Instaurée le par Hussein Ben Ali[1] qui prend le titre de bey et possesseur du Royaume de Tunis, elle gouverne le pays jusqu'à la proclamation du régime républicain le , ce qui la place au deuxième rang dans la liste des dynasties, derrière celle des Hafsides, quant à la durée de maintien au pouvoir.
L'héritier du bey de Tunis porte le titre de bey du camp (bey al-mahalla) jusqu'à l'indépendance, où il prend le titre de prince héritier. Après la déchéance de la monarchie, il devient le chef de la maison royale.
Histoire
Après les disputes incessantes entre corsaires et janissaires pour influencer le gouvernement de la régence ottomane au cours du XVIIe siècle, Ben Ali s'impose en 1705 en tant que bey de Tunis et fonde la dynastie des Husseinites sous le nom d'Hussein Ier Bey.
Les historiens s'accordent à souligner l'indépendance de facto de la Tunisie sous la dynastie husseinites par rapport à l'Empire ottoman. Cette indépendance est notamment marquée par la substitution de l'arabe au turc dans les correspondances officielles à partir du règne de Hammouda Pacha (1782-1814) et la création d'un drapeau national sous le règne de Hussein II Bey (1824-1835)[2].
La domination des Turcs d'Alger ne prend fin qu'en 1807 par une victoire des Tunisiens conduits par Hammouda Pacha[5]. Après l'élimination des janissaires, l'influence ottomane diminue encore en Tunisie si bien qu'en pratique les Husseinites gouvernent eux-mêmes le pays. Néanmoins, l'économie de la Tunisie est considérablement affaiblie par plusieurs épidémies de peste et de choléra ainsi que la destruction de la flotte corsaire par la France en 1827. Viennent ensuite les règnes de Mahmoud Bey (1814-1824), Hussein II Bey, Moustapha Bey (1835-1837) et Ahmed Ier Bey (1837-1855), fils de Moustapha, qui est l'un des beys les plus énergiques de la dynastie. Sous Mohammed Bey (1855-1859) et Sadok Bey (1859-1882), des réformes sont lancées afin de moderniser le pays mais celles-ci provoquent un fort endettement et une faillite de l'État tunisien.
En 1869, le Royaume-Uni, la France et l'Italie prennent le contrôle financier de la Tunisie par l'intermédiaire d'une commission financière internationale supervisant le remboursement de la dette publique du pays[6]. Avec le Pacte fondamental, tous les privilèges sont abolis et tous les Tunisiens se voient conférer des droits civiques. Cependant, bien que cette loi soit confirmée en 1861 dans la première constitution du monde arabe, elle n'entre jamais en vigueur après les révoltes des tribus. Après que la France a accepté l'occupation de Chypre par le Royaume-Uni, elle se retrouve les mains libres en Tunisie, occupe le pays et impose à Sadok Bey, par le traité du Bardo signé le , la reconnaissance du protectorat français de Tunisie[7]. Dès lors, le pouvoir des souverains devient symbolique. Après la déclaration d'indépendance de la Tunisie en 1956, le dernier souverain, Lamine Bey, dirige provisoirement le Royaume de Tunisie sans toutefois changer officiellement de titre. Il est déposé le sous la pression du Premier ministreHabib Bourguiba. Les Husseinites sont également dépossédés de leurs biens avec la proclamation de la République[8].
À la mort de Lamine Bey, le , le prince héritier Hassine Bey (né en 1893 et décédé en 1969), troisième fils de Naceur Bey et frère cadet de Moncef Bey, prend la tête de la maison royale de Tunisie. Une fois ce dernier disparu, aucun des princes de la famille royale ne prétend plus au titre d'héritier mais les aînés continuent à se succéder à la tête de la dynastie.
Fayçal Bey (1955- ), biologiste, arrière-petit-fils de Lamine Bey ;
Janina Bey (1960- ), artiste et couturière, arrière-petite-fille de Lamine Bey[10].
Notes et références
↑Nadia Sebaï, Mustafa Saheb Ettabaâ : un haut dignitaire beylical dans la Tunisie du XIXe siècle, Carthage, Cartaginoiseries, , 94 p. (ISBN978-9973-704-04-7, lire en ligne), p. 11.
↑Ibn Abi Dhiaf, Présent des hommes de notre temps : chroniques des rois de Tunis et du pacte fondamental, vol. II, Tunis, Maison tunisienne de l'édition, , p. 183-184.
↑Arnoldo Soler et Caston Loth, Arnoldo Soler chargé d'affaires d'Espagne à Tunis et sa correspondance, Charleston, BiblioBazaar, , 100 p. (ISBN978-0-554-70440-1), p. 41.
↑Laurent Colantonio, Sophie Kerignard, Véronique Fau-Vincenti et Alice Primi, 100 fiches d'histoire du XIXe siècle, Paris, Bréal, , 334 p. (ISBN978-2-7495-0340-0, lire en ligne), p. 276.
↑(en) Nagendra Kumar Singh, International encyclopaedia of Islamic dynasties, New Delhi, Anmol Publications, , p. 1100.