Jean-François Liegme est originaire de Cormoret[1]. Il est le fils de Fritz André et de Rachel Louise Julia Schwitzkébel[2]. En 1940, il obtient sa maturité classique au Collège de Genève et poursuit en 1941 des études de médecine à Neuchâtel. De 1941 à 1945, il suit les cours de l’École des beaux-arts de Genève avec comme professeur, Alexandre Blanchet. De 1945 à 1947, il séjourne à Paris [3] où il partage l’atelier du graveur Jacques Houplain et retrouve Alberto Giacometti. Le , il se marie avec Marie Jacqueline Liegme-Choisy dont il aura trois fils, Christian, Olivier et Pascal[2]. En 1948, il retourne à Genève[4]. L’année 1955 représente un tournant dans sa vie, il réalise ses premières œuvres abstraites, la série des Écorces et il apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable (l’agammaglobulinémie) pour laquelle il devra suivre un traitement médical hebdomadaire. Il rencontre l’artiste Otto Tschumi qui l’initie à la technique du monotype. Il séjournera régulièrement à l’hôpital de Berne, où il va rencontrer Sam Francis qui souffre de la même maladie. Dès 1964, il réalisera plusieurs voyages en Grèce avec sa famille. Face à la maladie de sa femme, il développe ses thèmes picturaux en travaillant le monotype, ce qui lui permet de rester près d’elle. En 1975, sa femme décède et il exprime sur ses toiles une écriture profonde et sincère, trouvant ainsi une nouvelle expression[5]. Il meurt à Genève, le [6]
J.-F. Liegme a toujours été en lien avec la nature. Dès 1940, il réalise de nombreux croquis d’oiseaux, à la suite de ses observations sur les berges du Rhône à Genève, partagées avec ses amis Rigassi, Paul Géroudet, Maurice Blanchet, Robert Hainard et, bien sûr Marino. Il a été l’un des premiers représentants de la peinture non figurative lyrique à Genève, dans les années 1950-1960. Par l’abstraction lyrique[7], débarrassé du souci de ressemblance, il se rapproche des émotions ressenties au contact de la nature. Son geste créateur et spontané l’amène à créer des œuvres où s’exaltent la couleur et la spiritualité, proche des philosophies orientales. En 1962, Liegme utilise la technique de la tempera, ce qui lui permet de prendre la feuille blanche comme élément constitutif de la création. Il poursuivra ensuite son travail par le monotype, il en réalisera quelque sept cents, durant la maladie de sa femme. Deux ans avant sa mort, il retournera à la peinture sur toile.
« Très tôt, il fut gêné par la prononciation de la lecture de son nom. Aussi voulut-il revenir à l’origine de notre nom pour signer, d’abord avec un accent grave sur le e puis sans accent, toujours en supprimant le n. L’orthographe avec le n est gardé pour la partie officielle, reste donc inchangée pour son identité administrative (passeport à l’époque). »[8]
Prix
1946 Bourse Lissignol
1949 Bourse fédérale de peinture délivrée par la Confédération suisse
1950 Prix du Concours du beau livre suisse, à Olten pour l’illustration à l’eau-forte de Chevaux et canons, texte de Jean-François Piguet
1952 Bourses Lissignol, Genève et Kiefer-Hablitzel
1955 Bourse fédérale de peinture délivrée par la Confédération suisse[9]
Œuvre
Travaux d’intégration à l’architecture
La fontaine de Jouvence Nouvelles policliniques, Genève, 1953, Mosaïque, marbres et émaux, 2,90 × 5,45 m[10].
Les 3 éléments, Bâtiment d’administration fédérale, Monbijou, Berne, 1955, peinture murale, 2,5 × 8,2 m.
Noir-volant, Bâtiment d’administration Le Cèdre, Mutuelle vaudoise accidents, place Milan, Lausanne, 1957, Mosaïque, marbres et granit, 2,25 × 5,50 m.
Fresque rouge, Avenue de Budé, 35 (hall d’entrée), Genève, 1963, peinture murale, 3,28 × 4,62 m.
Mosaïque du bassin des enfants, Piscine des Vernets, Genève, 1966, emaux Opus incertum, 10 × 10 m[11].
Mural d‘entrée, Editions Rencontre, Lausanne, 1967, béton et marbres, environ 16 m2.
Trois tapisseries, Editions Rencontres, Lausanne, 1968, tissage en lin et cordage
Quatre terrasses extérieures, Aéroport Genève-Cointrin, 1968-1969, graviers naturels et émaillés, surface totale: environ 900 m2.
Huiles sur toile
« On dit que ma peinture est abstraite ou tachiste. C’est faux. Ces formes sont déclenchées par des éléments naturels. Il n’y a jamais de carambolage de la nature pour faire abstrait. Ma peinture n’est pas détachée de la nature, elle en est pétrie, elle est imprégnée des choses qui sont de l’ordre naturel, d’images, de rêves. Il y a identification entre ce que je fais et ce que je suis… »
(de) Künstler Lexikon der Schweiz XX. Jahrhundert, Frauenfeld, Huber, 1958-1967, Vol. 2, p. 578-579.
(fr) Marcel Joray, Peintres suisses = Schweizer Maler, Neuchâtel, Ed. du Griffon, 1982, p. 162-163.
Jérôme Baratelli, et al., Jean-François Liegme, Genève, Musée d’art et d’histoire, 1986.
Sarah M. Clar-Boson, Jean-François Liegme : un artiste informel en dialogue avec la nature (1955-1964) (mémoire de licence lettres Genève), Genève, Faculté des Lettres, 1998.
(de) Ungegenständliche Malerei in der Schweiz: Kongresshalle Berlin, 2. bis 27. April 1958, Berlin, Kongresshalle, 1958.
J.-F. Liegme : "éléments" peintures 1963-65, du 21 avril au 7 mai 1966 : "nocturne" peintures 1965, du 10 mai au 28 mai 1966 (cat. exp.), Galerie Georges Moos, 2, Grand' Rue, Genève.
J.-F. Liegme : l'Ile: temperas : Galerie Georges Moos, 2, Grand-Rue, Genève : les pins : lavis, tapisseries (cat. exp.) Galerie M. Garabedian, Genève, du 15 mars au 6 avril 1968.
J.-F. Liegme (cat. exp.), Galerie Georges Moos, 12 Rue Diday, Genève, février-mars 1971 : Galerie Numaga, Auvernier, mai-juin 1971.
(de) Beginn des Tachismus in der Schweiz. Lyrische Abstraktion - Informel - Action Painting (cat. exp.), Kunsthaus Zürich, 26. Januar bis 12 März 1978 / Texte: Erika Billeter und Tina Grütter . – Zurich : Kunsthaus, 1978.
Louis Perret, « La jeune gravure genevoise », dans : Revue romande, Genève, no 24 (1955), p. 14, 20.
Pierre-Francis Schneeberger, « Portrait d’artiste : Jean-François Liegme », dans : Club des arts. Musées suisses, no 2 (1959), p. 9-12, 20.
Henri Stierlin, « Jean-François Liegme », dans : Werk-Chronik, no 6 (1961), p. 9-12, 20.
André Kuenzi, « A Genève, révélation d'une oeuvre. Jean-François Liegme », dans : Gazette de Lausanne, vol. 30, no 4 (mai 1966).
« Jean-François Liegme : peindre, c'est participer au réel », dans : Journal de Genève, Genève, 21-22 mai 1966, p. 17 (lire en ligne).
André Kuenzi, « Un peintre genevois. Jean-François Liegme. La nature et l'abstraction », dans : Radio TV. Je vois tout, 18 novembre 1971, p. 40-43.
Jean-Luc Daval, « Galerie Moos: Liegme. Un lyrisme puissant », dans : Journal de Genève, 26 février 1971.
Jura Brüschweiler, « Jean-François Liegme : passion de vivre et passion de peindre », dans : Journal de Genève, 13 août 1977.