Après avoir été interné au camp de Westerbock, dans le nord de la Hollande, Jan Meyer reçoit sa première formation en travaillant auprès de l'artiste typographe Hendrik Werkman(en) qui est l'imprimeur du groupe d'artistes De Ploeg(en) et qui sera arrêté et sommairement abattu par la Gestapo à quelques jours de la fin de la Seconde Guerre mondiale[1]. C'est après la guerre que Jan Meyer se lie d'amitié avec le poète Evert Rinsema(nl), qui fut proche du mouvement De Stijl et ami de Theo van Doesburg, à qui il doit des révélations passionnées qui vont du minimalisme de Piet Mondrian à l'expressionnisme d'Ernst Ludwig Kirchner, mais aussi son introduction dans le mouvement Dada[1]. Il fréquente un temps les cours de l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam tout en participant à partir de 1947 aux expositions du groupe De Ploeg auquel il demeure attaché, connaissant sa première exposition personnelle en 1948[2].
La décennie 1950 est celle de ses premiers voyages en France (En 1951, bourse d'études du gouvernement français[3]), en Espagne, au Portugal, au Maroc, et à surtout partir de 1953 en Italie où il côtoie Lucio Fontana, Yves Klein, Antonio Saura, Karel Appel et Corneille[1] et où il expose à partir de 1959 (une bourse du gouvernement italien reçue en 1958-1959 le fait travailler à Positano et à Rome). C'est à l'instar de Raoul Ubac et Pierre Dmitrienko, qui deviendront ses amis, qu'il s'installe en 1960 à Dieudonné où, « dans son atelier à flanc de coteau, il débride les tubes de peinture à grands coups de couteaux, écrasant sur la toile les pâtes homogènes superposées »[4] en même temps qu'il se fait collectionneur d'art premier[5]. Si, en 1962, il se rend en Irlande, en Écosse et de nouveau en Italie (jusqu'en Sicile), les années 1960 inaugurent surtout de fréquents séjours en Grèce où, depuis Siphnos et Amorgós en 1968, jusqu'à la Crète en 1977, puis aux musées d'Athènes et aux fouilles archéologiques de l'île de Kéa en 1986, il se passionnera tout autant pour la civilisation minoenne que pour l'art byzantin.
Jan Meyer, Socrate, le dernier souffle Texte de Sadi de Gorter (d'après les textes du Phédon relatés par Platon), suite de douze gravures originales au carborundum, Éditions La Mata, 1975.
Le catalogue de présentation édité par la Galerie La Pochade est accompagné d'un texte de Romain Gary sur Jan Meyer.
Sadi de Gorter, Oasis spontanées, trente poèmes illustrés de quinze gravures au carborundum et dix neuf réflexions graphiques de Jan Meyer, Éditions Alphée, Monaco, 1976.
Université Aula, Leiden, 1972 : Exposition des deux tableaux appartenant au musée de La Haye, projection du documentaire "Jan Meyer dans son atelier" réalisé par Gerard Thomas d'Hoste en 1969 et séminaire du professeur Jan Bastiaans.
St-Art - Foire européenne d'art contemporain, (stand Galerie Arnoux, Paris) , parc des expositions de Strasbourg, .
St-Art - Foire européenne d'art contemporain, (stand Galerie Arnoux, Paris), parc des expositions de Strasbourg, [11].
Exposition "force et discrétion" : Jan Meyer et Pierre Lemaire, Galerie Arnoux, Paris, 2016.
Réception critique
« Un jet de peinture qu'il étale au couteau et cette lave s'écoule en lissant l'espace ouvert devant lui. Une clairvoyance de la finalité, c'est certain? Chez Jan Meyer, le hasard a des bases profondes, un rythme étudié minutieusement, des lois strictes... Même dans la profusion de ses pâtes épaisses, Jan Meyer garde le contrôle des larges mouvements qu'il imprime à la matière et l'équilibre reste déterminant. Cette vigueur contrôlée nous donne le spectacle superbe de la fierté, de l'orgueil des pâtes délivrées. La pression nerveuse est passée de l'artiste à la toile comme si elle avait changé de camp, Jan, délivré mais anéanti, vient de mettre au monde la toile exacte qu'il avait en lui. » - Sadi de Gorter[12]
« Sous cet air malin se cache en lui l'enfant de huit ans, qui est en lui et fait de lui un créateur. Il y a en lui un besoin de merveilleux, du coup de baguette magique d'une telle intensité que c'est avec authenticité qu'il casse les reins de la réalité chaque fois qu'il parle. » - Romain Gary[13]
« Et de même que d'autres grands nordiques ont transfiguré leur vision au contact de la découverte de la lumière méridionale, Jan Meijer découvre cette chape de plomb qui pèse sur les îles égéennes : La vieille civilisation rajeunit sous le pinceau, et les idoles que le labour de l'araire exhume çà et là sont présentes sans être nullement figurées. » - Pierre Granville[14]
« Les meilleurs, les plus accomplis de ses tableaux semblent à première vue, ceux dans lesquels cette confrontation quasi "géologique" entre les successives couches se résout en d'élégantes fractures, en se superbes trouées. » - Marie-Aline Prat [15]
« Nous connaissons ce peintre né dans la province de Drenthe et qui après diverses tribulations studieuses s'est senti renaitre dans le département de l'Oise dans un village nommé Dieudonné où il a organisé son atelier - un atelier exaltant - à la lisière d'un champ de blé, peignant à même le sol des toiles vives et hautes en couleur, quêtant des symboles et des signaux dont les formes exercent une tutelle sur une sensualité et un langage dépouillés de toute contrainte, des abstractions d'une grande puissance lyrique. » - Sadi de Gorter [16]
« Reste ce qui fait tout l'art et le style de Jan Meyer : Cette fusion extraordinaire entre d'une part, le sens flamand et hollandais du paysage, les révolutions de l'abstraction dans les écoles du Nord avant-guerre, le geste et la geste formidables de l'abstraction, l'énergie et l'expression du mouvement, et d'autre part, la sensualité des couleurs méridionales, un sens prodigieux de la composition, organique et classique, la mise en place strictement posée et pensée, c'est-à-dire synthétique et sans innocence, des plages de couleur, larges comme la main franche, à coups de couteau précis et justes. » - Claude Serpieri, Paris, [17].
« Si, dans les années 1950, les premières compositions de Jan Meyer s'inspirent de Picasso, il va très vite aborder l'abstraction en matiériste. Des compositions amples et larges, puissantes et rythmées, fidèles à l'abstraction gestuelle des années 1960... » - Gérald Schurr[18]
« Des influences contradictoires de son apprentissage, il a trouvé un équilibre à mi-chemin entre l'exubérance expressionniste et la rigueur. Sa peinture, abstraite, se caractérise par des formes sages, traitées dans des pâtes épaisses mais disciplinées. » - Dictionnaire Bénézit[1]
Hans Jaffé, "Jan Meijer", revue Quadrum 10, Revue Internationale d'Art Moderne publiée par l'Association pour la Diffusion Artistique et Culturelle (A.D.A.C.), Bruxelles, 1961.
Peter Stuyvesant Collectie, catalogue de l'exposition de la collection Peter Stuyvesant au Stedelijk Museum, Amsterdam, 1962.
Hans Jaffé, "20 peintres néerlandais d'aujourd'hui", Bruxelles, 1962.
Peter Stuyvesant Kollektion, catalogue de l'exposition de la collection Peter Stuyvesant au niederländicher Pavillon Berlin, 1962.
Michel-François Braive, Jan Meyer, Éditions Galerie De Sphinx, 1966.
Hans Jaffé(nl), Jan Meyer(photo de l'artiste prise par Denise Colomb en page de garde), Éditions Galerie Rive Droite, 1968 .
Michel Seuphor, Art abstrait 3 et 4, Éditions Maeght, 1973.
Romain Gary, Jan Meyer, Éditions Galerie La Pochade, 1976.
Sadi de Gorter(d), "Oasis Spontanées" brochure de présentation de son recueil de trente poèmes illustré par Jan Meyer. Texte d'introduction par Philippe Orengo. Editions Alphée, Monaco, 1976.
Pierre Granville, "La nuit parfois le jour chez Jan Meijer", article journal Le Monde, .
Serge Lemoine, Troisième donation Granville, Éditions du musée des beaux-arts de Dijon, 1986.
Sadi de Gorter, Jan Meyer, Septentrion, revue de culture néerlandaise, 1987. (lire en ligne).
Marie-Aline Prat, Jan Meyer, Éditions Galerie Protée, 1990.
Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin Delcroix, De Bonnard à Baselitz - Estampes et livres d'artistes, B.N.F., 1992.
Claude Serpieri, Jan Meyer, Editions Galerie Raymond Banas, Maison de la Culture de Metz, 1995.