Histoires (Tacite)
Les Histoires (en latin Historiae) est une œuvre de Tacite. Elles décrivent année par année l'histoire de l'Empire romain, à partir du , c’est-à-dire de l'avènement de Galba. Seuls sont parvenus à l'époque moderne les quatre premiers livres et le début du cinquième, s'arrêtant à l'année 70 au début du règne de Vespasien. Le projet historiquePierre Grimal place la rédaction des Histoires entre 104 et 108 ou 109[1], tandis que Pierre Wuilleumier situe leur parution entre 106 et 109[2]. Deux modèles d'approche historique sont connus lorsque Tacite rédige, les annales, série d'événements par année, selon le calendrier politique romain, comme l'a fait Tite-Live, ou l'approche grecque de Polybe et Thucydide, qui rassemble les faits, en analyse les causes et en tire des leçons. Tacite adopte la forme annalistique, en compensant les juxtapositions sèches et hachées d'événements par une technique rhétorique qui leur donne de l'ampleur[3]. Selon Jérôme de Stridon, l'œuvre complète de Tacite comptait 30 livres[4], on considère en général que les Histoires occupaient 12 livres de ce total[2]. Il en reste néanmoins aujourd'hui seulement 5 : l'intégralité des 4 premiers livres et les 26 premiers chapitres du livre V. Tacite dans le préambule du livre I précise son projet historique, couvrir les règnes de Tibère jusqu'à Trajan, qu'il rédigera dans sa vieillesse[5]. Il omet donc Jules César et Auguste, réserve une première période aux descendants d'Auguste, de Tibère à Néron, avec des successions dynastiques qui terminent de façon catastrophique en 68, qu'il traite dans les Annales. Tacite fait partir ensuite les Histoires au règne de Galba, période d'anarchie puis de lente restauration de l'État avec Nerva et Trajan. Les derniers livres sont perdus, la partie des Histoires conservée s'arrête en 70, peu après la mort de Vitellius[6]. Dans une lettre à Tacite, Pline le Jeune plaisante sur son espoir de figurer dans les Histoires, et lui fournit une anecdote judiciaire[7]. Manuscrits sourcesJusqu'au milieu du XXe siècle, le texte des Histoires n'a pu être établi qu'à partir d'un seul manuscrit du XIe siècle copié au Mont-Cassin[8], le Mediceus II ou Medicus alter, rédigé en minuscule bénéventine. Découvert en 1470, il est conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence[9]. Deux feuillets de ce manuscrit manquent, et l'écriture a pâli au point d'être parfois illisible[10]. Seize autres manuscrits (ou dix-sept en tenant compte d'un codex perdu depuis) ont été récupérés, certains de ceux-ci ont aidé à la reconstitution des parties perdues du Mediceus II. Les études comparatives de ces nombreux manuscrits se sont étalées sur plusieurs siècles, et ont établi au début du XIXe siècle que ces manuscrits ne sont que des copies du Mediceus II. Ce dernier devient le document de référence pour la reconstitution du texte latin et la traduction d'Henri Goelzer en 1921[11] et pour les traductions ultérieures[12]. StructureLivre I : Galba et Othon ou le triomphe d'Othon
Livre II : Othon et Vitellius, ou le triomphe de Vitellius
Livre III : Vitellius et Vespasien, ou le triomphe de Vespasien
Livre IV : Julius Civilis
Livre V : Titus devant Jérusalem
StylePour Pierre Grimal, le style de Tacite ne peut être ressenti par les traductions : « La brusquerie des tours, les phrases sans verbe, les formules brillantes calculées pour surprendre, tout cela ne peut être découvert que dans le texte latin »[13]. Pour Jacques Perret, Tacite dans ses ouvrages reprend des effets de style de l'historien Salluste[14] : dissymétrie des tournures, vocabulaire archaïsant[15], emploi de l'infinitif de narration, pourtant passé de mode depuis plus d'un siècle à l'époque de Tacite[16]. Ces expressions viennent élever la préface du livre I des Histoires vers l'emphase et le pathétique[17]. Références
Éditions traduites en français
Cet essai de traduction ne fut publié qu'à titre posthume. Voir : Frédéric S EIGELDINGER, « Fragments inédits de J.-J. Rousseau relatifs à sa traduction de Tacite et au Discours sur l'origine de l'inégalité », Dix-Huitième Siècle, no 38, , p. 529-540 (lire en ligne) et Jean-Jacques Rousseau traducteur de Tacite. Édition critique bilingue, Classiques Garnier.
Bibliographie
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