété du mari[3].
Au Chili, elle intègre par concours le ballet national comme danseuse, puis plus tard également comme chorégraphe. Elle est aussi professeure à l'université du Chili[réf. nécessaire].
Mariage avec Víctor Jara
Après la naissance de leur fille Manuela en 1960, le couple se sépare et elle épouse en secondes noces le jeune directeur de théâtre (et par la suite chanteur) Víctor Jara. Son nouvel époux aura une participation politique décisive, sa musique se convertissant en symbole du gouvernement de Salvador Allende. De son mariage avec Víctor naît sa seconde fille, Amanda[réf. nécessaire].
Pendant le coup d’État d'Augusto Pinochet contre le président Salvador Allende, le , Víctor Jara est arrêté. Il est emmené au stade Chili, où il reste plusieurs jours. Selon de nombreux témoignages, il est torturé pendant des heures, reçoit des coups sur les mains avec la crosse d'un revolver jusqu'à les lui briser, et est criblé de balles le . Son cadavre est retrouvé le . Joan doit effectuer la reconnaissance du corps et, après l'enterrement, doit s'exiler avec ses deux filles[4].
Exil et activisme
Joan part en exil en Grande-Bretagne avec ses deux filles. À Londres, elle arrête de s'appeler Joan Turner de Jara, et adopte le nom de Joan Jara que lui ont assigné les autorités britanniques[réf. nécessaire].
Elle devient une activiste contre la dictature militaire chilienne, et pendant de longues années se bat pour que la justice chilienne éclaircisse les circonstances de la mort de Víctor Jara. Il y a cependant peu d'avancées, alors même qu'en 2009 le dossier est réactivé par l'arrestation de l'auteur « matériel » (mais pas « intellectuel ») du crime[réf. nécessaire].
Elle ne revient au Chili qu'au milieu des années 1980. À son retour, elle crée le centre de danse Espiral, qui sera fondamental dans la formation de plusieurs générations de danseuses et chorégraphes, et poursuit la lutte pour faire la lumière sur l'assassinat de son mari[5]. En 1993, elle crée la Fondation Víctor Jara, qui cherche à diffuser et à promouvoir l'héritage de l'artiste[6].
Le , la Chambre des députés, puis le le Sénat du Chili, votent une résolution lui accordant la « nationalité par grâce[7] ». En juin, la présidente de la République, Michelle Bachelet, lui délivre officiellement la nationalité chilienne[8].
En 2013, le juge chilien Miguel Vásquez détermine que Víctor Jara est mort le à cause d'« au moins 44 impacts de balles », selon l'autopsie. Les recherches judiciaires indiquent que l'homme qui a appuyé sur la détente est un certain Barrientos, lieutenant de l'armée[réf. nécessaire].
Le , un tribunal fédéral d'Orlando, aux États-Unis, juge l'ex-militaire chilien Pedro Barrientos, naturalisé américain, coupable de torture et d'assassinat extrajudiciaire de Víctor Jara. L'ancien militaire est condamné par le jury à payer des dommages et intérêts de 28 millions de dollars à la famille. Le jugement civil a commencé avec la plainte déposée par Joan Turner Jara et ses deux filles, Manuela Bunster et Amanda Jara. Cette plainte est présentée en 2013 par le Centre de Justice et Responsabilité (CJA), dont le siège est à San Francisco[9].
Œuvres
En 1983, elle publie Víctor Jara, un canto truncado.
Pendant son premier séjour au Chili, elle crée le « Ballet populaire » avec un groupe de danseurs professionnels du Ballet national chilien. La mission du « Ballet populaire » était la diffusion de la danse dans les secteurs ruraux du pays.
À la fin des années 1960, elle crée au sein de l'Université du Chili le cursus de professeur de danse pour enfants.
En 1985, à son retour d'exil, elle fonde avec son ex-mari Patricio Bunster le centre de danse Espiral, pour former des professeurs de danse issus de quartiers populaires.