Membre d'une des plus anciennes familles pieds-noirs, implantée en Algérie depuis sa conquête en 1830, Jean Montaldo est le fils du sénateur-maire d'Algérie[1], ancien président du conseil général d'Orléansville, René Montaldo, homme politique de centre gauche et docteur en médecine, cofondateur des HLM en France et qui fut un des leaders libéraux (avec Jacques Soustelle) qui prônaient une totale intégration de la communauté musulmane algérienne de l'époque dans la communauté française.
Parcours
En 1961, il travaille pour La Dépêche quotidienne d'Algérie où il publie régulièrement la liste des morts et des blessés des attentats[1],[2]. Il sert également de guide pour les envoyés spéciaux de la presse française et internationale[2]. Deux attentats le rendent partiellement sourd d'une oreille et édenté[2].
En 1962, avec la décolonisation, Jean Montaldo quitte l'Algérie avec sa famille[1]. Sur le bateau, à la suite de cette « blessure »[3] et du « terrible ressentiment contre les politiciens et leurs mensonges »[2], il se promet de ne jamais s'« engager en politique et de toujours combattre pour le triomphe de la vérité »[1],[3]. Installé à Paris, il intègre l'Institut français de presse dirigé, à la Fondation nationale des Sciences politiques, par le professeur Fernand Terrou.
Considéré par beaucoup comme l'un des vétérans de la presse d'investigation française, il a pour mentor le philosophe et journalisteJean-François Revel, qui lui a consacré un portrait dans ses « Mémoires[8] ». D'après Revel, Jean Montaldo est un authentique journaliste d'investigation, dans la mesure où il appuie ses affirmations sur des faits et des éléments précis, basés sur de longues enquêtes. Dans les années 1970, il effectue des révélations sur le financement par l'URSS de l'agence de presse fédérant en majorité des journaux proches du PCF ou lui appartenant, l'Union française de l'information[1].
En 1995, il se félicite de l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, qu'il croit être un homme politique intègre. Mais en 2006, dans son livre Chirac et les 40 menteurs…, il reconnaît s'être trompé. Se disant « cocu mais pas content », il met bout à bout, dans un réquisitoire implacable, les turpitudes des années Chirac, avant et après sa première élection à la Présidence de la République : une somme qui le conduit à présenter Jacques Chirac comme « le parfait clone de François Mitterrand », « l'élève ayant dépassé le maître »[12],[13].
Style et ouvrages à succès
Jean Montaldo se définit comme un « libéral anti-conformiste »[14],[13]. Après ses livres révélant des affaires financières sous la présidence de François Mitterrand et Jacques Chirac, il est présenté, en janvier 2001, à la télévision comme étant d'extrême droite par le polémiste Gérard Miller[14],[15]. Ce jugement est contesté par l'intéressé, qui rappelle n'avoir jamais appartenu à un mouvement politique ou simplement de pensée, mais s'être toujours battu pour la liberté, partout où elle est menacée, à commencer par les pays de l'ex-URSS ou les dictatures africaines.
En , alors qu'il a déjà révélé plusieurs affaires sur l'ORTF[16], il constate que l'extrême droite tente une première fois de prendre le contrôle du journal de centre-droit Minute[16], auquel il cesse de collaborer, en tant que « chroniqueur télé »[2], pour ne pas se « retrouver dans un combat politique qui n'était pas le [sien] »[16] et écrit dans le Canard Enchaîné, à l'époque où des journalistes de gauche lui reprochent d'être « notoirement de droite »[16] depuis ses enquêtes sur l'ORTF. Le pouvoir giscardien préparait alors le démantèlement de cet organisme, qui eut lieu finalement en 1974. En mai-, Jean Montaldo avait pourtant soutenu les grévistes de l'ORTF dans les colonnes de Minute[17]. Dans les années 70 il devient collaborateur de l'hebdomadaire L'Express, dirigé par son ami Jean-François Revel[réf. nécessaire].
Après plusieurs autres livres de révélations visant prioritairement la droite gouvernementale (Edouard Charret et Alexandre Sanguinetti[14]), les policiers corrompus de Paris et Lyon, puis à nouveau les « gangs de l'ORTF » (avant que la radio-télévision française soit détachée de la tutelle de l'État), Jean Montaldo publie, en 1979, (avec le soutien de L'Express) Les secrets de la banque soviétique en France, vaste enquête sur le financement occulte du Parti communiste français par deux des plus grandes banques de l'État soviétique et son relais principal en France, la Banque commerciale pour l'Europe du Nord. La méthode fut révélée plusieurs fois, notamment par le ministre socialiste Jules Moch en 1948, et, par le même Jean Montaldo, en 1977, dans Les finances du PCF (Éditions Albin Michel)[1],[18].
En 1994, son plus grand best-seller Mitterrand et les 40 voleurs…, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires (toutes éditions confondues)[19],[20]. Le livre soutient notamment l'idée que François de Grossouvre, conseiller de François Mitterrand, aurait été assassiné[21]. Il met également à jour une escroquerie, l'affaire « Joséphine », montée en 1983 par des proches du président de la République à l'occasion d'un prêt de l'Arabie saoudite à la France[22],[23]. L'année suivante, un record de vente est également battu avec Rendez l'argent ![24].
En 1996, il publie un livre sur l'affaire de l'ARC sous l'ère de Jacques Crozemarie[14],[25]. En 2001, il écrit le livre Les Voyous de la République sur les services de sécurité de l'Elysée entre 1981 et 1996 et sur les « embrouilles sud-américaines » de Patrick Maugein[14],[26],[27].
Selon Jean Montaldo, les scandales révélés dans ses livres, n'ont donné lieu à « aucune poursuite judiciaire »[20],[28].
850 jours pour abattre René Lucet : les secrets d'une exécution politique, Albin Michel, 1982 (ISBN2226015590)
Lettre ouverte d'un « chien » à François Mitterrand au nom de la liberté d'aboyer, Albin Michel, 1993 (ISBN2226065350). Réaction contre les propos du président lors des obsèques de Pierre Bérégovoy, faisant porter aux journalistes la responsabilité du suicide du premier ministre.
Mitterrand et les 40 voleurs…, Albin Michel, 1994 (ISBN222606995X)
↑"Les Voyous de la République: Carnets secrets 1", par Jean Montaldo
↑ a et bJean-Pierre Ponchie, « Review of Les Finances du P. C. F », The French Review, vol. 52, no 2, , p. 371–372 (ISSN0016-111X, lire en ligne, consulté le )
↑"Quand le président bashing booste les ventes de livres" par Gaspard Dhellemmes dans le "Journal du dimanche" [2]
↑ a et b« Querelle d'auteurs : quand les thèses s'affrontent aussi en librairie », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Sébastien LE FOL, Anthony PALOU, « Montaldo : « J'ai entendu siffler les balles » », Le Figaro, , p. 29 :
« Pensez-vous aux procès ?
À tel point que je n'en ai aucun.[...] Tout ce que je publie repose sur des témoignages vérifiés et des documents incontestables dont je saisis le procureur de la République dans les semaines qui précèdent la parution de mes ouvrages. »
↑Edward Rossmann, « Review of Le PCF: continuité dans le changement, ; La France communiste, ; Militant chez Simca-Chrysler », The French Review, vol. 53, no 2, , p. 329–330 (ISSN0016-111X, lire en ligne, consulté le )
↑Thierry Brandt, « Montaldo revient à la charge », sur scriptorium.bcu-lausanne.ch, Le Matin - Lausanne, (consulté le )