Cofondateur du magazine Métal hurlant et de la société d'édition Les Humanoïdes associés en 1974, il découvre ou introduit en France de nombreux auteurs de bande dessinée et joue « un rôle décisif dans la bande dessinée contemporaine »[1].
Grand amateur de rock, il collabore en 1980 à la création de l'émission Les Enfants du rock, tandis qu'en cinéphile averti il présente de 1989 à 2007 l'émission Cinéma de quartier sur Canal+. Dans les années 1990, il contribue à la popularisation du cinéma asiatique via sa société de production « Des Films »[réf. souhaitée].
Biographie
Famille
Fils de Jean Dionnet, chef de bureau à Châteauroux, maréchal des logis au 11e régiment de cuirassiers (1925), colonel de l'Armée de l'air de Vichy (Commissaire ordonnateur) (1942) et de Renée-Marie Nore[2], il grandit à Livry-Gargan et passe ses vacances dans la maison familiale de Fontaube, près de Vichy, où sont père lui apprend, dès l'âge de dix ans, le "maniement d'une arme, l'égorgement d'un lapin, rouler sur des hérissons en voiture et boire du sang de cheval"[3]. Il est le père de Calvin, journaliste à Technikart[4], Farah et Lola, réalisatrices du clip Bottega, de la chanteuse Eva Queen[5],[6].
Des débuts de libraire et de critique
Interne chez les Oratoriens, Jean-Pierre Dionnet est dès son enfance un grand lecteur. Il se lance le défi de lire un livre par jour, sous ses couvertures, en cachette des surveillants d'internat[7]. Il est aussi très friand de bande dessinée, ses préférences allant à Carl Barks, aux bandes dessinées de Spirou et aux publications Arédit (Aventures Fiction, Choc, Commando, Sidéral, etc.)[8]. En parallèle avec ses études universitaires, il est vendeur aux puces, puis commis de librairie à la librairie Futuropolis.
Il écrit également des articles sur les comic books, à l'époque méprisés par les premiers critiques de bande dessinée qui leur préféraient les comic strips d'avant-guerre[8]. Il publie dans des revues aussi diverses que Futuropolis, Comics 130, Pogo, Phénix ou Alfred[9].
Les années bande dessinée
En 1971, présenté par Philippe Druillet, Jean-Pierre Dionnet entre comme scénariste d'actualités et de récits courts chez Pilote, l'hebdomadaire des éditions Dargaud[8]. Pour la même maison, il crée avec Raymond Poïvet sa première bande dessinée d'envergure, Tiriel, publiée en 1974 dans l'éphémère mensuel Lucky Luke. Désireux d'écrire des histoires de science-fiction, il se sent cependant peu à l'aise à Pilote, où Goscinny ne veut pas d'autres séries de ce genre[8].
En , Dionnet, les auteurs de PiloteDruillet et Mœbius, et son ami Bernard Farkas décident de fonder Les Humanoïdes associés pour publier une revue de science-fiction trimestrielle, rééditer Le Bandard fou et « préparer plein d'autres choses »[10]. En janvier suivant paraît le premier numéro de la revue Métal hurlant, dont il est le rédacteur en chef. Il y publie de très nombreux auteurs-phares des années 1970 et 1980, de Richard Corben à François Schuiten ou Frank Margerin, en passant par Marc Caro avant qu’il ne fasse carrière dans le cinéma, ou Jodorowsky déjà connu des initiés pour ses films étranges. Il publie lui-même certaines de ses histoires (Les Armées du conquérant et Arn avec Jean-Claude Gal, Exterminateur 17 avec Enki Bilal, la suite de Tiriel, etc.).
À la fin des années 1970, Métal hurlant est publié dans 17 pays. Heavy Metal la version américaine du mensuel, est lancé en 1977. En 1981 sort en salles, Métal hurlant, la machine à rêver (Heavy Metal en version originale), film composé de plusieurs histoires inspirées de bandes dessinées publiées dans Heavy Metal. Ce succès public n'empêche pas de grave difficultés financières, dues à une gestion erratique dans les premiers temps[12].
Télévision et bande dessinée (années 1980)
En , sur la chaîne Antenne 2, Jean-Pierre Dionnet participe, avec Philippe Manœuvre, à la création de l’émission Les Enfants du rock (incluant leur « Sex Machine ») et ils reçoivent à ce titre, en 1985, le premier 7 d'or de la meilleure émission de variétés.
S'il continue à diriger Métal hurlant durant cette période, il n'y écrit plus beaucoup de scénarios à partir de 1982, sinon le second volume d’Arn en 1987. Il désire en effet éviter de se répéter[11]. En , il déclare ressentir « une très grande lassitude » vis-à-vis de Métal hurlant[12] et en abandonne la rédaction-en-chef l'année suivante. En 1988, il revient à la bande dessinée en devenant pour quelques mois corédacteur en chef de L'Écho des savanes et conseiller éditions chez Albin Michel où il publie quelques albums. Mais la télévision l'occupe plus.
De septembre 1990 à , il présente Cinéma de quartier chaque semaine sur Canal+, histoire de remettre en lumière les petits et les grands maîtres européens du cinéma populaire des années 1950 à 1970, de Mario Bava à Dario Argento ou à Terence Fisher. Parallèlement, il participe sur la chaîne du câble Ciné Cinéfil (devenue par la suite Ciné Classics) à l'émission hebdomadaire Le Club dans laquelle quatre chroniqueurs présentent les films diffusés la semaine suivante, aux côtés de Pierre Tchernia, Olivier Barrot, Christine Haas, Jean Ollé-Laprune, Jean-Jacques Bernard ou Denis Parent. Il a également créé Quartier interdit en collaboration avec Yannick Vallet, une émission sur le cinéma gore et d’horreur diffusée sur Canal+ de 1998 à 2002.
Quartier Interdit est supprimé en 2002 par Dominique Farrugia, alors directeur-général délégué à l'antenne et aux programmes de Canal+, ce qui lui reste en travers de la gorge[13].
Ayant déjà produit ou coproduit plusieurs films dont Durian Durian de Fruit Chan, Le Petit Poucet et La Vie promise de Olivier Dahan, il a actuellement plusieurs projets en développement : Max, d’après le roman de Howard Fast, en association avec Manuel Munz, Mr Clubb & Mr Cuff, d’après une novella de Peter Straub et qui sera réalisé par Kyle Cooper, Dragon Fin’s Soup d’après l’écrivain thaï, S. P. Somtow.
Retour à la bande dessinée
À soixante ans, Jean-Pierre Dionnet décide de se réinventer, abandonnant pour un temps la télévision et la distribution de films pour se consacrer pleinement à l’écriture de bandes dessinées.
Après avoir donné une suite à la saga Exterminateur 17 avec Igor Baranko chez Casterman (trois volumes, 2003-2008), il lance en librairie Des dieux et des hommes (2011), une grande série chorale et collective sur l’histoire de l’Amérique de 1929 à 2147, dans un monde parallèle où les dieux vont remplacer les hommes. Le projet, édité par Dargaud, est prévu pour trente albums, à raison de six par an pendant cinq ans.
Par ailleurs, sur son blog « L’Ange du Bizarre »[14], il parle chaque jour de tout ce qui lui passe par la tête dans tous les domaines de la culture et de l’inculture…
Il a été membre permanent du jury du Grand Prix de l’Imaginaire (GPI) jusqu'en 2013, année de sa démission.
Chroniqueur radio
Jean-Pierre Dionnet intervient sporadiquement dans l'émission radiophonique Mauvais Genre, diffusée sur France Culture[15].
Œuvres
Bandes dessinées
Jean-Pierre Dionnet est scénariste de toutes ces œuvres, et les collaborateurs indiqués en sont les dessinateurs, sauf précision.
Revues
Environ 40 récits courts et gags dans Pilote et ses suppléments, avec différents auteurs, 1971-1974.
Jean Cyriaque, avec Solé, quatre récits courts dans Pilote, 1972-1975.
↑Jean-Pierre Dionnet (avec Christophe Quillien), Mes Moires - un pont sur les étoiles, Paris, Hors-Collection, , 413 p. (ISBN978-2258098541), Quartier interdit' durera 4 ans avant d'être supprimé par un individu nommé à la tête de Canal+ (...)son comportement au quotidien était en contradiction flagrante avec l'humour et la sympathie qu'il affichait au sein d'une célèbre bande d’humoristes de la chaine. p.390
Vincent Bernière, « Jean-Pierre Dionnet et Denis Sire : Les Amazones », dans Les 100 plus belles planches de la BD érotique, Beaux-Arts éditions, (ISBN979-1020402011), p. 96-97.
(fr + it) Luca Boschi, Jean-Pierre Dionnet et Thomas Martinelli, Les Humanos : La Rivoluzione di Métal hurlant, Rome : Coniglio Editore, 2004.
Jean-Pierre Dionnet (int. par Henri Filippini), « Entretien avec Jean-Pierre Dionnet », Schtroumpfanzine, no 21, , p. 14-21.
Paul Gravett (dir.), « De 1970 à 1989 : Les Armées du Conquérant », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN2081277735), p. 361.