Jean est par ailleurs un cartographe, un humaniste, et un poète plusieurs fois couronné dans les concours de Normandie. Plusieurs fois vainqueur au Palinod de Dieppe, il reçut, à celui de Rouen, les prix de quatre chants royaux et d’un rondeau de 1518 à 1524.
L'armateur dieppois Jean Ango s'intéresse à lui. Il lui confie une des premières expéditions françaises vers l'Extrême-Orient[2].
Le , les frères Parmentier quittent Dieppe. Jean est capitaine de La Pensée, bâtiment de 200 tonneaux. Il désire être le premier français à atteindre les îles lointaines d'Asie pour acheter directement, c'est-à-dire sans passer par les Portugais, les épices que sont le poivre, les clous de girofle et la noix de muscade[3]. Raoul prend le commandement du Sacre, 120 tonneaux, un peu plus rapide[4].
Au cours de son voyage, Jean Parmentier continue à se livrer à des travaux littéraires : poèmes, traduction de la Guerre de Jugurtha de Salluste.
Pierre Crigon, astronome et poète, rapporte qu'il fait faire l'autopsie de deux de ses marins morts en mer (Dresaulx et Ponhillon)[5] avant d'immerger leurs corps[6].
La maladie — notamment le scorbut — fait de nombreuses victimes dans l'équipage. Le 18 septembre, les marins aperçoivent les Maldives, où ils relâchent. Le 20 octobre, les deux navires arrivent en vue de l'île de Poulo Nyas, et le 29 en vue de Sumatra[7]. Ils mouillent à Tiku[8]. Jean est malade. Il meurt le 3 décembre. Il est inhumé sur l'île, près de Tiku. Raoul meurt cinq jours plus tard. Son corps est immergé[9]. Pierre Mauclerc prend le commandement du Sacre, Guillaume Sapin celui de La Pensée. Les deux bateaux longent la côte vers le sud, en quête du poivre qu'ils n'ont pas trouvé à Tiku. Ils mouillent à Indrapoura[10], le 23 décembre. Les marins ne peuvent obtenir que 375 kilos de poivre.
Le , ils font voile vers l'Occident. En mars, peu après le cap de Bonne-Espérance, une tempête sépare les deux navires. Ils ne se retrouvent qu'après le passage de l'équateur. Les quelques survivants atteignent Dieppe en mai ou en juin.
L'astronome Pierre Crignon rapporte les poèmes écrits par son ami Jean Parmentier durant ce difficile périple. Ils sont présentés à François Ier.
Œuvres
Jean Parmentier, Raoul Parmentier et André Crignon (préf. Ch. Schefer), Le discours de la navigation de Jean et Raoul Parmentier, de Dieppe ; Voyage à Sumatra en 1529 ; Description de l'isle de Sainct-Dominigo, Paris, Ernest Leroux, , 268 p. (lire en ligne)
Jean Parmentier, Œuvres poétiques, éd. critique par François Ferrand, Genève, Droz, 1971.
Jean Parmentier, Journal de voyage de Dieppe à l'île de Sumatra en l'année 1529, La Rochelle, La Découvrance, 2005, 78 p., (ISBN978-2-84265-305-7).
↑Recherches sur les voyages et découvertes des navigateurs normands en Afrique, dans les Indes orientales et en Amérique ; suivies d'Observations sur la marine, le commerce et les établissements coloniaux des Français ([Reprod.]) / par L. Estancelin,..., Paris, A. Pinard et Delaunay, , 378 p. (lire en ligne), p. 278
↑Michael Wintroub, « The Translations of a Humanist Ship Captain: Jean Parmentier’s 1529 Voyage to Sumatra », Renaissance Quarterly, vol. 68, no 1, , p. 98–132 (ISSN0034-4338, DOI10.1086/681309, lire en ligne, consulté le )
↑Indrapoura est sur la côte ouest de Sumatra, à environ 160 kilomètres au sud de Padang.
Voir aussi
Bibliographie
Louis Estancelin, Recherches sur les voyages et découvertes des navigateurs normands en Afrique, dans les Indes orientales et en Amérique ; suivies d'Observations sur la marine, le commerce et les établissements coloniaux des Français, , 378 p. (lire en ligne), p. 45 & 241
Luc Massart, « Des navigateurs et poètes dieppois : les frères Parmentier », Études Normandes, vol. 48, no 4, , p. 63–86 (DOI10.3406/etnor.1999.2410, lire en ligne, consulté le )
Jean-Michel Barrault, Le Sacre et La Pensée : 1529, de Dieppe à Sumatra, les capitaines-poètes de Jean Ango ouvrent la route des Indes fabuleuses, Paris, Seghers, 1989, 302 p., (ISBN978-2-23210-167-0).
Amand Gabriel Ballin, Notice historique sur l'Académie des Palinods. Extrait du précis de l'Académie royale de Rouen, pendant l'année 1834, Rouen, Nicétas Périaux, 1834, 101 p., p. 48
(en) Michael Wintroub, « The Translations of a Humanist Ship Captain: Jean Parmentier’s 1529 Voyage to Sumatra », Renaissance Quarterly, vol. 68, no 1, , p. 98-132 (lire en ligne)
(en) Michael Wintroub, The Voyage of Thought: Navigating Knowledge Across the Sixteenth Century World, Cambridge University Press, 2017, 305p (ISBN978-1107188235).
André Zysberg, « L’extraordinaire voyage des frères Parmentier »L’Histoire 2020/2 (N° 468), pages 70 à 75.
Romain Bertrand, Les grandes déconvenues : La Renaissance, Sumatra, les frères Parmentier, Seuil, , 380 p. (ISBN978-2-02-154531-9)