Jean de NivelleJean de Nivelle
Jean de Nivelle (1422 – ), également connu sous le nom de Jean III (Ier) de Montmorency-Nevele, est un noble français du Moyen Âge (XVe siècle), à l'origine de la branche Montmorency-Nivelle[1] (en flamand Montmorency-Nevele). Ce personnage est par ailleurs à l'origine de l'expression populaire française « être comme ce chien de Jean de Nivelle qui fuit quand on l'appelle »[1] et dont le nom apparaît dans plusieurs chansons traditionnelles françaises. AscendanceJean de Nivelle descend par les femmes des rois de France jusque Hugues Capet[N 1].
DescendanceJean de Nivelle et son épouse Gudule Vilain eurent cinq enfants :
Talleyrand est un de ses descendants. BiographieJean de Nivelle est le fils aîné de Jean II de Montmorency (1402-1477)[N 2] et de sa première épouse Jeanne de Fosseux, une des plus riches héritières des Flandres. Jeanne de Fosseux apporte par son mariage de riches seigneuries, enclavées dans les domaines de la maison de Bourgogne. Parmi celles-ci, les seigneuries de Nivelle (Nevele en flamand) et de Wismes doivent revenir à Jean de Nivelle à sa majorité. Jeanne décède le 2 septembre 1431 et, en 1443, Jean II de Montmorency se remarie avec Marguerite d'Orgemont, ce qui risque de porter préjudice à Jean de Nivelle et à son frère cadet Louis de Fosseux[5]. Les deux frères se retirent alors dans les terres léguées par leur mère. Vers 1455, Jean de Nivelle épouse la baronne de Liedekerke Gudule Vilain, dame de Huisse et fille du baron de Liedekerke Jean Vilain et de Gudule Raes de Malines[6]. Cette alliance lui apporte les domaines de la maison de Huisse et en contrepartie l'oblige à donner des gages de soumission au duc de Bourgogne[5]. Les deux frères, Jean et Louis, bien qu'opposés entre eux, notamment à la suite de litiges lors du partage des terres de leur mère, se trouvent un intérêt commun face à l'influence, qu'ils estiment néfaste, de leur belle-mère sur leur père. Ils conviennent alors d'agir de concert et de renouer les liens avec leur père. Mais, malgré cette promesse d'agir ensemble et alors que débutent les troubles qui amenèrent la création de la Ligue du Bien public, Jean décide de se rendre seul à Écouen en juin 1462, au chevet de son père qu'il croit malade. Sans doute averti de cette visite, Louis s'y rend aussi et y découvre son frère. Il apprend que celui-ci aurait été convié par leur belle-mère pour le testament de leur père, ce qui va provoquer une dispute entre les deux frères. À la suite de cette dispute, les serviteurs de Louis vont blesser un serviteur de Jean et provoquer la mort d'un autre. Louis est alors condamné à une amende et à des dommages, tandis que six de ses serviteurs sont condamnés au bannissement. Au mois de juin 1463, le roi Louis XI rédige une lettre de rémission par laquelle il octroie son pardon à tous les condamnés[5]. Jean prit le parti du duc de Bourgogne Charles le Téméraire lors de la guerre du Bien public et refusa de lui faire la guerre aux côtés du roi de France Louis XI, comme le lui avait demandé son père. Son père furieux l'ayant alors déshérité, il s'enfuit à Nivelle en Flandre, fief qu'il tenait de sa mère[7]. L'exhérédation fut officiellement prononcée le au château de la Chasse, situé au cœur de la forêt de Montmorency. Du fait de cet épisode, c'est Guillaume de Montmorency, le plus jeune fils de Jean II de Montmorency, né d'un second mariage avec Marguerite d'Orgemont, qui hérita la baronnie de Montmorency près de Paris. En effet le second fils de Jean II, Louis de Montmorency-Fosseux, également né de Jeanne de Fosseux, avait pris le même parti que son frère Jean. Malgré des procès et des transactions entre les branches de Nivelle, de Fosseux et de Montmorency, les terres familiales situées en France resteront la propriété des descendants de Guillaume (au premier chef desquels, son fils le renommé Anne de Montmorency) qui gardera le titre héréditaire ainsi que les armes de la maison de Montmorency et sa fameuse devise « Dieu aide au premier baron chrétien ». Jean de Nivelle décède le , onze jours avant son père. Origine de l'expression sur Jean de NivelleÀ cause du refus qu'il fit de répondre à l'appel de son roi, Jean de Nivelle est devenu en France un objet de haine et de mépris, et le peuple lui donna le surnom injurieux de « chien de Jean de Nivelle », d'où le proverbe[1]. Mais très vite, il y a confusion, et on utilise le mot chien dans le sens propre, comme s'il s'agissait du chien « appartenant à » Jean de Nivelle[8]. La Fontaine dans la fable Le Faucon et le Chapon (livre VIII, fable 21) Une traitresse voix bien souvent vous appelle ; ne vous pressez donc nullement, Ce n'était pas un sot, non, non et croyez-m'-en que le chien de Jean de Nivelle. Il fait aussi la confusion au XVIIe siècle. À noter que le caractère symbolique de Jean de Nivelle a été transféré au jacquemart de la ville belge de Nivelles qui est surnommé « Jean de Nivelles ». Les habitants de Nivelles ont finalement adopté le personnage en l'associant à leur ville de diverses manières (par exemple : la confrérie gastronomique « Confrérie de Jean de Nivelles »[9], la société carnavalesque « Les enfants de Jean de Nivelles », la bière « Jean de Nivelles », etc.)[10],[11]. Chansons populairesDe nombreuses chansons populaires ont été composées sur Jean de Nivelle pour moquer son comportement. Dans celles-ci, le terme de chien y est souvent repris, mais dans le sens de l'animal de compagnie. Toutes ces chansons ont la même construction et le même air — cette tournure et cet air seront repris en 1792 par Gaspard de Chenu pour créer la chanson Cadet Rousselle qui est en fait une parodie des chansons sur Jean de Nivelle. Le musicien Jean-Baptiste Weckerlin a écrit une analyse sur ces compositions dans le Bulletin de la société des compositeurs de musique en 1863[12]. Chacun des couplets de ces chansons est composé de six vers et a généralement pour thème un élément que Jean de Nivelle est censé posséder en trois exemplaires. Cet élément est souvent cité dans le premier vers : « Jean de Nivelle a trois enfants », « Jean de Nivelle a trois gros chats », « Jean de Nivelle a trois châteaux », etc. Par ailleurs, on trouve souvent un couplet qui parle « du chien » ou « des chiens » de Jean de Nivelle. En 1834, le journal belge L'Émancipation publie un article sur la chanson de Jean de Nivelle. L'article cite neuf couplets de la chanson tels qu'ils figurent sur un imprimé rare publié chez Lambert Tassin à Namur en 1680. L'article affirme que des militaires français, venus dans les Pays-Bas en 1695, y ont découvert la chanson et en ont tellement apprécié l'air, qu'ils ont ramené celle-ci à Paris. L'article en déduisait que la chanson était originaire de Nivelles en Belgique. Mais en 1863, le journaliste et historien Arthur Dinaux fait remarquer que la Farce des deux savetiers[N 3], écrite entre 1505 et 1530, débute par un des deux savetiers en train de chanter un couplet de la chanson. Cette antériorité flagrante infirme donc la thèse de L'Émancipation[13]. Le texte chanté par le savetier pauvre est le suivant[14] :
Au début du XXe siècle, on entend encore le nom de Jean de Nivelle dans certaines chansons populaires. Blaise Cendrars en donne un exemple dans La Main coupée, récit autobiographique dans lequel l'auteur relate son expérience de la Première Guerre mondiale : Comme le chantaient les hommes en descendant du Chemin des Dames :
Paroles de quelques chansons sur Jean de NivelleChanson médiévale sur Jean de Nivelle
D'après le recueil de chansons populaires intitulé Chansons folastres et prologues tant superlifiques que drôlatiques des comédiens français par Estienne Bellone, écrivain tourangeau, (Rouen, Jean Petit, 1612)
Chanson ancienne plus récente sur Jean de Nivelle
Dans la culture
Notes et référencesNotes
Références
Liens externes
|
Portal di Ensiklopedia Dunia