Jacques de Wert ou Giaches de Wert (né probablement à Weert en 1535[1] et mort à Mantoue le [1]) est un compositeur franco-flamand. Sa carrière s'est déroulée en Italie où il est reconnu comme l'un des plus grands madrigalistes de la période tardive.
Biographie
Jacques de Wert émigre très jeune en Italie et devient enfant de chœur (« enfant chantant dans le chœur ») à la chapelle de la cour de Maria de Cardona(en), à Avellino, dans les environs de Naples[1]. Il est aussi possible qu'il ait appartenu un temps à la cour de Giulio Cesare Gonzaga di Novellara(it), qui réside à Rome de 1540 à sa mort en 1550. « Si ce dernier élément est exact, cela veut dire qu'il entra tôt en contact avec la grande famille des Gonzaga, au service de laquelle il resta jusqu'à la fin de ses jours »[2], car, à partir de 1550, il est au service d'Alfonso Gonzaga, l'héritier du titre de comte de Novellara, qui exerce une fonction de premier plan à la cour papale. Dès lors, Wert séjourne alternativement à Rome, Mantoue et Novellera
En 1558, il publie son premier livre de madrigaux à 5 voix, ouvrage qu'il dédie « à son mécène Alfonso pour lui témoigner sa gratitude »[3].
Il se trouve à Parme en 1561, rencontre Cyprien de Rore et devient son élève[4] à la cour de Ferrare. Sa vie privée est agitée. Sa femme le quitte, et il a une liaison malheureuse avec Tarquinia Molza, une poétesse, musicienne et chanteuse de la cour de Ferrare.
Nommé maître de chapelle du gouverneur de Milan en 1563, il envoie, l'année suivante, une messe à Mantoue pour les réjouissances entourant l'achèvement de la nouvelle chapelle ducale Santa Barbara. Cette marque de déférence lui est profitable. En 1565, à l'âge de 30 ans, il entre au service de Guillaume de Mantoue et obtient la charge de chef de chœur de la chapelle ducale de Santa Barbara[1],[4]. Il y reste en poste jusqu'en 1592, car, en 1587, la vie musicale à Mantoue connaît un nouvel essor après la mort de Guillaume de Mantoue et l'arrivée au pouvoir de Vincenzo Gonzaga, un passionné du théâtre qui sera déçu quand il veut « concevoir, en 1592, son propre projet d'une représentation de Il pastor fido, la pastorale populaire de Guarini, pour lequel Wert écrivit la musique, et qui resta sans suite »[3].
Au cours de sa longue carrière musicale, Wert écrit 230 madrigaux et autres pièces profanes, publiés en 16 volumes de 1558 à 1608. S'ajoutent à cela plus de 150 œuvres sacrées (principalement des motets et des hymnes) dans lesquels il démontre sa maîtrise du contrepoint.
Avec Luzzasco Luzzaschi et Luca Marenzio, il est, dans les années 1580, l'un des chefs de file du style plus expressif du madrigal. Les poètes Le Tasse et Giovanni Battista Guarini lui inspirent « régulièrement les choix des textes de madrigaux ; de surcroît, les représentations musicales du célèbre Concerto delle dame de Ferrare, un petit groupe de solistes féminines d'une virtuosité exceptionnelle »[3], lui offrent la possibilité d'explorer une écriture complexe, car « un certain nombre de madrigaux fut sans aucun doute destiné à ces chanteuses, de même que d'autres qui parurent dans des anthologies spécialement constituées pour Laura Peverara, une de ces dames du Concerto »[3]. Jacques de Wert assure un lien entre Cyprien de Rore, son maître à Mantoue et « un des pionniers du madrigal expressif »[5], et le jeune Claudio Monteverdi qui « considère Cyprien de Rore et Wert comme les compositeurs qui lui ont permis de renouveler son écriture »[5].
Toujours à la recherche d'effets dramatiques, Wert utilise dans ses œuvres aussi bien des textures homophoniques que des passages polyphoniques afin de rendre les contrastes. Dans ses dernières œuvres, il adopte plus volontiers le style concertant, car « l'influence des instructions du Concile de Trente à propos de la simplification de l'écriture polyphonique en vue d'une plus grande attention portée à la compréhension du texte se fait clairement sentir dans ce répertoire particulier de messes, d'hymnes et de psaumes »[3].
Œuvre
Liste non exhaustive
Musique profane
Canzonette
Avorio e gemma et ogni pietra dura
Douleur me bat (Canzone francesa)
Vous qui voies le pas que ie chemine sans cesse (Canzone francesa)
Madrigaux
230 madrigaux - la majeure partie publiée dans 15 livres entre 1558 et 1595, plus un dernier édité en 1608 à titre posthume - dont :
A caso un giorno mi guidò la sorte
Ah dolente partita (texte : Guarini)
Ahi come soffrirò, dolce mia vita
Ahi lass'ogn'hor veggio
Amor, se non consenti che quest'anima trista
Anima del cor mio
Ancor che l'alto mio
Cara la vita mia
Che fai alma? Deh che ti fa languir misera?
Che giova posseder cittadi
Che nuovo e vago sol
Chel bello Epithimia Chiaretta
Chi salira per me
Con voi giocando Amor
Così di ben amar porto tormento
Cruda Amarilli (texte : Guarini)
D'un sì bel foco e d'un sì nobil laccio
Del vago Mincio sull'adorne sponde
Dolci spoglie felici e care tanto
Donna, se ben le chiom'ho già ripiene d'algente neve
Dunque basciar si belle e dolce labbia
Ecco che un altra volta, o piagge apriche
Era il bel viso suo
Felice l'alma che per voi respira
Forsennata gridava (texte : Le Tasse)
Fra le dorate chiome
Giunto a la tomba
Gratie ch'a pochi il ciel largo destina
Ha ninfe adorn'e belle
Hor fuggi infedele ombra
Hor si rallegri il Cielo
Il dolce sonno mi promise pace
In qual parte sì ratto i vanni muove
Io mi vivea del mio languir contento
Io non son però morto
Ite, pensieri miei, ite sospiri
Le strane voci, i dolorosi accenti
Lieto Phebo del mar, più che l'usato
Luce degl'occhi miei
Lungo le rive del famoso Tebro
Ma di che debbo lamentarmi
Mesola, il Po da lato, e ’l mar a fronte
Mia benigna fortuna
Misera, che farò, poi ch'io mi moro
Misera me, che deggio far lontana dal mio signor
Misera, non credea ch'agli occhi miei (texte : Le Tasse)
↑ a et bFrançoise Ferrand, Guide de la musique de la Renaissance, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », 2011, p. 402.
Sources
Françoise Ferrand (sous la direction de), Guide de la musique de la Renaissance, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », 2011, 1235 p. (ISBN978-2-213-60638-5)