Jacques Lejeune étudie auprès de Daniel Lesur, Pierre Schaeffer et François Bayle. Il fait partie du Groupe de recherches musicales (GRM) depuis 1968, où il devient responsable de la « cellule de musique pour l'image ». Il enseigne l'électroacoustique à l'ADAC/Ville de Paris à partir de 1978. Mais il précise « à partir de ce vilain terme officiel, il faut faire cette parenthèse, en gommant tout le fatras des termes de chapelle : musique moderne, acousmatique, électroacoustique, cinéma de l'oreille, expérimentale parce que le mot de concret seul (qui englobe au demeurant les vocables précédemment cités) véhicule par lui-même toute l'âme de cette musique : la chair et la plastique de la chose et la poésie qui en émane ».
Un aspect assez rare parmi les compositeurs de musique contemporaine : un goût prononcé pour l'humour, intégré directement à la composition, sinon aux sujets qui la motivent. L'essentiel de sa production musicale se réfère d'ailleurs peu ou prou à la voix, entremêlant images du réel et métaphores. Il en propose le classement suivant, issu de la réalité ordinaire, du sacré ou de la mythologie humaine et animale, ou encore de la satire critique :
Mais la singularité de sa démarche réside dans un nouveau chantier, entrepris depuis les années 2000, portant sur les "écritures croisées" et dans lequel il continue son travail de création présent et à venir et revisite celui du passé. Il intitule les produits de cette nouvelle recherche "fables musicales" et s’estime donc un compositeur aboutissant simplement à cette autre diffusion de ses musiques sur haut-parleurs se doublant d'images dessinées et de poèmes projetés. Mais pour cette forme nouvelle, il ne peut s'agir d'un produit mécanique vidéo-musical, de l'illustration décorative d'un genre par un autre. C'est toujours, pour lui, la musique qui doit diriger la fable, tout en tenant compte de la réflexion née de l'utilisation des écritures qui la croisent. Ce croisement des jeux du visuel et de l’oreille engage l’imaginaire dans une nouvelle complexité, vers un nouveau geste de sa modernité.
Catalogue
Le Catalogue total d'œuvres comprend environ une centaine de pièces ((pièces de jeunesse, pièces réalisées pendant le cursus, musiques d'application (1. Oratorios et poèmes ; 2. Ballets et spectacles 3. Théâtre ; 4. Créations radiophoniques ; 5. Télévision) et musiques pour le concert)).
Seules ces dernières sont citées ci-après (les chiffres entre parenthèses se réfèrent au classement qui précède):
À partir de 2006 quelques pièces encore sont en cours et prévues pour terminer son œuvre (notamment : Mouvement perpétuel, Chansons érotiques, Chansons de la main, Bestiaire sans musique, Fables musicales ou cahier d'aphorismes n°1 et Silences ou cahier d'aphorismes n°2
Discographie
Parages pour support audio - Ina-GRM 1976
Symphonie au bord d'un paysage pour s.a. - Ina-GRM 1983
Blancheneige pour s.a - Nathan 1988
Le Cantique des Cantiques pour s.a. - Ina-GRM 1990
Oraison funèbre de Renart, Le Petit chapon rouge pour soprano et s.a. et La Petite suite Laforgue pour soprano solo - Agon 1996
Pour entrer et sortir d’un conte, et L'Église oubliée pour s.a - Ina-GRM 1997
L'Eau primesautière pour saxophone et Fragments gourmands pour saxophoniste-conteur sur des textes de Brillat-Savarin et s.a. - Ina-GRM 1999
Messe aux oiseaux et Ave Maria pour s.a. - Ina-GRM 2000
Clin d’œil à Jean de La Fontaine pour chœur de femmes - Répertoires polychromes n°1 MFA/Radio France 2001
Entre terre et ciel pour s.a. - Revue-disque «Licences» n°2 2002/03
L'Invitation au départ et Symphonie romantique pour support audio - Motus 2003
Paysaginaire pour flûtes ou saxophones et s.a. : 13 min 10 s - Visages du Saxophone 2003
Cantus tenebrarum, Portrait de jeune fille au miroir et Le Cantique de la résonance pour s. a. - Motus 2003
Éloge de la bêtise ou Les Péripéties des Ubu pour 3 voix, 2 saxophones et s.a. - Ina-GRM 2004
Cri, Les Palpitations de la forêt, Théâtres de l’eau pour s.a et Seconde leçon des ténèbres pour le Mercredi Saint pour soprano et s.a. - Livre-disque «Sonopsys» n°2/3 2005
Clair d’oiseaux pour chœur d’enfants et s.a - Môméludies 2005
Portraits-Polychromes : Jacques Lejeune aux éditions INA/Michel de Maule 2006
Récompenses
Jacques Lejeune s'est vu décerner :
le ler Prix Musica Nova
Sélection française Prix Paul Gilson
Mention Ars Electronica
Citation 20e anniversaire du CDMC
Sélection Grand Prix lycéen des compositeurs
Trophée d'or F.A.U.S.T.)
Citations de presse
Jacques Bonnaure, parle ainsi de lui dans La Lettre du musicien de : « Lejeune occupe, dans le monde de la musique électroacoustique, une place à part. Il est peut-être le seul dans cette galaxie musicale, à parler, non sans humour, le langage du conte et du rêve, de l’enfance et de l’amour, de la gourmandise et de l’érotisme ».
Philippe Louvreaud, ajoute dans Bibliothèque(s) de : « … La musique, à la fois rugueuse et touchante, brute et tendre, faite de froissements, d'agitations fébriles, de fourmillants clairs-obscurs, s'étend comme une “forêt électronique” où le matériau est affirmé sans préjudice à ses virtualités imageantes... Un catalogue exhaustif et minutieux, des résumés en anglais, une riche illustration originale font de cette publication précieuse le plus bel hommage qui se puisse rendre à une figure encore trop secrète de la musique d'aujourd'hui... »