Spécialiste d'histoire islamique, il regagne l'université de Tunis dans les années 1970 pour y enseigner l'histoire du Moyen Âge pendant plusieurs années. Il écrit par la suite de nombreux ouvrages, traduits en plusieurs langues, d'histoire et de sociologie des religions consacrés à l'islam[4]. Il s'intéresse particulièrement dans ses recherches à l'anthropologie historique et à l'histoire des mentalités[5].
Membre de plusieurs commissions internationales, il mène une réflexion sur l'entrée du monde arabo-musulman dans la modernité[6]. Il écrit également une centaine d'article sur le Maghreb islamique, les mouvements populaires des premiers siècles de l'Islam, et, plus généralement, sur l'histoire de l'Orient musulman[3].
Il plaide pour la multiplication des investigations empiriques et le renouvellement des études sociologiques et anthropologiques en contextes islamiques[6]. Dans ses études, il ne cesse de mettre en question les frontières entre les disciplines, transgressant ainsi la séparation entre l'islamologie et les autres perspectives de type linguistique ou anthropologique[11]. Il n'était dès lors pas étonnant de le voir exiger le concours de nombreux cadres théoriques et conceptuels[12]. Dans le même temps, il refuse toute analyse simpliste et ne cède jamais aux explications unilatérales qui, de toute façon, mèneraient directement à des impasses ou, au mieux, à des stéréotypes assez fréquents dès qu'il est question de parler de l'islam et des sociétés musulmanes[6],[13].
S'inscrivant contre les discours politiques officiels[14],[15], il défend plutôt une définition socio-anthropologique des composantes de la culture maghrébine[16]. À cet effet, il se donne pour tâche de valoriser et d'intégrer toutes les étapes historiques, a fortiori marquantes, que traversa le Maghreb, c'est-à-dire latino-romaine, arabo-islamique, turque, française et nationale[17]. Sa perspective consiste à soutenir une lecture critique d'un passé arabe désacralisé[18]. À ce titre, son discours, à la fois ambitieux, exigeant et rigoureux, est à certains égards subversifs[19],[20].
Ses livres sur l'histoire et la culture intellectuelle et religieuse du monde arabe lui valent une réputation internationale et lui attirent de nombreux disciples[3],[6],[21].
En 1996, il est décoré des insignes de commandeur de l'Ordre de la République tunisienne[35]. En 2019, il est élevé au rang de grand officier en reconnaissance pour l'ensemble de sa production académique et intellectuelle[36],[37].
Juste après l'annonce publique de sa mort, le président Kaïs Saïed déplore, dans un communiqué officiel, la perte d'« une personnalité nationale de premier plan, et une éminence scientifique, dont le souvenir sera éternel dans l'histoire de la scène culturelle en Tunisie »[41],[42]. Le même jour, le ministère tunisien de la Culture rappelle l'importance de son bilan d'universitaire et de penseur engagé[43]. Le 8 juin, l'Institut du monde arabe à Paris rend hommage à sa mémoire avec la présence de plusieurs universitaires et intellectuels arabes[44].
La Grande Discorde : religion et politique dans l'islam des origines, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », , 421 p. (ISBN2-07-071732-1, OCLC708310779)[48].
La Vie de Muhammad, vol. I : Révélation et prophétie, Paris, Fayard, , 181 p. (ISBN2-213-60328-6).
La Vie de Muhammad, vol. II : La Prédication prophétique à La Mecque, Paris, Fayard, , 501 p. (ISBN2-213-63283-9).
La Vie de Muhammad, t. III : Le parcours du Prophète à Médine et le triomphe de l'Islam, Paris, Fayard, (réimpr. Tunis, Cérès, 2020[50]) (ISBN2-213-63720-2).
Penser l'Histoire, penser la Religion, Tunis, Cérès, [51],[52].
Participation à des ouvrages collectifs
Histoire générale de la Tunisie, t. II : Le Moyen Âge, Tunis, Société tunisienne de diffusion (réimpr. Tunis, Sud Éditions, 2005) (1re éd. 1965).
(ar) الإسلام والحداثة و الإجتماع السياسي : حوارات فكرية [« Islam, modernité et sociologie politique : le débat »], Beyrouth, Centre for Arab Unity Studies, .
↑ a et b« Hichem Djaït », sur babelio.com (consulté le ).
↑ abc et dIdriss Jebari, « L'histoire et « l'avenir possible » : Laroui, Djaït et la modernité du Maghreb dans les années 1970 », L'Année du Maghreb, vol. 10, no 1, , p. 189-206 (ISSN1952-8108, lire en ligne, consulté le ).
↑(ar) « المفكر هشام جعيط: يؤلمني النكران... ويحزّ في نفسي جحود الجامعة التونسية » [« Le penseur Hichem Djaït : Le déni me fait mal... et l'ingratitude de l'université tunisienne m'attriste »], Le Maghreb, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Winners », sur alowais.com (consulté le ).
↑(ar) « باحثون تونسيون يؤلفون كتابا عن مباحث الدكتور هشام جعيط » [« Des chercheurs tunisiens écrivent un livre sur les recherches du Dr Hichem Djaït »], Assabah, (lire en ligne, consulté le ).
↑Adda Joëlle, « Hichem Djaït. La grande discorde. Religion et politique dans l'islam des origines », Politique étrangère, vol. 55, no 4, , p. 914-915 (ISSN0032-342X, lire en ligne, consulté le ).
↑Hédi Dhoukar, « Connaissance de l'Islam », Hommes et Migrations, vol. 1162-1163, , p. 112-114 (ISSN1142-852X, lire en ligne).
↑Hichem Djaït, « Écrire la vie de Muhammad. L'historien face à la Tradition », dans Kmar Bendana, Katia Boissevain et Delphine Cavallo (dir.), Biographies et récits de vie, Tunis, Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, (ISBN978-2821850491, lire en ligne), p. 21-31.
Bibliographie
(ar) Mustapha Alaoui, هشام جعيّط و السّيرة النبويّة [« Hichem Djaït et la biographie de Mohammed : lecture méthodologique »], Tunis, Nirvana, .
(ar) Mohamed Mzoughi, منطق المؤرخ. هشام جعيّط، الدولة المدنية و الصحوة الإسلامية [« La logique de l'historien : la pensée politique de Hichem Djaït »], Beyrouth, Jamal, .
(ar) Mohamed Mzoughi, الإستشراق و المستشرقون في فكر هشام جعيّط [« Orientalisme et orientalistes dans la pensée de Hichem Djaït »], Beyrouth, Jamal, .
(ar) Collectif, التاريخ و التقدم : دراسات في أعمال هشام جعيّط [« Histoire et progrès : études dans les œuvres de Hichem Djaït »], Beyrouth, Centre for Arab Unity Studies, .
(ar) Collectif, جدل الهوية و التاريخ : في قراءة هشام جعيّط [« La controverse de l'identité et de l'histoire : lecture dans les œuvres de Hichem Djaït »], Doha, Arab Center for Research and Policy Studies, .