Histoires de mirages
Histoires de mirages est le trentième-et-unième tome — et le dix-neuvième volume de la deuxième série — de La Grande Anthologie de la science-fiction paru en 1984. Préfacé par Gérard Klein, l'ouvrage réunit quatorze nouvelles publiées entre 1953 et 1974. L'image de couverture de la seconde édition a été réalisée par Philippe Adamov ; elle représente un homme allongé sur un divan « futuriste » ; à ses côtés se trouve un psychanalyste qui l'écoute ; les deux hommes sont englobés et comme noyés dans un éther bleuté traversé par des courants de fluides. Publication
Extrait de la préface
— Extrait des quatre premiers paragraphes de la préface Liste des nouvellesL'Existence de Mason
En dedans
Le Rivage d'Asie
Aux bons soins de M. MakepeaceTitre en anglais : c/o Mr. Makepeace. Nouvelle publiée en 1954 de Peter Phillips, traduite en français par Dorothée Tiocca. Résumé de la nouvelle
Tristram Makepeace, 50 ans, est un homme qui habituellement ne fait pas parler de lui. Un jour, il reçoit un courrier adressé à « E. Grabcheek, aux bons soins de M. Makepeace, 36 avenue des acacias ». Il explique au facteur qu'il ne connaît pas ce Grabcheek, et refuse le courrier. Le facteur lui propose d'écrire à la direction centrale des postes, mais qu'au demeurant, lui, Makepeace, a déjà reçu du courrier destiné à Grabcheek. Makepeace est interloqué. Il est certain de n'avoir jamais reçu de courrier pour ce Grabcheek. Il oublie l'incident, jusqu'à ce qu'il reçoive quelques jours après une seconde lettre. Il écrit donc à la Direction centrale de la Poste, qui lui répond qu'il a le droit d'ouvrir le courrier afin de déterminer l'identité et l'adresse de l'expéditeur (pour lui retourner le courrier) et celle du destinataire, Grabcheek. C'est ce que fait Makepeace : il ouvre le courrier et en sort… une feuille blanche ! Il reçoit une troisième lettre, puis une quatrième lettre : chaque fois, une feuille blanche. Ces faits étranges ravivent de douloureux souvenirs qu'il avait enfouis au plus profond de sa mémoire, en lien avec son père, sa mère et des scènes de violences. Devient-il fou ? Il va consulter un psychiatre. Il essaie de reprendre une vie normale, sans y arriver. Un jour, il décompense subitement ; la voisine appelle les secours ; il est hospitalisé au long cours dans un centre psychiatrique. Les psychiatres ont compris ce qu'il s'était passé : Makepeace, dans sa psychose schizophrénique, s'est envoyé, seul, ces courriers. Le nom de makepeace signifiant qui fait la paix, il s'est créé un double du nom de Grabcheek, « celui qui empoigne la joue ». L'affaire semble donc résolue. On découvre qu'elle ne l'est pas vraiment quand on reçoit, à l'hôpital psychiatrique, des courriers non timbrés destinés à Grabcheek, et envoyés à Makepeace afin qu'il les fasse suivre ! Makepeace, étroitement surveillé, sans papier ni stylo, n'a pas pu sortir ni envoyer de tels courriers. Il n'y a donc que deux solutions : soit il s'agit d'un canular, mais on ne voit pas de qui, ni dans quel but, soit d'un être mystérieux. Dans cette hypothèse, ne serait-ce pas le « double mauvais » de Makepeace qui agirait, une sorte de Poltergeist ? La fin de la nouvelle indique que dans une maison de banlieue, située au 36 avenue des acacias, un courrier destiné à Ezreel Grabcheek est distribué. Quelques instants après, dit la dernière phrase de la nouvelle, « quelque chose se mit à rire ». Voir la nouvelle de Maupassant : Les Vents de Mars
Je vois un homme assis dans un fauteuil, et le fauteuil lui mord la jambe
Chrysolithe entière et parfaite
Dans l'ImagiconTitre en anglais : In the Imagicon. Nouvelle publiée en 1966 de George H. Smith, traduite en français par Frank Straschitz. Infos sur cette nouvelle ici et là. Résumé de la nouvelle
L'Imagicon est un appareil qui permet de créer une réalité virtuelle, au gré de son utilisateur. Et Dandor vit dans un monde merveilleux : nourriture abondante et variée, travail peu fatigant et diversifié, beau temps, femmes magnifiques qui obéissent à toutes ses volontés, quelle qu'elles soient. Bref, la belle vie. Mais les meilleures choses n'ont qu'un temps : il doit retourner dans l'Imagicon et revenir à Nirond. Ce qui l'attend, hélas, c'est une vie morne et austère dans ce lieu d'habitation appelé Nirond, avec Nona, son épouse laide, vieille et acariâtre. Dans ce monde, il fait froid, le blizzard souffle, il est considéré comme un moins-que-rien, il faut travailler dur pour s'en sortir... Le lendemain de son retour, les loups des glaces attaquent la maisonnée. En se défendant, Dandor est grièvement blessé à la jambe. Nona appelle le médecin de campagne, qui annonce qu'il va falloir amputer. N'ayant plus d'anesthésique, il faudra faire comme au bon vieux temps : du whisky pour atténuer la douleur, et un morceau de bois entre les dents. Non, cela, Dandor ne peut pas le supporter. Profitant d'un instant d'inattention de Nona et du médecin, clopin-clopant, il leur fausse compagnie et se réfugie en catastrophe dans l'Imagicon, qu'il met en marche, la jambe sanguinolente. Quelques instants plus tard, il se retrouve dans le monde merveilleux des belles filles et du ciel bleu, la jambe intacte. Le lecteur apprend alors que ce monde merveilleux est le monde normal, et que le monde de Nirond est le monde virtuel généré par l'Imagicon à la demande de Dandor. En effet, dans la vraie réalité, depuis que 90 % des hommes sont morts et que les survivants sont honorés tels des dieux par les femmes, on peut utiliser l'Imagicon pour assouvir ses fantasmes. Et afin de ne pas devenir blasé et se lasser de son monde merveilleux, Dandor a programmé un monde épouvantable : ainsi, après être passé quelques jours ou semaines à Nirond, il est très heureux de retrouver la vraie réalité… L'Avocat caméTitre en anglais : Stoned Counsel. Nouvelle publiée en 1972 de H. H. Hollis, traduite en français par Bruno Martin. Résumé de la nouvelle
XXIe siècle : l'évolution des procédures pénale et civile a permis de légaliser l'utilisation de drogues pour déterminer si telle ou telle personne a commis tel ou tel délit, tel ou tel crime. Corky Craven est avocat. À ce titre, il doit défendre un client, qui agit aux fins de voir reconnaître qu'une usine située à proximité de chez lui déverse des produits toxiques dans l'eau et dans l'air. Son « adversaire » est Me Pahlevski, qui défend l'entreprise en question. Au tribunal, tous deux prennent en même temps la même drogue, du LSD : ayant préalabalement extrait des mémoires de leurs clients respectifs certains faits et éléments objectifs, les deux avocats s'affrontent par ordinateur qui sert d'intermédiaire. Un combat psychique a lieu entre les avocats, chacun tentant de prouver à son adversaire qu'il doit gagner le procès. À la fin de la « bataille », Craven gagne : symboliquement, son adversaire se met en position d'offrir ses testicules au vainqueur. Craven substitue au corps et aux testicules de Pahlevski le corps de Judith Hlavcek, une jeune avocate qu'il a croisée dans la journée, et c'est elle qu'il « viole en pensée ». Quoi qu'il en soit, Craven a indubitablement gagné le procès. Il se rend aux toilettes pour vomir la drogue et se débarbouiller la peau qui suinte de vapeurs acides ; il croise Pahlevski qui le salue, qui reconnaît sa défaite et qui lui rappelle que la semaine suivante, dans un autre procès, ils seront tous deux ensemble contre un autre avocat, et qu'ils feront leur possible pour gagner ce procès, ce qu'approuve Corky. Craven quitte la tribunal et croise Judith Hlavcek, qui vient elle aussi de gagner un procès avec usage de drogue contre un autre avocat. Ils se saluent, et prennent des chemins divergents. Néanmoins, au bout de quelques secondes, il se souvient de la Judith nue qu'il a vue durant le combat psychique, se retourne, rejoint Judith et lui propose de l'accompagner. Souvenirs garantis, prix raisonnables
Configuration du rivage septentrional
Une mer de visages
Le Façonneur
Un affreux pressentimentTitre en anglais : A Wild Surmise [2]. Nouvelle publiée en 1953 d'Henry Kuttner et C. L. Moore, traduite en français par Gérard Lebec. Infos sur cette nouvelle ici. Résumé de la nouvelle
Le héros de la nouvelle, Timothy Hooten, se trouve en deux endroits différents sans qu'il le sache... Timothy Hooten est un homme et se rend chez son psychiatre, le docteur Scott : il fait d'étranges rêves, dont il ne se souvient qu'imparfaitement une fois réveillé. Il semble que dans ses rêves, il vive une autre vie. Divers tests psychologiques sont effectués : les rêves de Hooten sont en lien avec des insectes ; de plus dans ses rêves, il y a un autre psychiatre, le Dr Rasp [3]. Changement de décor. Timothy Hooten est un insecte qui est en consultation chez son psychiatre, le Dr Rasp. Il explique qu'il fait d'étranges rêves, dont il ne se souvient qu'imparfaitement une fois réveillé. Il semble que dans ses rêves, il vive une autre vie. Divers tests psychologiques sont effectués : les rêves de Hooten sont en lien avec des formes d'animaux bipèdes ; de plus, dans ses rêves, il y a un autre psychiatre, le Dr Scott. Timothy Hooten chez le Dr Scott : celui-ci décide d'abandonner les simples dialogues sur le divan et les tests projectifs et de passer aux neuroleptiques et à l'hypnose. L'expérience est prévue le lendemain à 14 h. Peu après, Timothy Hooten chez le Dr Rasp : le thérapeute apprend que dans le rêve de Hooten, il va y avoir l'injection de neuroleptiques et une séance d'hypnose. Il ordonne à Hooten de revenir le voir le lendemain à 14 h. Le jour dit, à 14 h, le Dr Scott fait subir le traitement neuroleptique à l'homme-Hooten. Ce dernier doit s'endormir, relâcher ses défenses mentales, extérioriser son « moi intérieur ». Mais en même temps, le Dr Rasp fait la même chose à l'insecte-Hooten. Chacun des médecins assène à son patient qu'il est le seul vrai médecin, et que l'autre est une création de son inconscient, le pur fantasme de son imagination. Chacun des médecins, pensant que l'autre est une invention de l'inconscient de Hooten, s'adresse directement à son double pour le faire disparaître. Un clash spatio-temporel inattendu a lieu. Les derniers paragraphes de la nouvelle ne montrent pas un changement de situation physique ou psychique chez Hooten ; en revanche, chacun des médecins disparaît de son monde et se retrouve dans l'autre : le Dr Rasp se retrouve dans le cabinet du Dr Scott, près de l'Empire State Building, avec à ses côtés Hooten-homme ; le Dr Scott se retrouve dans le cabinet du Dr Rasp, avec à ses côtés Hooten-insecte, près d'un mystérieux Quatt-Wunkery. Notes et références
Liens externes
|