Imed Trabelsi

Imed Trabelsi
Imed Trabelsi en 2017.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (50 ans)
TunisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
عماد الطرابلسيVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Mohamed Imed TrabelsiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Parentèle

Imed Trabelsi (arabe : عماد الطرابلسي), de son nom complet Mohamed Imed Trabelsi, né le à Tunis[1], est un homme d'affaires tunisien. Il est le neveu de Leïla Ben Ali, l'épouse de l'ancien président de la République tunisienne, Zine el-Abidine Ben Ali.

Visé par un mandat d'arrêt international émis par la France en 2006, il est, à l'image de l'ensemble de la « famille Trabelsi », qualifiée selon les observateurs de « clan quasi-mafieux »[2], impliqué dans plusieurs affaires d'escroquerie.

Biographie

Fils de Mohamed Naceur[3], frère de Leïla Ben Ali, certains titres de la presse française l'ont décrit comme un probable fils de Leïla Ben Ali issu d'une première union[4]. En fait, Mohamed Naceur a divorcé de sa première femme et les trois fils issus de ce mariage (Houcem, Saïf et Imed) se sont retrouvés vivre sous le toit de leur grand-mère Saïda, la mère de Leïla. Ces enfants, en grandissant parmi leurs tantes, seront considérés comme leurs petits frères. De l'avis de sa tante Leïla, Imed était un garçon trop sensible aux apparences, ce qui lui causera le plus de tort selon elle[5].

Le , la justice française émet un mandat d'arrêt à son encontre dans une affaire de yachts volés. En , il est renvoyé en correctionnelle par la justice française[6].

En 2007, il obtient de manière controversée la direction de l'enseigne Bricorama en Tunisie, dont il inaugure le premier magasin le .

Lors des élections municipales de -, il devient maire de La Goulette[7].

À l'occasion de la révolution tunisienne, la population cherche à se venger du clan Ben Ali-Trabelsi. Il est poignardé, supposément par l'un de ses anciens collaborateurs, et emmené à l'hôpital militaire de Tunis. Le jour de la fuite du président Ben Ali, sa mort est annoncée par un membre du personnel de l'établissement[7], avant d'être démentie par le ministre de l'Intérieur Ahmed Friaâ le [8].

Affaires judiciaires

Voitures volées (2006)

Selon le quotidien français Libération, Imed Trabelsi aurait été impliqué dans un trafic de voitures de luxe. Il aurait notamment ordonné le vol de la voiture du PDG de BMW en Allemagne, « avant d'être contraint de la restituer contre un abandon des poursuites »[9],[10]. Cette affaire n'a pas entraîné de suite judiciaire à son encontre.

Yachts volés (2006-2009)

Origine de l'enquête

Le , Bruno Roger, l'un des dirigeants de la banque Lazard et proche de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, apprend que son yacht Beruma (un Beru Ma V58 Princess d'une valeur estimée à plus d'un million d'euros) a disparu du port de Bonifacio en Corse[9]. Il dépose plainte pour « vol en bande organisée, vol, faux administratif, faux et usage de faux »[11]. Après enquête des gendarmes toulonnais et corses, Imed Trabelsi est identifié comme naviguant dans la région de Sidi Bou Saïd, sur le prestigieux yacht, et usant de son influence pour hâter l'immatriculation du navire sur place[6],[11],[12]. Le , des scellés sont posés sur le navire sur ordre de la justice française[11]. Grâce à des pressions de l'Élysée et du ministère français de l'Intérieur sur le gouvernement tunisien, le bateau est rapatrié vers la France et rendu à son propriétaire[6],[9],[10].

Découverte du trafic

Les et , quatre intermédiaires sont interpellés et permettent aux enquêteurs de découvrir un véritable réseau de vol de yachts de luxe, les maquillages étant effectués en Sardaigne, à Malte ou en Tunisie : plusieurs navires, dont le Blue Dolphin IV dérobé en à Cannes et le Sando exfiltré du Lavandou (Var) en [6],[9],[11], sont retrouvés en Tunisie sous de fausses immatriculations. Dans les mois qui suivent, et en dépit de nombreuses convocations de la justice française, les deux cousins Imed et Moez Trabelsi, commanditaires présumés du trafic, refusent de répondre[6]. Par conséquent, le , la justice française émet un mandat d'arrêt à l'encontre des deux cousins Trabelsi[9], sans succès puisque la Tunisie refuse de les extrader[6].

Suites judiciaires

En , le juge Jean-Bastien Risson se rend en Tunisie, accompagné du procureur d'Ajaccio José Thorel. Ils interrogent Imed et Moez Trabelsi, qui nient toute responsabilité dans ce trafic, en reconnaissant cependant avoir été contactés pour acheter les yachts[6],[10]. Des explications qui, selon l'ordonnance du juge, sont « insuffisantes pour contrebalancer l'ensemble des éléments à charge retenus à leur encontre »[6]. Le , Imed et Moez Trabelsi sont mis en examen par un magistrat tunisien pour « complicité de vol en bande organisée » dans le cadre de la commission rogatoire internationale française[10],[13]. Le , ils sont renvoyés en correctionnelle par la justice française, pour « vol en bande organisée », « escroquerie en bande organisée », et « faux et usage de faux »[6],[10],[13].

À la fin , le tribunal d'Ajaccio étudie une disjonction des faits : les vols commis en France sont jugés par les tribunaux français d'une part, et la complicité de vol qui concerne Imed et Moez Trabelsi, perpétrée depuis la Tunisie, est jugée par les tribunaux tunisiens d'autre part. Une procédure justifiée, selon le procureur de Bastia, par l'existence d'une convention signée entre la France et la Tunisie en 1972 et par le refus de la Tunisie d'extrader Imed et Moez Trabelsi[13],[14]. La presse française met en évidence les pressions tunisiennes sur le ministère français de la Justice pour étouffer ce dossier et fournit des témoignages tendant à faire apparaître une habituelle complaisance de la police, de la douane et de la justice tunisiennes avec les cousins Trabelsi[14],[15],[16],[17].

Bricorama (2007-2009)

Grande surface Bricorama sur l'axe autoroutier Tunis-Bizerte.

En , deux hommes d'affaires, Faouzi Mahbouli et Mehdi Ben Ayed, s'accordent avec l'enseigne française Bricorama pour organiser son implantation en Tunisie via un contrat de franchise. Le contrat prévoit alors une option pour la Libye, cosignée par Mahbouli et Imed Trabelsi. En , Trabelsi réclame la totalité des parts à Mahbouli ; ce dernier est alors confronté, selon ses dires, à des mesures d'intimidation : vol et dégradation de ses véhicules, effraction de son bureau, vol de ses documents personnels et harcèlements policiers. Il cède alors ses parts avant de s'enfuir en Europe avec sa famille, pour y déposer une plainte pour extorsion devant la justice française.

Procès après la révolution

Après la révolution de 2011, Imed Trabelsi est l'objet de poursuites judiciaires. Le , la justice tunisienne l'accuse d'« acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et de « transferts illicites de devises à l'étranger » selon le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi[18] ; Trabelsi doit être représenté par l'avocat français Olivier Metzner[19]. Son premier procès s'ouvre le de la même année, pour consommation de stupéfiants[20] : il est condamné à deux ans de prison ferme le suivant[21], peine doublée en appel à quatre ans de prison et 3 000 dinars d'amende le [22].

Le , il est condamné à deux ans d'emprisonnement pour tentative de fuite et possession illégale de devises[23]. Le , il est condamné à quinze ans de prison et 150 000 dinars d'amende dans une affaire de chèques sans provision[24]. Le , le tribunal de première instance de Tunis condamne Imed Trabelsi à 18 ans et deux mois de prison et 180 000 dinars d'amende dans une autre affaire de chèques sans provision. Le , il écope d'une nouvelle condamnation d'un an de prison ferme et de 500 000 dinars d'amende pour détention et trafic illégal de pièces archéologiques[25]. Le , le tribunal de première instance condamne Trabelsi à sept ans et demi de prison dans une affaire de chèque sans provision[26]. Le , Imed Trabelsi est condamné, pour quatorze affaires de chèques sans provision, à vingt ans et huit mois de prison par le tribunal de première instance. Le même jour, la 17e chambre de la cour d'appel confirme sa condamnation concernant treize affaires de chèques sans provision à quarante ans de prison[27]. À cette date, il totalise 108 ans et deux mois de prison dans différentes affaires dont soixante ans dans des affaires de chèques sans provision.

Depuis son arrestation, le , Imed Trabelsi est détenu sur la base militaire d'El Aouina à proximité de l'aéroport international de Tunis-Carthage. Il est transféré le à la prison civile de Mornaguia[28]. Le , Imed Trabelsi entame une grève de la faim sauvage pour protester contre son placement en isolement total et contre les conditions de sa détention. Le , sur ordre du médecin de la prison, il est transféré à l'hôpital de La Rabta où il est mis sous perfusion en attendant l'amélioration de son état et son retour en prison[29].

Le , il est condamné à cinq ans de prison ferme dans une affaire d'octroi illégal de terrains à Carthage[30].

Le , la Cour de cassation valide l'accord de réconciliation pénale conclu entre Imed Trabelsi et l'Instance vérité et dignité chargée du processus de réconciliation et d'indemnisation pour le compte de l'État tunisien entre 2014 et 2018[31].

Notes et références

  1. « La nouvelle liste des Tunisiens dont les avoirs sont gelés en Suisse », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  2. Julie Calleeuw, « Tunisie : les Trabelsi, une « quasi-mafia » », sur rtbf.be, (consulté le ).
  3. « Nécrologie d'El Hajja Saida Dhrif », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  4. Gari John, « Imed, le jet-setteur du clan Trabelsi », sur bakchich.info, (consulté le ).
  5. Leïla Ben Ali, Ma vérité, Paris, Éditions du Moment, , 198 p. (ISBN 978-2354171568).
  6. a b c d e f g h et i Michel Deléan, « L'affaire des yachts volés refait surface », Le Journal du dimanche,‎ (ISSN 0242-3065, lire en ligne, consulté le ).
  7. a et b « Tunisie : blessé, un proche de Ben Ali meurt », sur europe1.fr, (consulté le ).
  8. « Tunisie : Imed Trabelsi, un proche de Ben Ali, est vivant », Le Parisien,‎ (ISSN 0767-3558, lire en ligne, consulté le ).
  9. a b c d et e Christophe Ayad, « L'encombrante belle-famille de Ben Ali », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne, consulté le ).
  10. a b c d et e Zineb Dryef, « Yachts volés : les neveux de Ben Ali seront-ils jugés un jour ? », Le Nouvel Obs,‎ (ISSN 0029-4713, lire en ligne, consulté le ).
  11. a b c et d Xavier Monnier, « Des mandats d'arrêt contre des membres de la famille du président Ben Ali », sur bakchich.info, (consulté le ).
  12. Christophe Cornevin, « Les voleurs de yachts de la Riviera avaient des complicités dans les ports », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  13. a b et c « Trafic de yachts : 2 neveux du président tunisien renvoyés devant la justice », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b Lorena Galliot, « Le procès impliquant des neveux du président tunisien reporté », sur france24.com, (consulté le ).
  15. Jacques Follorou, « Une affaire de vol de yachts trouble la relation Paris-Tunis », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  16. Cyrille Louis, « Le procès d'un réseau franco-tunisien de voleurs de yachts crée la polémique », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  17. Aurélie Ladet, « Polémique franco-tunisienne autour du procès des yachts volés », Le Parisien,‎ (ISSN 0767-3558, lire en ligne, consulté le ).
  18. « Liste des accusés dans la 2e affaire portant sur l'acquisition de biens corporels mobiliers et immobiliers à l'étranger », sur webmanagercenter.com, (consulté le ).
  19. « Olivier Metzner défendra Imed Trabelsi », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  20. Le Monde, 22 avril 2011, p. 2.
  21. « Tunisie : Trabelsi condamné à 2 ans de prison », sur europe1.fr, (consulté le ).
  22. « Tunisie : 4 ans de prison et 3 mille dinars d'amende pour Imed Trabelsi », sur babnet.net, (consulté le ).
  23. « Vingt-trois proches de Ben Ali condamnés à des peines de prison », sur france24.com, (consulté le ).
  24. « Tunisie : Imed Trabelsi condamné à quinze ans de prison », sur rfi.fr, (consulté le ).
  25. « Tunisie : Imed Trabelsi condamné pour trafic de pièces archéologiques », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  26. « Imed Trabelsi, 40 ans de prison pour chèques sans provision », sur directinfo.webmanagercenter.com, (consulté le ).
  27. « Impliqué dans 27 affaires : Imed Trabelsi est condamné à 60 ans et 8 mois de prison », sur tuniscope.com, (consulté le ).
  28. « Les détenus de l'ancien régime « choqués » par le manque de privilèges en prison », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  29. « Suite à sa grève de la faim, Imed Tarbelsi transféré à l'hôpital de la Rabta », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  30. « Ben Ali, Grira et Imed Trabelsi condamnés à 5 ans de prison et 3 MD d'amende », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  31. Frida Dahmani, « En Tunisie, les espoirs déçus d'Imed Trabelsi », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie