Le terme Innu provient de leur langue, l’innu-aimun, et signifie « être humain »[3]. Ce nom fut officiellement adopté en 1990[réf. nécessaire] remplaçant le terme Montagnais donné par les premiers explorateurs français.
Plusieurs centaines de mariages donnant naissance à de nombreux Canadiens ont été déclarés lors du régime français issues du métissage des nations montagnaise (Innus) et française. Pratiquant la chasse, l'agriculture et vivant d'un mode de vie « sédentaire », les communautés innus et les colons français, reconnus pour leur humour et leurs festivités tissèrent rapidement des liens.
En 1618 les peuples algonquiens alliés aux colonies françaises de La Huronie, Des pays-d’en-haut, de l'Acadie, de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Orléans se voient dans un conflit territorial opposés aux tribus nomades Iroquoises, alliés des Anglais et Hollandais. Les Montagnais (Innus), les Hurons (Wendats) et les Algonquins demandent à Champlain de les assister dans leurs guerres contre les Iroquois afin de protéger les villages algonquiens. Celui-ci accepte de fournir son appui militaire et attaque les Iroquois sur leur territoire en échange de fourrures destinées au marché de la traite des fourrures.
En 2016, on estimait leur nombre à plus de 27 755, dont plus de 25 275 au Québec répartis dans 11 bandes et moins de 2 480 répartis en deux bandes au Labrador, population en décroissance à la suite des conflits reliés entre Terre-Neuve-et-Labrador et les communautés innus.
Au Québec, le peuple innu est parfois divisé en deux communautés :
les Montagnais du Saguenay et de la Côte-Nord ;
les Naskapis, signataires de la Convention du Nord-Est du Québec, traité qui crée un régime politique distinct pour ses signataires. Le peuple naskapi, bien que culturellement très proche des Matimekush, Innus (Montagnais), est désigné comme peuple à part entière.
Les premiers missionnaires ayant rencontré les Innus de la Côte-Nord les ont appelés « Montagnais » qui désigne l'habitant des montagnes. Par contre, ceux vivant dans la région de la toundra étaient appelés Naskapis qui signifie « païen ». Au XXe siècle, les anthropologues ont rassemblé les deux termes, créant ainsi Montagnais-Naskapi, puisqu'ils considéraient que les deux peuples avaient une même culture[4].
Pour des raisons politiques, encore aujourd'hui, on considère les Naskapis et les Matimekush comme étant deux peuples autochtones distincts bien qu'ils parlent la même langue et habitent le même territoire(Schefferville).
Il y a environ 7 000 ans, le réchauffement de l’Amérique du Nord qui entraîne la fonte des glaces amène les Innus à s’installer un peu partout sur la Côte-Nord du Québec et sur le territoire du Labrador. Leur premier contact avec une autre nation se fait avec les Inuit du Grand Nord qui chassaient la baleine migrant vers le Sud en raison de la fonte des glaces. Les Innus et les Inuit, pendant que ces derniers résident sur le même territoire durant quelques centaines d’années, partagent cultures et coutumes par des raids. Le combat le plus mémorable se passe en 1640 sur l’Île aux Esquimaux en Basse-Côte-Nord[5].
Puis, les premiers Européens entrent en contact avec les Innus vers l’an 1500. Leurs premiers échanges sont des produits locaux (la nourriture, les médicaments, les fourrures, etc.) contre des objets de métal que les Innus ne peuvent pas produire eux-mêmes[5].
En 1814 apparaissent l’Acte des Sauvages et les fondements de la politique d’assimilation. Comme partout sur le territoire, les missionnaires français arrivent sur la Côte-Nord afin d’assimiler les Innus[6]. Ils changent leur nom, leur enseignent la religion catholique et leur apprennent le français. La culture autochtone est condamnée par les missionnaires[7].
Avec l'expansion de l'exploitation minière et forestière depuis le début du XXe siècle, une proportion de plus en plus grande des Innus s'établissaient dans des villages au long des côtes et dans l'intérieur des terres. La sédentarisation des Innus était aussi activement encouragée par les gouvernements du Canada, du Québec et de Terre-Neuve et par les Églises catholique et anglicane, ce qui a mis définitivement fin à leur nomadisme.
Les Innus commencent le travail salarié lors de la construction du chemin de fer Québec North Shore et Labrador qui a été bâti entre les villes de Sept-Îles et de Schefferville. Comme la majorité de leur temps est consacré au travail et que ce dernier se retrouve à un endroit fixe, les Innus salariés cessent de parcourir de longues distances pour la chasse. Ils se contentent de chasser près du chemin de fer[8].
Avec le déclin des activités traditionnelles (la chasse, le piégeage et la pêche), la vie dans ces nouveaux villages fut souvent troublée par la toxicomanie, la violence familiale et le suicide.
En 1999, l'organisme Survival International a publié une étude sur les conditions de vie dans les deux communautés innues du Labrador et sur les politiques gouvernementales favorisant leur localisation dans des villages éloignés de leurs terres de chasse traditionnelles. Survival International affirmait que ces politiques violaient le droit international et se comparaient au traitement infligé aux Tibétains par les autorités de la république populaire de Chine. De 1990 à 1997, selon ce rapport, la communauté innue de Davis Inlet au Labrador, affichait un taux de suicide douze fois plus élevé que celui de la population canadienne, donc au moins trois fois plus élevé que le taux observé dans plusieurs villages nordiques isolés du Canada.
Cette situation a amené le gouvernement canadien à allouer le statut d'indien aux Innus du Labrador en 2002, à allouer le statut de réserve indienne à la communauté de Natuashish en 2003 et à déménager et les Innus Mushuan (de Davis Inlet) dans la nouvelle réserve de Sheshatshiu en 2006.
Culture
Les connaissances sur la culture innue ont commencé à se diffuser largement auprès des francophones du Québec avec des ouvrages comme ceux d'An Antane Kapesh et, plus tard, par les écrits d'anthropologues et d'ethnologues comme José Mailhot, Rémi Savard, Serge Bouchard et Sylvie Vincent.
La promotion et la conservation de la culture et de la langue innue passe entre autres par l'Institut Tshakapesh, une organisation créé en 1978 par le Conseil atikamekw montagnais (CAM)[9].
L’institut Tshakapesh, le musée Shaputan et celui de Mashteuiatsh sont reconnus pour le partage et la transmission de la culture innue[10].
Mode de vie traditionnel
Les innus abordent un mode de vie traditionnellement nomade, à la recherche du meilleur territoire de chasse. Ils doivent parfois se déplacer d'une région à l'autre pour suivre le mouvement du gibier, en raison de feux de forêts et des changements climatiques[11]. Ce peuple nommait son territoire selon ses déplacements. Il suffit ainsi pour reconnaitre certains territoires innus de connaître le nom d’une rivière, d’un lac ou d'un lieu de portage nommés par ce peuple nomade[12].
Les moyens de transport privilégiés des Innus sont les raquettes et le toboggan en hiver, tandis qu'ils préfèrent se déplacer en canots d'écorces de bouleau en été[4].
Plusieurs objets symboliques font partie du paysage culturel innu, dont le Teueikan, le mocassin, le canot, le toboggan et les raquettes[13]. Tous les objets traditionnels sont fabriqués de façon artisanale avec les ressources de leur territoire, comme la peau d'animaux, le bois et la pierre.
Le Teueikan, un tambour sacré, sert entre autres à la chasse au caribou et à la communication avec les esprits. C’est un objet dit dangereux, précieux et respecté pour lequel l’utilisation requiert une personne qui en a rêvé à trois reprises. Il est légué à l’aîné de la famille, qui se doit de respecter, lui aussi, les mêmes conditions oniriques qu’au précédent propriétaire.[pas clair] Les animaux chassés sont honorés lors des cérémonies performées à l’aide du tambour[13].
Culture moderne
On peut mentionner le Festival Innu Nikamu de Maliotenam (Mani Utenam en innu-aimun : le village de Marie), dont la vocation est de transmettre aux enfants la mémoire de la Culture innue, ainsi que le festival annuel d'Innucadie, à Natashquan.
La musique est défendue par plusieurs groupes et musiciens innus, notamment Shauit, Florent Vollant et Claude McKenzie du groupe Kashtin, populaire durant les années 1990. On mentionnera également Jean-Marc Picard et Petapan de Pessamit, le Groupe Maten de Mani-Utenam, Meshikamau de Sheshatshit (North West rivers), Bobby Couture de Uashat (Sept-îles), Francois Jerome de Mani-Utenam, Teueikan de Unamen-shipu (La Romaine), Uasheshkun, Innutin de Ekuanitshit (Mingan), William-Mathieu Mark de (La Romaine), Jennifer Bellefleur de (La Romaine), James Nuna de (Sheshatshit), Pearl Nuna de (Sheshatshit), Laurent Mark de (La Romaine), Mike Paul Kuekuatsheu de (Mashteuiatsh) et George Nuna de (Sheshatshit). Voir aussi Innu Folk.
Population et territoires
Population des Innus (Montagnais) du Québec en [14]
Les trois autres bandes innues plus isolées sont :
dans la province du Québec, la nation naskapie de Kawawachikamach (796 habitants) qui administre deux territoires homonymes très proches (une terre réservée en région Nord-du-Québec et un village en région Côte-Nord), mais contrairement à la communauté innue de Matimekosh, la nation naskapie reste hors du conseil tribal Mamuitun) ; et
↑Marine Chavanne, « Le peuple rieur : hommage à mes amis innus, Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque. Lux éditeur, Montréal, 320 p. », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 49, no 2, , p. 105 (ISSN0318-4137 et 1923-5151, DOI10.7202/1070764ar, lire en ligne, consulté le ).
↑Jean-Sébastien Boutet, « Développement ferrifère et mondes autochtones au Québec subarctique, 1954-1983 », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 40, no 3, , p. 35–52 (ISSN0318-4137 et 1923-5151, DOI10.7202/1009367ar, lire en ligne, consulté le )
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José Mailhot, Au pays des Innus : les gens de Sheshashit, Montréal, RAQ,
(en) Jose Mailhot, The People of Sheshatshit, Saint-Jean de Terre-Neuve, ISER, .
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