En métrique syllabique, l'hexasyllabe (en grec, hex ou hexa – forme non attique = « six »[1]) est un vers de six syllabes[1], sans césure[2]. Par exemple, chez Ronsard[2] :
Antres, et vous fontaines
— Pierre de Ronsard, Quatriesme Livre des Odes, IV
Ainsi, toujours poussés / vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle / emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais / sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
En isométrie, il est notamment utilisé dans des poèmes inspirés de la chanson, dans les Odes de Ronsard ou les Odes et ballades de Victor Hugo[2]. Il est alors considéré comme un « sous-multiple » de l'alexandrin[4], tel un demi-alexandrin[3], « permettant des échos sonores deux fois plus rapprochés[5] ». Par exemple, chez Paul Verlaine[5] :
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ou dans Charmes, où Paul Valéry« multiplie les effets sonores d'une rime plus fréquente[3] » :
– Que portez-vous si haut,
Égales radieuses ?
– Au désir sans défaut
Nos grâces studieuses !
— Paul Valéry, Charmes
Victor Hugo emploie également l'hexasyllabe dans deux strophes des Djinns :
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
— Victor Hugo, Les Djinns
Et :
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
— Victor Hugo, Les Djinns
Toujours en isométrie, il est aussi utilisé en distiques dans la poésie de Guillevic. Par exemple, ces vers de Carnac[1] :
Tu n'as pour te couvrir
Que le ciel évasé,
Les nuages sans poids
Que du vent fait changer
Tu rêvais de bien plus,
Tu rêvais plus précis.
— Eugène Guillevic, Carnac
Le rythme de l'hexasyllabe est semblable à celui de l'hémistiche d'alexandrin[6].